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Pentecost XII
August 31, 2025
Jeremiah 2:4-13   Hebrews 13:1-16   Luke 14:1, 7-14

Most encounters with angels and the voices delivering their messages are a little more obvious than those recommended to us in the reading from the book of Hebrews.

“Do not neglect to show hospitality to strangers, for by doing that, some have entertained angels without knowing it.”

Perhaps the author was thinking about Abraham and the visit of the three angels under the oak of Mamre. Or perhaps about a commentary on the book of Job: After Job’s fortunes were restored, he lived in a tent that opened on all four sides, to welcome angels or visitors from all corners of the earth. Those stories of anonymous angels are the exception. Normally the occasion of an angelic appearance is initiated by the angel declaring to the startled recipient of the visit, ‘Fear not!’ 

It is true, however that sometimes people mistake angels for human beings – both in the Bible and in Christian history. The English author, GK Chesterton wrote an excellent biography of St. Francis of Assisi. His account of Francis’ meeting with a leper is one of the most moving passages in the book. Francis was riding listlessly along a dusty track outside Assisi when he saw a figure coming towards him. He reined in his horse, because he saw that the figure was a leper. His courage was intensely put to the test. Not in a military way: he never cowered in battle confronting the spears of Perugia just before he was captured and taken away as a prisoner of war. His courage was challenged in the same way that someone who knew the secrets of your heart would challenge you. His fear came from within, not without; even though the figure was standing before him, “white and horrible in the sunlight. Then he sprang from his horse and rushed on the leper and threw his arms around him. It was the beginning of a long vocation of ministry among many lepers. To this man he gave what money he could, mounted his horse and rode on. We do not know how far he rode, but it is said that when he looked back, he could see no figure on the road.” Not only did Francis believe he had welcomed an angel – or even Christ – in the form of a leper. He believed that this encounter was transformative in his ministry to the poor and the outcast. And though it began with his fear, it ended with a lifetime of love poured out for people such as this leper.  

Stories about kindness never fail to touch us and reassure us, because we have all been strangers in an unfamiliar place at one time or another. We probably didn’t think of ourselves as angels, though others may have thought so. Francis’ extraordinary act is a more spectacular example of simple kindnesses we are called on to offer every day. A smile is a purely free gift. It isn’t difficult to give directions to a tourist trying to figure out which way is east and which way west in New York City. In such cases, our kindness is instinctive, and we certainly don’t stop to consider whether the people we are helping might be angels in disguise. But Francis’ story is much more complicated than that. It touches at the heart of what it means to enter more deeply into a live of Christian service.

The dusty track on the outskirts of Assisi where Francis met the mysterious leper reminds us of the dusty tracks on the outskirts of another city, Jerusalem. The author of Hebrews reminds us that Jesus’ crucifixion took place outside the city walls. At that time this borderland was haunted not only by “outlaws” but also by lepers and strangers; outcasts in fact. Those people marginalized by the fear felt by respectable and healthy city-dwellers. The fact that Christ was crucified there, and not in Jerusalem itself, means that he too had been marginalized and rejected because of actions and teachings that his enemies found unacceptable, strange and disturbing. Christ didn’t just suffer the physical pain of the crucifixion. He also suffered in that place that GK Chesterton recognized in Francis: in the secret places of his heart. Like lepers, outcasts and strangers, he too had been marginalized. This means that the kindness we show to strangers and to all those whom we don’t know, is truly also the kindness we show to Christ. “Therefore Jesus also suffered outside the city gate to purify others through his blood.” But the author of Hebrews doesn’t stop there. He follows up in the next verse: “Let us then go to him outside the camp, and bear the abuse he endured.” (Hebrews 13:12-13). We too become one with the outcast. An authentically Christian vocation is, by definition, a vocation to become a stranger and to identify with the strangeness of others. Without the ability to identify deeply with the stranger and see our own face in theirs, such loving empathy is impossible.

What we do for the stranger, we also do for Christ. As Christians, the solidarity we feel toward the marginalized and the stranger is the only citizenship we can claim. This is a good thing because it draws our focus away from our self-centered worlds It is all too easy to turn individual needs into a strong and respectable  city that fear prevents us from leaving. In his moving portrait of the fate of the stranger, the author of t

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Pentecôte XII        31 août 2025            Jérémie 2:4-13   Hébreux 13:1-16   Luc 14:1, 7-14

La plupart de nos rencontres avec des anges, ou les voix qui transmettent leurs messages, sont plus évidentes que celles auxquelles nous sommes invités dans notre lecture de la Lettre aux Hébreux :

« N’oubliez pas d’accueillir des étrangers, car certains, grâce à cela, ont accueilli des anges sans le savoir. » (13:2)

L’auteur pensait peut-être à Abraham, et à la visite des trois anges sous le chêne de Mambré. Ou bien à ce commentaire sur le livre de Job : après que les biens de Job lui ait été rendus, il a vécu sous une tente ouverte sur les quatre côtés, pour pouvoir accueillir des anges ou des visiteurs venus des quatre coins du monde. Ces histoires d’anges anonymes sont l’exception. En général, une apparition angélique commence par l’ange déclarant au destinataire stupéfait : « N’aie pas peur ! »

