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Le 5e dimanche après la Pentecôte                                                                     le 23 juin 2024

Ma femme est barmaid, et nos lectures d’aujourd’hui m’ont rapelé une anecdote de son travail qu’elle m’avait raconté il y a plusieurs semaines. Je me souviens que ça m’avait fait beaucoup réfléchir. Elle a une collègue barmaid qui a la réputation d’être plutôt assez bête. Elle m’a dit qu’elle s’était rendue compte en devenant amie avec elle et au fur à mesure des conversations qu’elle était en fait très intelligente. Elle avait fini par lui demander pourquoi est-ce qu’elle ne montrait jamais ses dons au travail et sa collègue lui avait répondu quelque chose qui ne me serait jamais venu à l’esprit : « parce que comme ça on ne me demande jamais de faire des choses compliquées. » Mettez ça en contraste avec notre première lecture. Dans notre histoire, David en gros c’est un livreur de Pizza. Il vient apporter du pain et des grains aux armées d’Israël qui font face aux Philistins. En arrivant il se rend compte qu’ils ont tous peur, non pas d’une montagne de Philistins, mais d’un homme, Goliath. Il apprend que la récompense pour celui qui terrassera le géant est énorme. C’est le genre de récompenses qui changent une vie. En même temps, son frère aîné s’énerve en lui demandant ce qu’il fait là, et il le traite même de vaurien qui n’est là que pour regarder et qui a abandonné son troupeau. David répond très humainement « heu… je peux parler ? » Et sans y réfléchir plus que ça, il se porte volontaire pour aller terrasser le géant. Pourtant, même si personne n’avait osé se porter volontaire, personne ne le prend au sérieux. Saül lui dit qu’il est trop jeune, trop petit, en gros qu’il n’est pas du tout capable de gagner ce combat. Pourtant David lui n’a aucun doute, terrasser un géant philistin n’a rien de différent de l’expérience qu’il a accumulée en gardant les moutons de son père. Il sait qu’il va y arriver, et après avoir exposé son CV à Saül avec assurance, celui-ci lui dit qu’il peut aller faire le travail, mais il lui fait porter tout un attirail de guerre qui ne fait que l’empêcher d’avancer. David finit par les jeter à terre et, vêtu de son habit de berger et armé de ses outils habituels, il s’en va terrasser Goliath comme il l’avait prévu, à sa façon, la tête la première en fonçant droit devant, et avec l’aide de Dieu.

Peut-être qu’au premier abord c’est là deux façons un peu extrême de concevoir les tâches. En faire le moins possible, ou se jeter la tête la première et accomplir l’impossible. Dans le cadre chrétien, Paul nous dit que nous collaborons avec Dieu. Dans son éthique de cette collaboration, il nous dit aussi que nous devons veiller « à ne donner aucun motif de scandale à qui que ce soit, afin que l’on ne critique pas notre travail ». C’est un concept intéressant que j’ai entendu une fois mis en parallèle avec le commandement : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. » L’argument nous dirait que « aimer le Seigneur son Dieu de tout son cœur » c’est de ne jamais créer de controverse qui puissent faire que d’autres s’éloignent de Dieu. Malheureusement, on sait tous que beaucoup de dirigeants chrétiens ont « donné des motifs de scandale » et en conséquence certains critiquent le travail de tous les chrétiens sans distinction. Paul nous rappelle que « nos armes offensives et défensives, c’est de faire ce qui est juste aux yeux de Dieu ». En œuvrant en suivant ce modèle dans l’Église, Paul nous dit que « ceux qui sont pauvres enrichissent beaucoup de gens ». Je me demande parfois ce que Paul penserait s’ils voyaient les salaires de certains évêques… Mais je ne veux pas créer de tempête.

