Dimanche dans l’octave de l’Ascension
Actes 1:1-11
Ephésiens 1:15-23
Luc 24:44-53

 

Quand on regarde un film, lit un roman, ou si on est préoccupé par quelque chose, tout notre être est comme happé par cette contemplation. Pour notre bonheur, notre malheur et toutes les nuances qui existent entre ces deux sorts, nos corps, dans ces moments-là, nous échappent.

Au cours de son ministère terrestre, Jésus a captivé pour leur bonheur ou leur malheur l’attention de toutes les créatures visibles et invisibles, et particulièrement des humains. Il est devenu le fruit que tous ont voulu voler, détruire comprendre ou cueillir mais nul n’y est complètement parvenu, même ses disciples les plus proches ! Au moment de l’Ascension ce n’est pas la première fois que Jésus échappe à ses disciples. Rappelez-vous toutes ces fois où les disciples avaient du mal à le suivre au sens propre comme au figuré. Le point d’orgue de cette échappée de Jésus a lieu lors de sa Passion : dans un mystère insondable, il échappe pour nous réconcilier à Dieu, à la fois à nos mains humaines et à la main de son Père.

Une fois ressuscité le Christ n’est d’ailleurs guère plus saisissable ! Son corps ressuscité qui a échappé à la haine et la violence, échappe une fois de plus à ses disciples. Il va aux devants d’eux en Galilée, ou se tient sans prévenir au cœur même de leur assemblée. Juste avant son ascension, il file une fois de plus entre les désirs de ses disciples qui essayaient de l’accaparer pour leur programme politique de rétablissement du Royaume d’Israël.

Pendant la crise du Covid le corps du Christ s’est aussi dérobé à nous. Nous avons perdu des membres chers. Nous n’avons pas pu, dans l’Eucharistie, ressentir et toucher comme avant cette présence corporelle et familière du Christ qui nous rassemble. Dieu nous a donné, en guise de médiateur de notre communion, des écrans et cette caméra. Vous avez pu contempler sur votre écran qui le cache comme une nuée, le mystère de l’Eucharistie. Dans la lentille de la caméra, nous avons tâché, de ce côté du nuage, de discerner votre présence, celle de l’Eglise qui est le corps du Christ. « Ce Jésus » que nous croyions connaître nous a été enlevé comme aux disciples. Nous regardons vers la nuée, les regards fixés sur l’écran ou la lentille de la caméra, l’endroit par où il a disparu.

Quand soudain deux hommes habillés en blanc se trouvent parmi nous et disent : « Gens de la Galilée (ou de St. Esprit !), pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Ce Jésus, qui vous a été enlevé pour aller au ciel, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller. »  Quel est ce nuage pour nous ? Comment est-ce que Jésus nous reviendra « de la même manière que nous l’avons vu s’en aller » ? C’est aussi bizarre pour les premiers disciples que pour nous ! Et pourtant si on y regarde bien, notre église en ligne, portée sur un nuage numérique, a fait revenir vers nous le Christ de bien des manières. Nous l’avons rencontré dans la prière du matin et du soir, dans l’étude de la liturgie et les nombreuses personnes qui, du monde entier, se sont jointes à nous. Dans ce même nuage qui nous a dérobé les uns aux autres pendant cette pandémie, nous commençons à le voir revenir d’une façon surprenante.

S’il ne nous appartient pas de « savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité, » on entend qu’ils arriveront prochainement. Notre église sera bientôt rouverte en personne. Formés par le ministère du Christ parmi nous pendant cette pandémie, nous serons bientôt appelés à embrasser les nouvelles missions de notre église. Nous serons bientôt soutenus par la force de l’Esprit Saint qui nous protège et guide notre église depuis des siècles. « Car le Fils de l’homme est venu », et reparti ! « Non pour perdre nos âmes, mais pour les sauver. » Et c’est à nous maintenant de préparer à accueillir son retour.

Comme les disciples nous allons revenir vers Jérusalem. Vers cette petite pièce où il nous a assemblés avec lui avant sa passion et où il nous a visité après sa résurrection en traversant nos portes fermées. En ajoutant de nouveaux membres au Consistoire le Seigneur a aussi reconstitué l’assemblée dirigeante de notre Eglise qui devra travailler ensemble aux nouvelles missions de St Esprit. En priant les uns pour les autres, nous pouvons en tous lieux et chaque jour, nous disposer à les recevoir ensemble.

Jésus nous a filé entre les doigts car c’est le seul moyen qu’il a de se donner pleinement à nous. L’Eucharistie nous le figure quand nous mangeons et buvons aussitôt ce qu’il nous donne : à peine le recevons-nous qu’il nous échappe déjà ! Il se communique pleinement à son Eglise sans que nous puissions emprisonner dans ce que nous croyons savoir de lui, et de son corps qu’est l’Eglise.  C’est, je crois, ce que font aussi les deux anges qui apparaissent aux disciples et les tirent de leur fascination. Ces mêmes anges qui gardaient l’arche d’alliance dans le Temple et se sont adressé aux disciples au matin de la résurrection, nous invitent à suivre le mouvement de Dieu qui se révèlera toujours à nous avec constance et fidélité, en toutes circonstances. Mais surtout que cette constance et cette fidélité viennent de lui, non des anges ou de nos propres forces.