Il est vrai cependant que les anges sont parfois pris pour des êtres humains – dans la Bible comme dans l’histoire chrétienne. L’auteur anglais G.K. Chesterton a écrit une remarquable biographie de saint François d’Assise. L’un des passages les plus émouvants du livre raconte la rencontre de François avec un lépreux. François avançait sans entrain sur un chemin poussiéreux non loin d’Assise, lorsqu’il aperçut une silhouette venant vers lui. Il arrêta son cheval : c’était un lépreux. Son courage fut mis à rude épreuve – non dans un sens militaire : il n’avait jamais reculé devant les lances de Pérouse avant d’être capturé et fait prisonnier de guerre. Son courage fut mis à l’épreuve comme lorsque quelqu’un qui connaît les secrets de ton cœur te met à l’épreuve. Sa peur venait de l’intérieur, non de l’extérieur ; même si l’homme se tenait là, « blanc et terrible dans la lumière du soleil ». Alors François sauta de cheval, se précipita vers le lépreux et le serra dans ses bras. Ce fut le début d’une longue vocation de service auprès des lépreux. Il lui l’argent qu’il avait, remonta à cheval et reprit sa route. On ne sait pas combien de temps il chevaucha encore, mais on raconte que lorsqu’il se retourna, il ne vit plus personne sur le chemin. François ne crut pas seulement avoir accueilli un ange – ou même le Christ – sous l’apparence d’un lépreux. Il crut que cette rencontre transformerait sa vocation auprès des pauvres et des exclus. Et bien qu’elle ait commencé dans la peur, elle s’est poursuivie dans une vie toute entière consacrée avec amour à des personnes comme ce lépreux.

Les histoires de bonté et de gentillesse nous touchent toujours, car elles nous rassurent. Nous avons tous été, un jour ou l’autre, des étrangers dans un lieu inconnu. Nous ne nous sommes probablement pas vus comme des anges, même si d’autres l’ont peut-être pensé. Le geste extraordinaire de François est l’exemple spectaculaire de tous ces petits gestes de bonté que nous sommes appelés à poser chaque jour. Un sourire est un don gratuit. Il n’est pas difficile d’indiquer son chemin à un touriste à New York, même s’il confond toujours l’est et l’ouest. Dans ces cas-là, notre gentillesse est instinctive, et nous ne prenons certainement pas le temps de nous demander si la personne que nous aidons est un ange déguisé. Mais l’histoire de François est plus complexe. Elle touche au cœur même de ce que signifie entrer plus profondément dans une vie de service chrétien.

Le chemin poussiéreux aux abords d’Assise, où François rencontra ce mystérieux lépreux, rappelle des chemins poussiéreux autour d’une autre ville : Jérusalem. L’auteur de la Lettre aux Hébreux nous rappelle que la crucifixion de Jésus eut lieu hors des murs de la ville. À l’époque, ces marges étaient peuplées non seulement de « hors-la-loi », mais aussi de lépreux, d’étrangers – des exclus, en somme. Ces personnes étaient marginalisées car les habitants en bonne santé et respectables de la ville en avaient peur. Le fait que le Christ ait été crucifié là, et non à Jérusalem même, signifie qu’il a lui aussi été marginalisé et rejeté à cause de ses actions et enseignements jugés inacceptables, étranges ou perturbants. Le Christ n’a pas seulement souffert dans son corps lors de la crucifixion. Il a souffert, comme Chesterton l’a perçu chez François, dans les lieux secrets de son cœur. Comme les lépreux, les étrangers, les exclus, il a été mis à l’écart. Cela signifie que la bonté que nous témoignons aux étrangers – à tous ceux que nous ne connaissons pas – est aussi une bonté que nous témoignons au Christ.
« C’est pourquoi Jésus aussi a souffert en dehors de la porte de la ville, pour purifier le peuple par son propre sang. » (Hébreux 13.12) Mais l’auteur de la Lettre aux Hébreux ne s’arrête pas là. Il enchaîne au verset suivant : « Allons donc à lui hors du camp, et acceptons de porter le même mépris que lui. » (Hébreux 13.13) Nous aussi, nous devenons solidaires de l’exclu. Une vocation authentiquement chrétienne est, par définition, une vocation à devenir étranger et à s’identifier à l’étrangeté des autres. Sans cette capacité de se reconnaître profondément dans le visage de l’autre, une véritable empathie aimante est impossible.

Ce que nous faisons pour l’étranger, nous le faisons aussi pour le Christ. En tant que chrétiens, la solidarité que nous ressentons envers les marginalisés et les étrangers est la seule citoyenneté que nous puissions revendiquer. Et c’est une bonne chose, car cela nous détourne de nos mondes trop centrés sur nous-mêmes. Il est si facile de transformer nos besoins personnels en une ville forte et respectable, que la peur nous empêche ensuite de quitter. Dans un portrait saisissant de ce qu’est le sort de l’étranger, l’auteur de la lettre aux Hébreux conclut sur ces mots mémorables : « En effet, nous n’avons pas ici de cité permanente ; nous cherchons celle qui est à venir. » (Hébreux 13.14)