En parlant de tempête, je ne sais pas ce que vous pensez de notre courte lecture de l’Évangile mais elle invite à se poser des questions. Des théologiens ont suggéré que ce passage d’abord raconté chez Marc s’adressait à l’Église de Rome, une communauté qui avait subi la persécution de Néron et ou beaucoup de chrétiens avaient perdu leur foi pour se sauver eux-mêmes. Je crois que pour nous aujourd’hui c’est assez facile de nous identifier aux disciples qui ont peur dans la tempête. Nos tempêtes new-yorkaises peuvent être une recherche de logement à New-York, une facture de ConEdison de $400 qui nous fait vous demander comment on va faire les courses ce mois-ci, un décès ou une maladie dans nos familles, une querelle qui semble ne jamais en finir avec nos conjoints. Dans nos tempêtes, on se tourne souvent vers Dieu, on demande des miracles. On voudrait que Jésus crie sur ceux qu’on considère nos ennemis de cœur ou politiques : « Silence ! Tais-toi ! » On voudrait que Jésus nous fasse gagner à la loterie, que nos loyers et nos charges disparaissent. Malheureusement, nos attentes de miracles tout prêts tout cuits nous éblouissent beaucoup.

Dieu collabore avec nous. Dans nos tempêtes, dans nos peurs et dans nos situations insoutenables, il apporte une ou plusieurs éclaircies dans lesquelles il faut se jeter dans la Foi comme David. Une nouvelle rencontre qu’il faudra entretenir, un nouveau travail qui paraît difficile, la découverte d’un médicament qui a des effets secondaires compliqués, ou la découverte d’un sujet qui nous fascine et que l’on veut étudier mais on se dit qu’on a pas le temps. Il nous montre un chemin où c’est impossible de faire semblant d’être bête pour que le travail soit fait pour nous. Peut-être que Jésus après s’être réveillé et avoir calmé la tempête s’est dit : « oh non, maintenant ils vont me demander d’intervenir dès qu’il pleut… j’aurais dû rien faire… » Mais ça ne marche pas comme ça. Dieu nous demande à tous de faire des choses compliquées. La prière et la communion nous aide à être en relation avec Dieu, mais c’est vrai que si je vous disais que pour vous sortir d’une situation compliquée vous n’aviez qu’à prier pour un miracle, je ne ferais que vous vêtir d’une armure qui vous empêcherait d’avancer.

Les disciples qui n’avaient jamais vu personne calmer une tempête avant ont été terrifiés et ils ont dit « qui c’est celui-là ? » Jésus révèle à tous qu’il a le pouvoir dans les circonstances les plus graves et les plus désespérées, qu’il peut sauver ceux qui ont confiance, ceux qui croient en lui. Ça ne veut pas dire qu’aujourd’hui vous n’êtes que des spectateurs comme les disciples. Faites ce qui est juste aux yeux de Dieu en vous attelant à calmer vos tempêtes avec Jésus. Laissez la grâce et la présence de Dieu percer dans les moments dramatiques de vos vies. Vous savez qui est Jésus, laissez-le vous surprendre. Même si ça peut paraître injuste d’être pauvre et d’enrichir beaucoup de gens, levez la tête, n’écoutez pas ceux qui vous insultent ou qui vous considèrent trop petits, déchirez les armures qu’on vous donne et jetez-vous la tête la première dans ces éclaircies pour terrasser votre Goliath.

FS

Pentecost V, Proper 7B
1 Samuel 17:32-49, 2 Corinthians 6:1-13, Mark 4:35-41
June 23, 2024

