Sixième dimanche après l’Épiphanie                                                                              16 février 2020

Au sommet de l’Arc de Triomphe à Paris se trouve une sculpture monumentale en bronze doré représentant la Paix installée sur un char triomphal tiré par quatre chevaux de front. C’est parfaitement conforme au style classique qui s’harmonise avec l’Arc lui-même. Dans la mythologie classique – d’où est tirée l’inspiration pour cette statue – le chariot était conduit par un dieu se tenant debout. Apollon conduisait ce char attelé de quatre chevaux à travers les cieux, pour donner au monde la lumière et chasser la nuit. A l’origine, l’Arc de Triomphe était surmonté de quatre chevaux qui avaient été volés par Napoléon dans la Basilique St. Marc à Venise lors de sa campagne contre l’Empire austro-hongrois en 1789. Après la bataille de Waterloo, la France les a rendus à la Ville de Venise – une des clauses du traité de paix qui avait été signé. La Ville de Venise avait, en fait, acquis ces chevaux de la même manière que Napoléon : les Vénitiens les avaient volés lors du pillage de Constantinople en 1204 durant la quatrième croisade.

Ce char tiré par quatre chevaux de front a inspiré bon nombre de sculpteurs et artistes car il était le symbole du pouvoir et une arme de guerre dans la période classique. Vous trouverez des statues similaires à celles de Venise et de l’Arc de Triomphe dans des villes du monde entier : au sommet de la Porte Brandebourg à Berlin (également dérobée par Napoléon) ; en haut du Théâtre Bolchoï à Moscou, et ici, à New York en haut de l’Arc sur la Place de la Grande Armée à Brooklyn – sauf que là, nous avons deux chevaux et non pas quatre. Dans la période classique, le char était appelé un quadrige et a donné son nom à une méthode d’interprétation de la Bible.

Le quadrige était extrêmement difficile à conduire. Les quatre chevaux devaient obéir au même instant à la commande du conducteur. Si l’un des chevaux était trop lent ou trop rapide, le char se renversait. Chaque cheval jouait un rôle crucial dans la stabilité et la rapidité du char. Le quadrige m’est venu à l’esprit alors que je pensais à la lecture d’aujourd’hui tirée du Sermon sur la Montagne dans l’Évangile de Matthieu. « Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le… si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la. » Il vaut mieux aller au ciel avec une seule main qu’en enfer avec les deux. Si l’on prend la Bible à la lettre, Jésus est en train de prescrire la loi de la Charia en ce qui concerne le vol.

Mais le sens littéral de la Bible n’est que l’un des chevaux qui nous tirent vers l’avant pour comprendre la signification ou le sens d’un de ses passages. Les chrétiens fondamentalistes affirment souvent que de prendre la Bible au pied de la lettre est la seule façon de l’interpréter. Ils disent qu’on ne peut pas faire confiance à celui qui ne pense pas que la Bible est une vérité littéraire car il ne peut pas interpréter ce que Dieu (ou Jésus) veut dire. Ils oublient que, lorsque Jésus compare les membres de l’église à des brebis, cela ne veut pas dire que nous devions manger de l’herbe. Quand il se décrit lui-même comme la Vigne, il ne suggère pas que l’on devrait l’arroser ou lui donner de l’engrais. Si le cheval du sens littéral était le seul à tirer le char, il se renverserait bien vite et il ne pourrait aller nulle part.

Les étudiants au Moyen-Âge récitaient un petit poème qui leur rappelait les quatre façons d’interpréter la Bible : « Littera gesta docet, quid credas allegoria / Moralis quid agas, quo tendas anagogia. » Voici la traduction grosso modo de ce petit poème : « La lettre nous montre ce que Dieu et nos ancêtres ont fait, l’allégorie nous montre ce que l’on doit croire, la morale nous donne les règles à suivre chaque jour, et l’anagogie nous montre où nous allons. » Les quatre façons de lire les passages de la Bible sont faciles à comprendre. D’abord, le sens littéral ou le sens du texte à la surface. Que s’est-il passé ? Qui a dit ou fait quoi ? Et de quelle façon leur culture a-t-elle affecté ce qu’ils ont dit ou fait ? Deuxièmement, quelle est la morale du texte ? Comment doit-on agir quand on a affaire à autrui ? Ensuite, quelle est la signification ‘spirituelle’ de ce qui a été dit ? Comment cela interfère-t-il avec ce que nous devons croire ? Et finalement, quand nous mettons ensemble ces trois interprétations, quel en est le sens définitif ? Que dévoile-t-il au sujet de notre avenir – au sujet du mystère qui est caché en Dieu ?

