sermons

Dimanche de la Passion / Rameaux  13 avril 2025     

La semaine dans laquelle nous entrons est pour nous tous une invitation à pénétrer au cœur des mystères de notre foi et de notre espérance, réels dans la mort et la résurrection de Jésus. Le sermon d’aujourd’hui sera volontairement bref. Car, comme le rappellent les Proverbes et l’épître de Jacques, ce qui nous unit à Dieu, c’est d’être « lents à parler » mais « prompts à écouter ». Cette écoute, tout au long de la semaine, ne se fera pas seulement par les sons qui frappent nos oreilles, mais avec tous nos sens, nos émotions, notre imagination, notre mémoire, notre intelligence.

Chaque liturgie de cette semaine, ainsi que les préparations pascales, seront des étapes sur le chemin. Jeudi, nous partagerons le dernier repas avec Jésus, puis nous l’accompagnerons au jardin, où il nous invitera à veiller avec lui, ici, en ce lieu. Vendredi, nous nous tiendrons au pied de sa croix, devant cet autel nu, vidé de toute gloire. Samedi, le feu de sa résurrection consumera la mort, et la lumière du cierge pascal pénétrera à nouveau dans notre église.

Dès aujourd’hui, par la procession des Rameaux et la lecture dramatique de la Passion, la liturgie de l’Église veut nous faire comprendre que les récits que nous entendons ne sont pas de simples histoires ou des informations parmi d’autres, étrangères à nous. Ce n’est pas un « contenu religieux ». C’est une personne. C’est Dieu lui-même qui vit cela, la chair de sa chair, son Fils, la Parole incarnée. Sa vie tout entière nous réconcilie avec Dieu et avec nos frères et sœurs, si nous y communions. À travers Jésus-Christ, par sa vie et par celle de l’Église qui est son corps, il nous est gratuitement donné une vie nouvelle, dès maintenant, pour peu que nous acceptions de nous reconnaître comme les protagonistes de son histoire.

Car, comme l’ont incarné les acteurs aujourd’hui, et comme nous le voyons dans notre monde, la Passion n’est pas finie. La passion n’est pas passée. À travers ce que Jésus a souffert, nous voyons combien il est plus présent, plus contemporain, plus à l’écoute de nous et de nos frères, que nous-mêmes ne le sommes souvent. Jésus, cet étranger en Judée, nous a montré tout au long de son chemin jusqu’à Jérusalem ce qu’est la vraie paix, la réconciliation, la justice. Et pourtant, il est dénoncé par un ami proche, emprisonné, battu par les forces de l’ordre, conduit de juge en juge. Accusé de sédition, de menace à l’ordre public. Ses amis hésitent à le suivre. La foule réclame sa mort. Lui, l’innocent, celui dont la vie nous rend justes, est livré à la justice et mis à mort comme un coupable.

Les moindres détails de la Passion du Christ ne sont pas seulement un commentaire lucide et sans animosité de nos vies, publiques et privées — de nos peurs, de nos manipulations, de nos corruptions. Ils nous conduisent aussi vers leur achèvement, leur liquidation, leur mise à mort. Dans la Passion de Jésus, nous ne voyons pas seulement Dieu mourir. Nous voyons mourir ce qui nous mène à notre propre mort. Sur son corps, nous contemplons les péchés qui nous enchaînent encore — et en lui, celui qui nous en libère.

À mesure que nous méditons ensemble cette semaine les événements de la Passion, prions pour que nous puissions communier à son sacrifice, qui nous forme à porter, nous aussi, les croix d’aujourd’hui. Prions pour qu’au cœur de ce monde divisé par la mort, où les puissants sont injustes et sans clémence, où l’on s’abrutit de tant de violence, nous puissions nous attacher de tout notre être — et par tout ce qui nous entoure — au Prince de la Vie et Roi d’Amour pour partager sa passion pour tous.

Passion / Palm Sunday   April, 13th 2025     

The week we are about to enter is an invitation for all of us to penetrate the heart of the mysteries of our faith and our hope; revealed in the death and resurrection of Jesus. Today’s sermon will be deliberately brief. For, as the Proverbs and the Epistle of James remind us, what unites us to God is that we are slow to speak but quick to listen. Throughout the week, this listening will not only be through the sounds that strike our ears, but through all our senses; our emotions, our imagination, our memory, our intelligence.

As well as the preparations for Easter, each liturgy this week will be a stage on the journey. On Thursday we will share Jesus’ last meal, then we will accompany him to the garden, where we will be invited to keep watch with him: here, in this corner. On Friday, we will stand at the foot of his cross, in front of  this bare altar, emptied of all glory. On Saturday, the Easter fire will consume death, and the light of the Easter candle will once again penetrate our church.

From today, through the Palm Sunday procession and the dramatic reading of the Passion; the liturgy of the Church invites us to understand that the stories we are hearing are not just stories or pieces of information among others, that are outside of us. They are not told for their ‘religious’ content. They are about a person. It is God himself who sends us his own flesh, his Son, the Word made flesh. His entire life reconciles us with God and with our sisters and brothers, if we commune with it. Through Jesus Christ, through his life and the life of the Church which is his body, a new life is freely given to us right now, as long as we agree to recognize ourselves as the protagonists of his story.

Because – as the actors have embodied today, and as we see in our world – the Passion is not over, it is not past/passed. Through Jesus’ suffering, we see how much more present he is, more contemporary, more attentive to us and to our brothers and sisters than we ourselves often are. Jesus, the stranger in Judea, showed us what true peace, reconciliation and justice are throughout his journey to Jerusalem. And yet he was denounced by a close friend, imprisoned, beaten by the law enforcement police, dragged from judge to judge. Accused of sedition and threatening public order, his friends hesitate to follow him. The crowd demands his death. He, the innocent one, the one whose life makes us righteous, is handed over to the authorities and put to death as if he were guilty.

The smallest details of the Passion of Christ are not just lucid and angst-free commentaries on our lives, public and private – on our fears, our manipulations and our corruptions. They also lead us towards their completion, their liquidation, their end. In the Passion of Jesus, we do not only see God dying. We see dying that leads us to our own death. On his body, we contemplate the sins that still chain us — and in him, we contemplate the one who frees us.

As we meditate together this week on the events of the Passion, let us pray that we may communicate with his sacrifice, the sacrifice which also enables us to bear our crosses of today. Let us pray that in the heart of this world divided by death, where the powerful are unjust and merciless, where so much violence dulls us, we can attach ourselves with our whole being – and through everything that surrounds us – to the Prince of Life and King of Love, to share his passion for all.