My wife is a bartender, and our readings today reminded me of a work anecdote she told me several weeks ago. I remember it gave me a lot to think about. She has a colleague who has a reputation for not being very clever. She told me that as she became friends with her and talked to her, she realized that she was actually very intelligent. She ended up asking her why she never showed her talents at work, and her colleague replied something that I would have never thought of doing: “because that way I’m never asked to do complicated tasks.” Contrast that with our first reading. In our story, David is basically a Pizza delivery boy. He comes to bring bread and grain to the armies of Israel facing the Philistines. When he arrives, he realizes that they are all afraid, not of a mountain of Philistines, but of one man, Goliath. He learns that the reward for taking down the giant is enormous. It’s the kind of rewards that can change a life. At the same time, his older brother gets angry, asking him what he’s doing there, and even calling him a rascal who’s only there to watch and has abandoned his sheep. David replies very humanely, “Erm… can I talk?” And without giving it a moment’s thought, he volunteers to take on the giant. Yet, even though no one had dared to volunteer, no one took him seriously. Saul tells him he’s too young, too small, that he’s not capable of winning the fight. But David has no doubts: taking on a Philistine giant is no different from the experience he has gained tending his father’s sheep. He knows he can do it, and after confidently laying out his résumé to Saul, Saul tells him he can go and do the job, but makes him carry all manner of war gear that only hinders his progress. David finally throws them to the ground and, clad in his shepherd’s habit and armed with his usual tools, sets off to strike down Goliath as he had planned, in his own way, headfirst by charging straight ahead, and with God’s help.

Perhaps, at first glance, these are two rather extreme ways of looking at tasks. Do as little as possible, or throw yourself headlong into the impossible. In a Christian context, Paul tells us that we collaborate with God. In his ethics of this collaboration, he also tells us that we must take care “not to put any obstacle in anyone’s way, so that no fault may be found with our ministry”. It’s an interesting concept that I once heard paralleled with the commandment, “you shall love the Lord your God with all your heart.” The argument is that “to love the Lord your God with all your heart” is to never create controversy that might cause others to stray from God. Sadly, we all know from many Christian leaders’ scandals that they have “put obstacles in some others’ way” and as a result some criticize the work of all Christians without distinction. Paul reminds us that “our left hands and right hands are weapons of righteousness”. By working according to this model in the Church, Paul tells us that “we are poor yet making many rich”. I sometimes wonder what Paul would think if they saw the salaries of some bishops… But I don’t want to create a storm.

Speaking of storms, I don’t know what you think of our short Gospel reading, but it brings up some questions. Theologians have suggested that the passage first told in Mark was addressed to the Church of Rome, a community that suffered persecution under Nero and where many Christians lost their faith to save themselves. I think it’s easy enough for us today to identify with the disciples who are afraid in the storm. Our New York storms can be a housing search in New York, a $400 ConEdison bill that makes us wonder how we’re going to afford groceries this month, a death or illness in our families, a seemingly never-ending feud with our spouses. In our storms, we often turn to God and ask for miracles. We’d like Jesus to shout at those we consider our enemies (in heart or in politics): “Silence! Shut up!” We’d like Jesus to make us win the lottery, make our rents and bills disappear. Unfortunately, our expectations of miracles ‘ready-to-eat’ blind us to oblivion.

God works with us. In our storms, in our fears and unbearable situations, he brings one or more sunny spells to dive in with Faith like David. A new encounter that we’ll have to cultivate, a new job that seems difficult, the discovery of a new medicine that has bad side effects, or a topic that fascinates us and that we want to study but we tell ourselves that we just don’t have the time for it. He shows us a path where it’s impossible to pretend to be stupid so that the work gets done for us. Maybe Jesus, after waking up and calming the storm, thought: “Oh no, now they’re going to ask me to intervene as soon as it rains… I shouldn’t have done anything…”. But that’s not how it works. God asks us all to do complicated things. Communion and prayer helps us be in a relationship with God, but if I told you that all you had to do to get out of a complicated situation was to pray for a miracle, I’d just be dressing you up in cumbersome armor that would prevent you from moving forward.

The disciples, who had never seen anyone calm a storm before, were terrified and said, “Who’s that?” Jesus reveals to everyone that he has the power in the most serious and desperate circumstances, that he can save those who trust him, those who believe in him. This doesn’t mean that today you’re just spectators like the disciples. Do what’s right in God’s eyes by collaborating with Jesus to calm your storms. Let God’s grace and presence shine through in the dramatic moments of your lives. You know who Jesus is, let him surprise you. No matter how unfair it may seem to be poor and make a lot of people rich, raise your head, don’t listen to those who insult you or consider you too small, tear off the armor you’ve been given and throw yourself headfirst into those sunny spells to take down your Goliath.