Christmas Eve
December 24, 2023
Isaiah 9 :2-7 Titus 2 :11-14 Luke 2 :1-20
I will never forget the first Baptisms I ever presided over. The children I baptized would be in their late twenties by now, and hopefully they will have no memory of the occasion! The baptisms took place in Birmingham, England when I was first ordained as a priest. There were five babies that day; all dressed in their best flowing lacy robes, some of them wearing little hats tied with ribbons or clutching onto some treasured fluffy-toy for comfort. I have to admit that I was terrified. The only two pieces of advice my priest gave me were fairly simple. Hold on tight to the babies, and just keep on going, no matter what. I will never forget the sensation of holding on to a screaming one-year old whose complicated baptism outfit had somehow become tangled in my cassock, surplice and stole. I couldn’t seem to be able to find my hands. I remember trying to get him to hold still for long enough for me to extract a hand in order to pour cold water over his head while five anxious families looked on in horror.
I have to say that holding new born babies even in the best of circumstances makes me nervous. When my little brother was first handed to me, my grandmother warned me that I could break his neck if I didn’t hold up his head. That warning has left a long-lasting impression on me. I sometimes think of it when I see statues or paintings of Mary holding Jesus in her arms. There are several depictions of the Virgin and child in the stained-glass windows of Chartres cathedral. Mary seems to have no anxieties at all about holding her new-born baby in these pictures. Here, as in many other depictions of the Virgin dating from the Middle-Ages, she is shown almost thrusting Jesus towards us. Jesus’ arms are outstretched in a gesture which makes us think of a joyous infant ready to embrace the world with love. Or does it? Perhaps it makes us think of those same arms, stretched out on Good Friday on the cross. In many of those images and statues, Mary has an expression on her face which seems to say, “Here he is. Would you like to hold him?”
Of course, many of us do not know whether we would like to hold him or not. It is not easy to take Jesus into our arms if he really is who he later claimed to be. We are taught that Jesus is Emmanuel: God with us. For many people this sounds like a threat rather than good news. Preachers are often anxious to remind us that God is all powerful and therefore to be feared. They tell us that God is angry about many things. They tell us that he looks at us with judgment in his eyes. If this is all there is to the story, we may well have many reasons to feel afraid. But what I want to remind us of is this: it is very difficult to hold onto our dread of God while at the same time holding the baby Emmanuel in our arms. Perhaps we think that such proximity to God would be invasive or even completely overwhelming; that God is somehow dangerous and that we should keep our distance in order to play it safe. It is indeed true that the incarnation is not a safe thing. The incarnation is not safe for God, and it is not safe for us.
In this dangerous and mysterious child, we are going to be able to see what happens when the Kingdom of Heaven meets our own sorry world – the world with which we are all too familiar. We will be able to see what happens when the all-encompassing and unchanging love of God is born into a world full of change, division, strife and decay. And what we see will surprise us. The incarnation tells us that the God that we were too afraid to depict; the very God that instilled fear into Moses – this God now has a human face. More than this, Emmanuel, God with us, has assumed a human mind, a human soul, a human will, a human personality.
No wonder the Greek philosophers thought that the early Christians were fools. The Early Church Fathers spent centuries trying to figure out how someone could be human and divine at the same time; how those two different worlds could come together in the person of Jesus. In some ways, they never really succeeded in coming up with a formula that satisfied all the faithful, and the Creeds we recite in our worship are the best that they could do. But fortunately, the season of Christmas does not require us to understand the Incarnation in order to be able to celebrate it. Christmas urges us to lay aside our fears for a moment. In order to appreciate the Incarnation, the only thing you need to be able to grasp – however dimly – is the nature of love; both human and divine. Christ left the splendor of his heavenly home to make a home in a body like ours, in times that were as troubled and fearful as ours.
As she holds her child with his outstretched arms towards us, the young woman Mary challenges our fears. She simply says to us: “Here is that God you were so afraid of. Would you like to hold him?” As we celebrate Christmas together, perhaps our prayer could be to be more like Mary. Let us ask God to help us do as she did, and carry that Christ in our own hearts, out into a world that so desperately needs his outstretched arms of love.
NJM
Veille de Noël 24 décembre 2023
Je n’oublierai jamais les premiers baptêmes que j’ai célébrés. Les enfants que j’ai baptisés doivent avoir aujourd’hui une vingtaine d’années, et j’espère qu’ils ne se souviennent pas de cet événement ! Ces baptêmes ont eu lieu à Birmingham, en Angleterre, lorsque je venais d’avoir été ordonné. Il y avait cinq bébés ce jour-là, tous vêtus de leurs plus belles robes en dentelle, certains portant de petits chapeaux noués avec des rubans ou s’agrippant à une peluche précieuse pour se réconforter. Je dois admettre que j’étais terrifié. Les deux seuls conseils que mon prêtre m’a donnés étaient assez simples. Tiens fermement les bébés et ne t’arrête pas, quoi qu’il arrive. Je n’oublierai jamais cette sensation, j’étais en train de tenir fermement ce bébé d’un an qui hurlait alors que sa tenue de baptême complexe s’était en quelque sorte entremêlée avec ma soutane, mon surplis et mon étole. Je n’arrivais pas à retrouver mes mains. Je me souviens d’avoir essayé de le faire se tenir tranquille assez longtemps pour que je puisse extraire une de mes mains de ce fouillis afin de lui verser de l’eau froide sur la tête, sous le regard horrifié de cinq familles anxieuses.
