Good Friday 2024
Christians through the ages have tried to express their thoughts and feelings about what happened in Palestine on this day almost two thousand years ago by using paradoxes. A paradox is a seemingly absurd or self-contradictory statement or idea that at first sight is opposed to common sense, but often turns out to be true. We are so used to hearing the paradoxes of Good Friday that we have become used to them. Take the name of the day itself: we call it Good Friday – not Sad Friday, or Death Friday – even though this was the day that Jesus died. Charles Wesley, one of the greatest hymnwriters of all time, often used paradox in his hymns to communicate the mystery of Christ’s death that brings us life. In one of my favorite hymns he says, ‘Tis mystery all! The immortal dies! Who can explain His strange design?’ The paradox is so strange, that Wesley says that even the seraphim and the angels have difficulty understanding it, let alone explaining it.
In the Greek orthodox church, the Liturgy for Good Friday includes the following passage which is full of these paradoxes: ‘A dread and marvelous mystery we see come to pass this day. He whom none may touch is seized; he who frees Adam from the curse is bound. He who tries our hearts and inner thoughts is unjustly brought to trial. He who closed the abyss of hell is shut in prison. He before whom the powers of heaven stand with trembling, stands before Pilate; the Creator himself is struck by the hand of a creature. He who comes to judge the living and the dead is condemned to the cross; the Destroyer of hell is enclosed in a tomb’.
Jesus himself often used paradoxes: The prince of peace comes to bring a sword. Whoever wants to save his life shall lose it, and whoever loses his life shall save it. If anyone wants to be the first, he shall be the last of all. Even the way Jesus lived was paradoxical: he was both completely divine and completely human. He was a religious leader who ate with tax collectors and sinners. Jesus the master washed the feet of his followers. He celebrated a life that was destined for a sacrificial death.
In one of his most famous paradoxes, he told us that unless a grain of wheat falls into the ground and dies, it can’t produce a great harvest. That is what we are here to meditate on today. Christ will be placed in the tomb, so that the whole world can be sown with the seed of Christ’s life. What happened at Christmastime in the womb of Mary is happening now – secretly and mysteriously in the womb of the whole world: which is the sepulcher itself. Because of his death and burial, because he has fallen into the ground and he has died, he is able to bring countless hearts to life, over and over again for all time. We need these paradoxes to understand how Jesus is working in us. We ourselves are paradoxical. We are often strung between life and death, between love and hate, between selfishness and self-giving. Today we remember that Christ can bring these two sides of ourselves together, without contradiction. Whether we know it or not, Christ is secretly working within us to bring this transformation about.
It is often said that the blood of the martyrs is the seed of the church, and it is perhaps in the stories the martyrs that we see most clearly how those paradoxes play out in our lives. Here is one such martyr, speaking for himself. It is Dag Hammarskjold, the second Secretary General of the United Nations. We will hear further stories of those martyrs in a moment.
I don’t know who – or what – put the question, I don’t know when it was put. I don’t even remember answering. But at some moment I did answer Yes to Someone – or Something – and from that hour I was certain that existence is meaningful and that, therefore, my life, in self-surrender, had a goal. From that moment I have known what it means “not to look back,” and “to take no thought for the morrow.”
Led by the Ariadne’s thread of my answer through the labyrinth of life, I came to a time and place where I realized that the Way leads to a triumph which is a catastrophe, and to a catastrophe which is a triumph, that the price for committing one’s life would be reproach, and that the only elevation possible to man lies in the depths of humiliation. After that, the word “courage” lost its meaning, since nothing could be taken from me.
As I continued along the Way, I learned, step by step, word by word, that behind every saying in the gospels, stands one man and one man’s experience. Also, behind the prayer that the cup might pass from him and his promise to drink it.
Vendredi Saint 2024
Les chrétiens de tous les temps ont tenté d’exprimer leurs pensées et leurs sentiments sur ce qui s’est passé en Palestine en ce jour, il y a près de deux mille ans, en utilisant des paradoxes. Un paradoxe est une affirmation ou une idée apparemment absurde ou contradictoire qui, à première vue, va à l’encontre du bon sens, mais qui s’avère souvent vraie. Nous avons tellement l’habitude d’entendre les paradoxes du Vendredi saint que nous nous y sommes habitués. Prenons le nom du jour lui-même : nous l’appelons en anglais Good Friday – et non Sad Friday ou Death Friday – alors que c’est le jour où Jésus est mort. Charles Wesley, l’un des plus grands auteurs d’hymnes de tous les temps, a souvent utilisé les paradoxes dans ses hymnes pour communiquer le mystère de la mort du Christ qui nous apporte la vie. Dans l’un de mes hymnes préférés, il dit : « C’est tout un mystère ! L’immortel meurt ! Qui peut expliquer son étrange dessein ? » Le paradoxe est si étrange que Wesley dit que même les séraphins et les anges ont du mal à le comprendre, sans parler de l’expliquer.
