Advent IV
December 21, 2025
Isaiah 7:10-16Romans 1:1-7Matthew 1:18-25
When I was a child, I developed a somewhat all-consuming passion for stick insects… I had several species in terrariums in my room until the day I learned (thanks to my sister’s screams) that some of them had escaped, causing a domestic commotion! Stick insects have several surprising characteristics: one of them is that they resemble branches, rocks, or leaves to protect themselves from predators. Since they also move gently and silently and can remain motionless for hours, they are very difficult to find in their natural habitat. Their scientific name comes from the Greek, meaning “vision,” “sign,” or “ghost,” because to our eyes, they have this ability to appear and disappear to protect themselves. Many species of stick insects also have the remarkable ability to reproduce without a male partner, through a process called parthenogenesis. This mode of reproduction amazes us because for us humans (I won’t spell it out for you!), that’s not how things are done… Well, in general, anyway.
The circumstances surrounding the birth of Jesus, his “genesis” in Greek, when he was born of a virgin (“parthenos”) and the Holy Spirit, are truly supernatural. The birth of Jesus contravenes nature as we know it, not only from a purely biological point of view, but also from a moral point of view. In general, in ancient times, the story of a hero’s birth was told to show his respectability and power. In his Life of Alexander, the moralist Plutarch reports that Alexander the Great’s mother, Olympias, dreamed before consummating her marriage that a thunderbolt fell on her womb and a great fire spread out in all directions. Alexander’s father, Philip II of Macedon, is said to have dreamed that he placed a seal on his wife’s belly, and that this seal bore the image of a lion. These dreams foreshadowed the military and political greatness of Alexander the Great, the great conqueror of ancient times.
We see none of this in today’s Gospel. The circumstances surrounding Jesus’ birth are even truly embarrassing: so scandalous and so easily open to criticism that historians see them as proof of their veracity. What nascent religious movement, in need of respectability, would invent a story bordering on adultery to describe the circumstances of its leader’s birth? The circumstances surrounding the birth of Jesus are scandalous but also costly for Mary and Joseph. The couple is destroyed before they are even married. Joseph believes that Mary has cheated on him and, as a prudent and upright man, he seeks a way out through a discreet dismissal that would cause as little harm as possible. Any explanation Mary could give Joseph for her pregnancy would sound like the excuses of a guilty person. This whole scene is a direct reference to the fall of Adam and Eve. The fruit that Eve/Mary receives is about to sow discord. But this time, the angel invites Joseph-Adam to receive it, in spite of society’s prejudices and prohibitions. The Angel tells him that God wants to live among them to restore his people.
Joseph’s attitude is remarkable and deserves our careful meditation. Only the Gospel of Matthew, which we are reading this year, tells us about it. Through his dream, through his eyes, and through his actions, we see in this Gospel his response to the scandal of God’s birth. Yet he says nothing. None of his words are recorded in Scripture. As the adoptive father of the Word incarnate, he is silent. He is silent, but he acts with courage and righteousness. He listens. He makes decisions. He protects. He recognizes the God Child as his own. And later, he leads his family into exile to protect them from the cruel Herod. If Mary, the virgin mother, resembles a stick insect when she gives birth, Joseph resembles those insects because, like them, he shows us a way of being present without putting himself at the center of the story. He is there and acts quietly. He is crucial without being central. He is there without being heard; but he listens and serves the word of God and acts as his servant in this world, at the moment when they are all most vulnerable.
On this last Sunday of Advent, Joseph shows us how to welcome Christ into our lives, our families, and our society. He is a father who protects without possessing. He protects the weak without suffocating them and remains attentive to God’s will. God comes into the world by entrusting himself to us, he blends into our world like a stick insect into its environment and teaches us to do the same so that, through our consecration to his true love, we may escape all predatory violence. This way of being an agent of God in our daily lives is nothing like the political and ideological struggles of this world. By coming into the world, God shows us that, in order to receive him, we must turn away from the moralistic attitudes and reactions that arise naturally when we face difficulties in our families and societies. It is by embracing listening and compassion that, like St. Joseph, we can embrace a God who wants us to be his fathers in this world. In fact, what we see in this scandalous birth of Christ is already the Good News at work. The Good News transforms the lives of his parents, and our lives too, even before his birth.
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Avent IV
21 décembre 2025– Isaïe 7:10-16 ; Romains 1:1-7 ; Matthieu 1:18-25
Lorsque j’étais enfant, j’ai été pris d’une passion un peu invasive pour les phasmes… J’en avais plusieurs espèces, dans des terrariums dans ma chambre jusqu’au jour où j’ai appris, à cause des cris de ma sœur, que certains s’étaient échappés, créant une scène de ménage ! Les phasmes ont plusieurs caractéristiques surprenantes : l’une d’entre elles étant de ressembler à des branches, des rochers ou des feuilles pour se protéger des prédateurs. Comme ils se déplacent aussi de manière douce et silencieuse et peuvent rester des heures sans bouger, ils sont très difficiles à trouver dans leur habitat naturel. Leur nom scientifique d’ailleurs vient du grec, qui signifie « vision », « signe » ou « fantôme », car ils ont cette capacité, à nos yeux, à apparaître et disparaître pour pouvoir se protéger. De nombreuses espèces de phasmes ont aussi la capacité remarquable de se reproduire sans partenaire mâle, par un processus appelé parthénogenèse. Ce mode de reproduction nous étonne car pour nous, humains (je ne vous ferai pas un dessin !), ce n’est pas comme cela que les choses se font… Enfin, en général.
