13 octobre, 2024
Job 23:1-9, 16-17 Hébreux 4:12-16 Marc 10:17-31
L’une des paroles les plus dures et les plus mémorables de Jésus parle franchement et sans ambiguïté de l’argent. Sa déclaration a mis mal à l’aise plus d’un pape fortuné, sans parler des ministres appelés à servir des congrégations riches ou à l’aise. Même les disciples qui ont tout quitté pour suivre Jésus sont choqués. Ils vivaient dans une société qui associait la richesse et l’aisance à la plus grande des bénédictions de Dieu sur les justes. Si ceux qui sont ainsi bénis par Dieu vont avoir du mal à entrer dans le royaume de Dieu, que pouvons-nous espérer, nous autres ? L’insistance de Jésus sur le fait que les riches auront du mal à entrer dans le Royaume de Dieu a provoqué de tous temps une telle consternation chez les chrétiens qu’ils ont essayé de l’atténuer ou de l’expliquer.
Se pourrait-il que lorsque Jésus dit « riche », il ne fasse pas référence à l’argent en tant que tel ? Peut-être que le terme « riche » fait référence à ceux qui sont bénis par toutes sortes de richesses terrestres – comme le pouvoir, l’influence, l’éducation ou la beauté. Ce n’est pas ce que nous avons qui compte : c’est une bonne chose d’être riche d’une de ces choses, tant que nous ne les laissons pas nous contrôler. Et de toute façon, disent ces prédicateurs, si les riches donnaient tout leur argent aux pauvres, les pauvres deviendraient des riches : la déclaration de Jésus n’a donc aucun sens si nous la prenons au pied de la lettre.
D’autres nous disent que la dureté apparente de la parole de Jésus vient du fait que nous avons mal compris la signification du « chas d’une aiguille ». Le chas de l’aiguille était aussi le nom d’une porte dans les remparts de Jérusalem. C’était la porte la plus étroite de la vieille ville, à peine plus large que la croupe d’un chameau. Si un chameau était gros ou chargé de bagages, il était impossible de le faire passer par cette porte. Jésus dit en fait que si vous êtes riche, ce sera peut-être un peu difficile, mais vous pouvez quand même y arriver.
Je trouve ces tentatives d’atténuer la déclaration de Jésus insatisfaisantes. Jésus savait ce que le mot « riche » signifiait. S’il avait voulu dire « riche en beauté » ou « riche en pouvoir », il l’aurait fait. Il connaissait également la différence entre un chameau et ses bagages, et il aurait facilement pu dire : « Il est plus difficile pour un chameau chargé de passer par le chas d’une aiguille ». Le choix de Jésus d’utiliser un chameau pour faire valoir son point de vue est tout à fait à propos, bien meilleur qu’un humble âne. Les chameaux étaient associés à la richesse. Ce sont des créatures autosuffisantes qui peuvent compter sur l’eau stockée dans leur bosse pendant des semaines dans le désert. Ils n’ont pas besoin de vivre constamment à la recherche d’eau. Ils sont également assez têtus et peuvent être de mauvaise humeur ; autant d’attributs de personnes qui accordent plus d’importance à leur richesse qu’à leur relation avec Dieu ou avec leurs prochains.
Le récit de Marc comporte un détail curieux. Remarquez que nous ne savons pas que l’homme possède beaucoup de biens avant qu’il ne s’éloigne de Jésus « tout triste ». C’est pourquoi son rejet de l’offre de Jésus de le suivre est surprenant. Après tout, depuis son enfance, l’homme a respecté tous les commandements et Jésus le regarde avec amour. Jésus a dû être aussi déçu que nous lorsqu’il a vu que les biens étaient la seule chose qui empêchait cet homme d’accéder à la plénitude de la vie. Lorsqu’il parle du chameau et du chas de l’aiguille, il s’adresse clairement à notre attitude vis-à-vis de notre argent et de nos biens. Il nous dit que les choses que nous possédons et l’argent que nous amassons ne sont pas des commodités purement utilitaires. Ils sont chargés d’une signification symbolique et spirituelle. Notre argent et nos biens sont la mesure la plus précise de la valeur que nous accordons à quelque chose. L’argent est l’indice du désir.
Notre économie moderne ne l’illustre que trop bien. En voici deux exemples. Le prix des vêtements que nous portons n’est souvent pas déterminé par le coût des matériaux qui les composent, ni par le temps passé à les fabriquer : il est déterminé par la valeur que nous accordons à l’étiquette qui y est collée. La valeur d’un objet n’a rien à voir avec les coûts de production. Nous échangeons des symboles, pas des produits. Nous échangeons des images, pas des objets. Deuxièmement, nous sommes de plus en plus conscients que l’énergie que nous consommons et les ressources que nous exploitons à la recherche de technologies modernes ont un prix élevé pour l’environnement. Nous commençons à voir quel changement profond de valeurs nous devons entreprendre pour nous adapter au changement climatique – et pour vivre radicalement dans le respect de la nature. Nous devons penser en termes de service aux générations futures plutôt qu’en termes d’exploitation des ressources de la planète pour satisfaire nos désirs immédiats.