Je dois dire que porter un nouveau-né, même dans les meilleures circonstances, me rend nerveux. Lorsque mon petit frère m’a été remis pour la première fois, ma grand-mère m’a prévenue que je risquais de lui briser la nuque si je ne lui soutenais pas la tête. Cet avertissement m’a laissé une impression durable. J’y pense parfois lorsque je vois des statues ou des peintures de Marie tenant Jésus dans ses bras. Il y a plusieurs représentations de la Vierge et de l’enfant dans les vitraux de la cathédrale de Chartres. Sur ces images, Marie semble n’éprouver aucune inquiétude à l’idée de tenir son nouveau-né dans ses bras. Ici, comme dans de nombreuses autres représentations de la Vierge datant du Moyen-Âge, elle est représentée en train de faire un chemin pour Jésus vers nous. Les bras de Jésus sont tendus dans un geste qui nous fait penser à un enfant joyeux prêt à embrasser le monde avec amour. Ou bien est-ce le cas ? Peut-être cela nous fait penser à ces mêmes bras, tendus le Vendredi saint sur la croix. Dans beaucoup de ces images et statues, Marie a une expression sur son visage qui semble dire : « Le voici. Voulez-vous le prendre dans vos bras ? »
Bien sûr, beaucoup d’entre nous ne savent pas si nous aimerions le prendre dans nos bras ou non. Il n’est pas facile de prendre Jésus dans nos bras s’il est vraiment celui qu’il a déclaré être plus tard. On nous enseigne que Jésus est Emmanuel : Dieu avec nous. Pour beaucoup de gens, cela ressemble plus à une menace qu’à une bonne nouvelle. Les prédicateurs sont souvent soucieux de nous rappeler que Dieu est tout puissant et qu’il faut donc le craindre. Ils nous disent que Dieu est en colère contre beaucoup de choses. Ils nous disent qu’il nous regarde avec les yeux du jugement. Si c’est là tout ce qu’il y a à savoir, nous pouvons avoir de nombreuses raisons d’avoir peur. Mais ce que je veux nous rappeler, c’est qu’il est très difficile de conserver notre crainte de Dieu tout en tenant le bébé Emmanuel dans nos bras. Peut-être pensons-nous qu’une telle proximité avec Dieu serait envahissante ou même complètement écrasante ; que Dieu est en quelque sorte dangereux et que nous devrions garder nos distances afin de jouer la carte de la sécurité. Il est vrai que l’incarnation n’est pas une chose sûre. L’incarnation n’est pas sans danger pour Dieu, et elle n’est pas sans danger pour nous.
Dans cet enfant dangereux et mystérieux, nous allons pouvoir voir ce qui se passe quand le Royaume des Cieux rencontre notre monde désolant, celui que nous connaissons trop bien. Nous allons pouvoir voir ce qui se passe lorsque l’amour universel et immuable de Dieu naît dans un monde plein de changements, de divisions, de luttes et de décadence. Et ce que nous verrons nous surprendra. L’incarnation nous dit que le Dieu que nous craignions trop de représenter, le Dieu même qui inspirait la crainte à Moïse, ce Dieu a maintenant un visage humain. Plus encore, Emmanuel, Dieu avec nous, a adopté un esprit humain, une âme humaine, une volonté humaine, une personnalité humaine.
Il n’est pas étonnant que les philosophes grecs aient pris les premiers chrétiens pour des imbéciles. Les premiers Pères de l’Église ont passé des siècles à essayer de comprendre comment quelqu’un pouvait être à la fois humain et divin, comment ces deux mondes différents pouvaient se rejoindre en la personne de Jésus. D’une certaine manière, ils n’ont jamais vraiment réussi à trouver une formule qui satisfasse tous les fidèles, et les credo que nous récitons dans nos cultes sont le mieux qu’ils aient pu faire. Mais heureusement, la période de Noël ne nous oblige pas à comprendre l’Incarnation pour pouvoir la célébrer. Noël nous incite à laisser de côté nos peurs pour un moment. Pour apprécier l’Incarnation, la seule chose qu’il faut être capable de comprendre – même faiblement – c’est la nature de l’amour, à la fois humaine et divine. Le Christ a quitté la splendeur de sa demeure céleste pour s’installer dans un corps comme le nôtre, à une époque aussi troublée et effrayante que la nôtre.
En tenant son enfant, les bras tendus vers nous, la jeune femme Marie défie nos peurs. Elle nous dit simplement : « Voici ce Dieu dont vous aviez si peur. Voulez-vous le prendre dans vos bras ? » Alors que nous célébrons Noël ensemble, notre prière pourrait peut-être être de ressembler davantage à Marie. Demandons à Dieu de nous aider à faire comme elle, et à porter ce Christ dans nos propres cœurs, dans un monde qui a si désespérément besoin de ses bras d’amour tendus.
NJM