Malgré leur intimité avec Jésus, après avoir reçu tous ses enseignements avant et après sa résurrection, au moment où Jésus est emporté au ciel, ses disciples sont incapables de discerner où se trouve maintenant son divin corps. Ils sont des humains comme nous, fasciné par un phénomène étrange qu’ils ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas à ce moment-là comprendre les implications de cette ascension, pas plus que nous ne comprenons ce qu’implique cette pandémie, qui nous a retiré « ce Jésus » que nous connaissions. Cette vision, comme cet étrange voilement du Christ à nos yeux pendant la pandémie, prendra tout son sens quand elle redonnera vie à notre église d’une manière que nos intelligences humaines ne peuvent pas imaginer. Par ses bénédictions les plus inattendues, le Christ va nous faire bientôt participer ici et maintenant à son corps éternel qui est entré dans la joie et le repos du Royaume. Ce n’est pas nous qui nous fondrons en Dieu en le contemplant ou en maintenant son Eglise, mais c’est lui qui, dans son humanité et sa bonté immense, fera de nous les membres de son corps, unis par son amour.

JFAB.

Sunday in the Octave of the Ascension
May 16, 2021
Acts 1:1-11; Ephesians 1:15-23;
Luke 24:44-53

 

When we watch a film, read a novel, or if we are preoccupied with something, our whole being is caught up in this contemplation. For good or for ill, or for all the nuances that exist between them, in these moments our bodies elude us.

During his earthly ministry, for good or for ill, Jesus captivated the attention of all visible and invisible creatures; and especially humans. He became the fruit that everyone wanted to steal, destroy, understand or harvest, but nobody succeeded in doing this completely, even his closest disciples! The moment of his Ascension isn’t the first time that Jesus has eluded his disciples. Remember all those times when the disciples have a hard time following him literally and figuratively? The high point of this elusive nature of Jesus takes place during his Passion: in a moment of unfathomable mystery, he escapes us in order to reconcile us to God, and his absence at that moment applies both to us humans and to his Father.

Once risen, Christ is hardly more easily able to be grasped! Just like his pre-resurrection body, his resurrected body that has escaped from hatred and violence, again eludes his disciples in order to go before them to Galilee, or to stand in the very heart of their meeting places. Just before his ascension, he once again escapes the wishes of his followers who want to monopolize him for their political aims to restore the Kingdom of Israel.

The body of Christ has also eluded us during the Covid crisis. We have lost dear members; we haven’t been able to feel and touch the familiar bodily presence of Christ in the Eucharist that brings us together. Instead, as the medium of our communion, God has given us screens and this camera. You have been able to contemplate the mystery of the Eucharist on your screen: a screen that hides it like a cloud, and through the lens of the camera we have, on this side of the cloud, tried to discern your presence; the presence of the Church and the body of Christ. Like the disciples, “this Jesus” whom we thought we knew has been taken away from us; and we gaze into the cloud, our eyes fixed on the screen or the lens of the camera; the cloud where he has disappeared.

And then suddenly two men dressed in white are standing in our midst, and they say, “People of Galilee (or of St. Esprit!), Why are you standing there looking at the sky? This Jesus, who was taken from you to go to heaven, will come back the same way you saw him go.” What is this cloud for us? How will Jesus come back to us “the same way we saw him go”? This statement is as bizarre for those early disciples as it is for us! And yet if you look at it, our online church, carried on a digital cloud, has brought Christ back to us in so many ways. We have met him in morning and evening prayer, in studying the liturgy, and in the many people who have joined us from all over the world. In the same cloud that has separated us from each other during this pandemic, we are expecting to see him come back to us in a surprising way. Though it’s not for us to “know when the times and the times will come, for the Father has appointed them on his own authority,” we are told that they will come soon. We will soon be reopening our church in person. After learning from the ministry of Christ among us during this pandemic we will soon be called to embrace the new mission of our church. We will soon be sustained by the power of the same Holy Spirit who has protected us and guided our church for centuries.

“For the Son of man is come” and departed! “Not to lose our souls, but to save them”. And it’s now up to us to prepare to welcome his return. Like the disciples, we will return to Jerusalem; to this small room where he gathered us together with him before his passion and where he visited us after his resurrection when he passed through our closed doors. By adding new members to the Consistory, the Lord has also reconstituted the governing body of our Church which will have to work together on the new mission of St. Esprit. Through prayer, accessible everywhere and every day, we have been prepared to receive it.

Jesus slips from our grasp because this is the only way he can give himself fully to us. In the Eucharist we have a glimpse of this.  As soon as he is present to us in this way, the very moment we seize him through our hands and our mouth by eating the bread and drinking the wine, he disappears! He gives himself fully to his Church without our being able to imprison him in what we think we know about him, or even what we know about his body, the Church.  I believe that this is what the two angels who appeared to the disciples are doing when they draw the disciples away from their captive gaze to the skies and send them back on the road. The same angels who guarded the Ark of the Covenant and spoke to the disciples on the morning of the resurrection invite us to understand that God and Jesus Christ will always be revealed to us with steadfastness and fidelity wherever we go. But above all, that this constancy and this fidelity come from him; not from the angels, not from our own power, and not from the efforts that we undertake to contemplate him.

Despite the disciple’s intimacy with Jesus; those disciples who received all of his teachings before and after his resurrection, by the time Jesus was taken to heaven those same disciples were unable to discern where his divinity now lies. They are humans like us, fascinated by a strange phenomenon that they do not understand. They cannot understand the implications of this ascension for themselves, any more than we can understand what this pandemic entails; this pandemic that has taken away from us “that Jesus” that we knew. Just like this strange veiling of Christ for us during the pandemic, this vision will take on real meaning when it brings the church back to life in ways that our human intelligence cannot imagine. Through his most unexpected blessings, Christ will soon have us participate here and now in his eternal body which has entered into the joy and rest of the Kingdom. It is not we who will ground ourselves in God through our contemplation of his divinity or the upkeep of his church. But he himself.in his immense humanity and goodness, will make us members of his body united in his love.

JFAB