Dans l’Église orthodoxe grecque, la liturgie du Vendredi saint comprend le passage suivant, qui regorge de ces paradoxes : « Nous voyons s’accomplir en ce jour un mystère redoutable et merveilleux. Celui que personne ne peut toucher est saisi ; celui qui libère Adam de la malédiction est lié. Celui qui éprouve nos cœurs et nos pensées intérieures est injustement jugé. Celui qui a fermé l’abîme de l’enfer est enfermé dans une prison. Celui devant qui les puissances du ciel se tiennent en tremblant se tient devant Pilate ; le Créateur lui-même est frappé par la main d’une créature. Celui qui vient juger les vivants et les morts est condamné à la croix ; le destructeur de l’enfer est enfermé dans un tombeau. »
Jésus lui-même utilisait souvent des paradoxes : Le prince de la paix vient apporter une épée. Celui qui veut sauver sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie la sauvera. Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous. Même le mode de vie de Jésus était paradoxal : il était à la fois complètement divin et complètement humain. Il était un chef religieux qui mangeait avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs. Jésus, le maître, a lavé les pieds de ses disciples. Il a célébré une vie qui était destinée à une mort sacrificielle.
Dans l’un de ses paradoxes les plus célèbres, il nous a dit que si un grain de blé ne tombe pas en terre et ne meurt pas, il ne peut pas produire une grande récolte. C’est sur ce point que nous devons méditer aujourd’hui. Le Christ sera mis au tombeau, afin que le monde entier puisse être ensemencé de la semence de la vie du Christ. Ce qui s’est passé à Noël dans le sein de Marie se passe maintenant – secrètement et mystérieusement dans le sein du monde entier : c’est le sépulcre lui-même. Grâce à sa mort et à son enterrement, parce qu’il est tombé en terre et qu’il est mort, il est capable de faire revivre d’innombrables cœurs, encore et puis encore, pour toujours. Nous avons besoin de ces paradoxes pour comprendre comment Jésus agit en nous. Nous sommes nous-mêmes paradoxaux. Nous sommes souvent tiraillés entre la vie et la mort, entre l’amour et la haine, entre l’égoïsme et le don de soi. Aujourd’hui, nous nous souvenons que le Christ peut réunir ces deux aspects de nous-mêmes, sans contradiction. Que nous le sachions ou non, le Christ œuvre secrètement en nous pour réaliser cette transformation.
On dit souvent que le sang des martyrs est la semence de l’Église, et c’est peut-être dans les récits des martyrs que nous voyons le plus clairement comment ces paradoxes se jouent dans nos vies. Voici l’un de ces martyrs, qui parle en son nom propre. Il s’agit de Dag Hammarskjöld, le deuxième secrétaire général des Nations unies. Nous allons entendre d’autres histoires de ces martyrs dans un instant.
Je ne sais pas qui – ou quoi – a posé la question, je ne sais pas quand elle a été posée. Je ne me souviens même pas d’y avoir répondu. Mais à un moment donné, j’ai répondu oui à quelqu’un – ou à quelque chose – et à partir de cette heure, j’ai eu la certitude que l’existence avait un sens et que, par conséquent, ma vie, dans l’abandon de soi, avait un but. À partir de ce moment, j’ai su ce que signifie « ne pas regarder en arrière » et « ne pas penser au lendemain ».
Conduit par le fil d’Ariane de ma réponse à travers le labyrinthe de la vie, je suis arrivé à un moment et à un endroit où j’ai compris que le Chemin mène à un triomphe qui est une catastrophe, et à une catastrophe qui est un triomphe, que le prix à payer pour engager sa vie serait l’opprobre, et que la seule élévation possible pour l’homme se trouve dans les profondeurs de l’humiliation. Après cela, le mot « courage » a perdu son sens, puisque rien ne pouvait m’être enlevé. En poursuivant le Chemin, j’ai appris, pas à pas, mot à mot, que derrière chaque parole des Évangiles, il y a un homme et l’expérience d’un homme. De même, derrière la prière pour que la coupe s’éloigne de lui et sa promesse de la boire.