Les circonstances de la naissance de Jésus, sa « genèse » en grec, lorsqu’il est enfanté d’une vierge (« parthenos ») et du Saint-Esprit, sont vraiment surnaturelles. La naissance de Jésus contrevient à la nature telle que nous la connaissons, d’un point de vue purement biologique, mais aussi d’un point de vue moral. En général, dans l’Antiquité, on raconte le récit de la naissance d’un héros pour montrer sa respectabilité et sa puissance. Dans sa Vie d’Alexandre, le moraliste Plutarque rapporte que la mère d’Alexandre le Grand, Olympias, rêva avant la consommation de son mariage qu’un coup de tonnerre tombait sur son ventre et qu’un grand feu qui s’étendit de tous côtés s’en échappait. Le père d’Alexandre, Philippe II de Macédoine aurait, quant à lui, rêvé qu’il mettait un sceau sur le ventre de sa femme, et que ce sceau portait la figure d’un lion. Autant de rêves qui annonçaient la grandeur militaire et politique d’Alexandre le Grand, le grand conquérant de l’Antiquité.
On ne voit rien de tout cela dans notre évangile d’aujourd’hui. Les circonstances de la naissance de Jésus sont même vraiment embarrassantes. Tellement scandaleuses et prêtant si facilement le flanc aux critiques que les historiens y voient une preuve de leur véracité. Quel mouvement religieux naissant, en mal de respectabilité, inventerait une histoire à la limite du cocufiage pour parler des circonstances de la naissance de son leader ? Les circonstances qui entourent la naissance de Jésus sont scandaleuses mais aussi coûteuses pour Marie et Joseph. Le couple est détruit avant même d’être marié. Joseph croit que Marie l’a trompé et, en homme prudent et droit, cherche une porte de sortie via un renvoi discret qui pourrait causer le moins de mal possible. Toute explication que Marie pourrait donner à Joseph quant au fait qu’elle est enceinte semblerait les excuses d’une coupable. Toute cette saynète renvoie texto à la chute d’Adam et Ève. Le fruit qu’Ève/Marie reçoit est sur le point de semer la discorde. Mais cette fois, l’ange invite Joseph-Adam à le recevoir malgré les préjugés et les interdits de la société. Dieu, lui dit l’ange, veut vivre parmi eux pour restaurer son peuple.
L’attitude de Joseph est remarquable et mérite que nous la méditions. Seul l’évangile de Matthieu, que nous lisons cette année, nous la rapporte. À travers son rêve, ses yeux et ses actions, nous voyons dans cet évangile sa réponse au scandale de la naissance de Dieu. Pourtant, il ne dit rien. Aucune de ses paroles n’est rapportée dans les Écritures. Père adoptif de la Parole incarnée, il est silencieux. Il est silencieux mais il agit avec courage et droiture. Il est à l’écoute. Il prend des décisions. Il protège. Il reconnaît l’Enfant-Dieu comme le sien. Et plus tard, il conduit sa famille en exil pour la protéger du cruel Hérode. Si Marie, vierge-mère, ressemble au phasme quand elle enfante, Joseph lui leur ressemble car, comme eux, il nous montre une façon d’être présent sans se mettre au centre. Il est là et agit sans bruit. Il est crucial sans être central. Il est là sans qu’on l’entende, mais à l’écoute et au service de la parole de Dieu et de sa servante dans ce monde, au moment où ils sont les plus vulnérables.
En ce dernier dimanche de l’Avent, Joseph nous montre comment recevoir le Christ dans nos vies, dans nos familles, dans notre société. C’est un père qui protège sans posséder. Il garde ce qui est faible sans l’étouffer et reste à l’écoute de la volonté de Dieu. Dieu vient dans le monde en se confiant à nous, il se fond en nous comme un phasme dans son environnement et nous apprend aussi à faire de même pour que, par notre consécration à son amour véritable, nous échappions à toute violence prédatrice. Cette manière d’être agent de Dieu au quotidien ne ressemble en rien aux luttes politiques et idéologiques de ce monde. En venant au monde, Dieu nous montre que, pour le recevoir, nous devons nous détourner d’attitudes et de réponses moralistes qui surgissent naturellement nous face aux difficultés que nous rencontrons dans nos familles et nos sociétés. C’est en embrassant l’écoute et la compassion que, comme saint Joseph, nous pourrons embrasser un Dieu qui veut que nous soyons ses pères dans ce monde. En fait, ce que nous voyons dans cette naissance scandaleuse du Christ, c’est déjà la Bonne Nouvelle à l’œuvre. La bonne nouvelle transforme la vie de ses parents, et les nôtres, avant même sa naissance.
JFAB+