Comment utiliser ces quatre méthodes lors de notre lecture d’aujourd’hui ? D’abord, Jésus a prononcé exactement ces mots quand il a enseigné à ses disciples cette nouvelle loi. Ensuite, du côté de la morale, nous devrions couper tout lien avec notre désir de faire quelque chose de mal et prendre des dispositions pour ne plus le faire. Notre imagination peut facilement nous conduire à agir, et Jésus nous rappelle que si nous voulons agir suivant la morale, nous devons y prêter attention et agir en fonction. Du côté spirituel, les mots de Jésus nous montrent que la Loi n’est pas suffisante. Dieu nous donne la grâce de pouvoir transformer non seulement notre comportement, mais aussi nos pensées, d’une façon qui entraîne une guérison et une société plus juste. Finalement, les mots de Jésus nous montrent ce qui est à venir : un monde dans lequel les règles n’ont plus de raison d’être dans le royaume parfait où Dieu seul règne sur nos cœurs.

NJM Ver. Fr. FS

 

Sixth Sunday of Epiphany

February 16, 2020

Deuteronomy 30:15-20 I Corinthians 3:1-9 Matthew 5:21-37

On the top of the Arc de Triomphe in Paris there stands an enormous sculpture in gilded bronze depicting peace riding in a triumphal chariot pulled by four horses. It is very much in the classical style, in keeping with the arch itself. In classical mythology – the inspiration for this statue – the chariot was driven by a standing figure of a god. Apollo drove a four-horse chariot across the heavens, to dispense daylight and to chase away the night. The Arc de Triomphe was originally topped by four horses that had been looted by Napoleon from St. Mark’s Basilica in Venice in his campaign against the Austro-Hungarian Empire in 1789. After the battle of Waterloo, France returned the horses to the city of Venice as part of the peace treaty that was signed. The City of Venice had actually come by these ancient bronze horses in a manner identical to the way in which they were seized by Napoleon: the Venetians had stolen them following the looting of Constantinople in 1204 during the fourth Crusade.

The chariot pulled by four horses has been an inspiration to many sculptors and artists since it was used as a symbol of power and a weapon of war in the Classical world. You can find statues like the ones in Venice and atop the Arc de Triomphe in cities all over the world: on the Brandenburg Gate in Berlin (also seized at one time by Napoleon), on the Bolshoi Theatre in Moscow, and here in New York City on the Arch at Grand Army Plaza in Brooklyn – only here we have two horses and not four. In classical times, the chariot was called the Quadriga, and gave its name to a method of interpreting the Bible.

The Quadriga was notoriously difficult to drive. All four horses had to operate together under one single driver. If one horse ran too fast or two slow, the chariot would topple over. It was crucial that each horse play its part in keeping the chariot stable and on course. The quadriga came to mind as I was thinking about today’s reading from the Sermon on the Mount in the Gospel of Matthew. If your right eye causes you to sin, pluck it out. If your right hand causes you to sin, chop it off. It is better to go to heaven with one hand than to go to hell with both. If we take the Bible to be literally true, Jesus is prescribing Sharia Law for theft.

But the literal meaning of the Bible is only one of the four horses that pull us towards arriving at the meaning or significance of any of its statements. Christian Fundamentalists often claim that to interpret the Bible literally is the only way to read it. They say that anyone who does not believe that the Bible is literally true can’t be trusted to interpret what God (or Jesus) is saying. They forget that when Jesus describes the members of the church as sheep, he isn’t suggesting that we eat grass. When he describes himself as the Vine, he isn’t suggesting that we should water or fertilize him. If the literal horse was the only one pulling the chariot, it would soon topple over and go nowhere.

Medieval students had a little rhyme to remind them of the four ways of interpreting the Bible. “Littera gesta docet, quid credas allegoria / Moralis quid agas, quo tendas anagogia.” Loosely translated, the little poem means: The letter shows us what God and our ancestors did, the allegory shows us what to believe, the moral meaning gives us the rule of daily life, the analogy shows us where we are going. The four ways of reading any passage are easy to understand. Firstly, the literal meaning, or surface meaning of the text. What happened? Who said or did what, and how did their culture affect what they said or did? Secondly, what does the text mean morally? How are we to act on it when we deal with our neighbors? Thirdly, what is the ‘spiritual’ significance of what is being said? What does it say about what we should believe? And finally, when we put these three parts together, what is the totality of its meaning? What does it say about our future – about the mystery that is hidden in God?

How do we apply these four methods to today’s reading? Firstly, Jesus literally spoke these words when he was teaching his disciples about the new law. Secondly, morally speaking we should attempt to sever the connection that exists between our desire to do a bad thing, and our taking steps to act it out. Our imagination can easily lead to action, and Jesus is reminding us that if we wish to act morally, we should be aware of that connection and behave accordingly. Spiritually speaking, the words of Jesus show us that the Law is not enough. God gives us the grace to transform not just our behavior, but also our thoughts, in ways that bring about healing and a just society. Finally, Jesus’ words point us to what is to come: a world in which rules are no longer necessary in the perfect kingdom where God alone rules our hearts.

NJM