Où cela nous mène-t-il ? Que sommes-nous prêts à abandonner pour le Royaume ? La phrase de Jésus souligne que les indicateurs les plus sûrs de nos systèmes de valeurs sont nos relevés de carte de crédit et nos reçus. C’est à cette époque de l’année que le Consistoire commence à élaborer son budget pour l’année prochaine. Quels sont les ministères auxquels nous attachons de l’importance ici à Saint-Esprit ? Comment notre budget reflète-t-il les valeurs du Royaume de Dieu ? Qui notre budget « aime-t-il » le plus ? En fin de compte, ce n’est pas ce que nous avons qui nous empêche d’entrer dans le Royaume de Dieu. C’est ce que nous voulons. Jésus savait que l’adoration de l’argent pour lui-même est une idolâtrie. C’est un dieu vide qui ne peut sauver personne. Par rapport à l’état de la majorité de l’humanité, tout le monde ici est riche. Si nous, les chameaux, voulons vraiment entrer dans le Royaume de Dieu, nous devons demander à Jésus de nous aider à nous dépouiller de tout ce qui nous empêchera de passer par cette porte étroite. Nous devons apprendre à laisser nos bagages à l’extérieur des murs de la ville.
NJM
PENTECOST XXI
October 13, 2024
Job 23:1-9, 16-17 Hebrews 4:12-16 Mark 10:17-31
One of the harshest and most memorable sayings of Jesus’ speaks frankly and unambiguously about money. His declaration has discomforted many a wealthy Pope – not to mention ministers who are called to serve wealthy or comfortable congregations. Even the disciples who have left everything to follow Jesus are shocked. They lived in a society that associated wealth and ease with the greatest of God’s blessings on the righteous. If those blessed in this way by God are going to find it difficult to enter God’s kingdom, then what hope have the rest of us? Jesus’ insistence that the rich will find it almost impossible to enter the Kingdom of God has caused so much consternation to Christians of all ages that they have tried to tone it down or explain it away. Could it be that when Jesus says “rich” he is not referring to money as such? Perhaps “rich” refers to those who are blessed with any sort of earthly riches – such as power, influence, education or good looks. It’s not what we have that matters: it’s a good thing to be rich in any of these things, so long as we don’t let them control us. And anyway (these preachers say), if the rich gave all their money to the poor, the poor would become the rich – so Jesus’ statement doesn’t make any sense if we take it literally.
Others tell us that the apparent harshness of Jesus’ saying derives from the fact that we have misunderstood the meaning of “the eye of a needle”. The eye of a needle was also the name of a gate in the Jerusalem wall. It was the narrowest gate into the old city – barely the width of a camel’s haunches. If the camel were fat, or laden with baggage, it would be impossible to lead it through the gate. Jesus is actually saying is that if you are rich, it might be a squeeze, but you can still do it. I find these attempts to tone down Jesus’ statement unsatisfactory. Jesus knew what the word “rich” meant. If he wanted to say “rich in good looks,” or “rich in power,” he would have done so. He also knew the difference between a camel and its baggage, and he could easily have said, “It is more difficult for a laden camel to pass through the eye of a needle” instead. Jesus’ choice of a camel to make his point is perfect – much better than a humble donkey. Camels were associated with wealth. They are self-sufficient creatures that can rely on the water stored in their humps for weeks in the desert. They don’t need to live from drink to drink. They are also quite stubborn and can be bad-tempered; all attributes of people who value their wealth over their relationship with God or their neighbors.
There is a curious detail in Mark’s story. Notice that we don’t know that the man has a lot of possessions until he walks away from Jesus ‘grieving’. This is why his rejection of Jesus’ offer to follow him comes as a surprise. After all, since he was a child, the man has kept all the commandments and Jesus looks at him with love. Jesus must have been as disappointed as us when he saw that possessions were the one thing that was keeping the man from the fulness of life. When he talks about the camel and the eye of the needle, he is clearly addressing our attitude towards our money and our possessions. He is telling us that the things we own and the money we hoard are not purely utilitarian conveniences. They are charged with symbolic and spiritual significance. Our money and our possessions are the most accurate measure of how much we value something. Money is the index of desire.
Our modern economy illustrates this only too well. Here are two examples of this. The clothes we wear are often priced not by the costliness of the materials of which they’re made, nor by the amount of time that has been spent making them: they are priced according to how much we value the label that is stuck on them. An object’s worth has nothing to do with production costs. We trade in symbols, not in products. We trade in images, not items. Secondly, there is an increasing awareness that the energy we consume and the resources we exploit in pursuit of modern technologies come at a great price to the environment. We are beginning to see what a profound change in values we need to adopt to adjust to climate change – to live radically in respect for nature. We must think in terms of service to generations to come rather than the exploitation of the world’s resources to satisfy our immediate desires.
Where does this leave us? What are we willing to give up for the sake of the Kingdom? Jesus’ saying underscores for us that the surest indicators of our value systems are our credit card statements and our receipts. This is the time of year that the Vestry begins to put together its budget for next year. What ministries do we value here at St. Esprit? How does our budget reflect the values of the Kingdom of God? Who does our budget ‘love’ the most? In the end, it is not what we have that makes it difficult for us to get into the Kingdom of God. It is what we want. Jesus knew that the worship of money for its own sake is idolatry. It is an empty god and can save no one. In comparison to the state of the majority of humanity, everyone here is rich. If us camels truly wish to enter the Kingdom of God, we must ask Jesus to help us to divest us of everything that will hinder our passage through that narrow gate. We must learn to leave our baggage outside the city walls.
NJM