sermons

Le 16e dimanche après la Pentecôte, Propre 19A                                    le 17 septembre 2023
Exode 14:19-31 Romains 14:1-12 Matthieu 18:21-35

Au début de l’année, j’ai reçu en cadeau un livre de cuisine publié pour soutenir les Nations unies. Il contient des recettes qui mettent l’accent sur la durabilité de notre monde. Ces dernières années, nous sommes devenus de plus en plus conscients du fait que notre désir de manger des fruits et des légumes hors saison signifie qu’ils ont été importés de milliers de kilomètres. Dans les pays dits développés, la consommation de bœuf, de porc et d’agneau a augmenté de façon exponentielle. Ce que nous mangeons n’est plus seulement une question de goût ou de santé. Les considérations morales sont devenues de plus en plus importantes à mesure que les menaces qui pèsent sur notre planète augmentent. La croyance selon laquelle une alimentation essentiellement locale et végétarienne contribuera à sauver la planète de la destruction de l’environnement a gagné du terrain. En fait, il faut 4,5 kg de céréales pour produire à peu près 500 grammes de protéines animales – des céréales qui pourraient nourrir des personnes au lieu de vaches destinées à la consommation humaine. Des scientifiques ont montré que vous pouvez réduire considérablement votre empreinte carbone en adoptant un régime végétarien, sans parler de l’énorme superficie de terres à usage unique nécessaire pour élever du bétail au lieu de cultiver des plantes.

Ces nouvelles raisons ne font qu’effleurer l’histoire complexe du végétarisme. Nous sommes aujourd’hui tellement habitués à acheter des morceaux de viande emballés sous film plastique, des morceaux qui semblent n’avoir que peu de rapport avec l’anatomie de l’animal dont ils proviennent, que nous avons perdu le respect ancestral qu’impliquait le fait d’ôter la vie à une autre créature. Tout au long de l’histoire, la consommation de viande a été investie de toutes sortes de connotations religieuses et culturelles impliquant des rites et des tabous élaborés. Nous pouvons voir certaines de ces connotations se manifester dans la querelle de l’Église naissante de Rome sur la question de savoir si les chrétiens étaient autorisés ou non à manger de la viande sacrifiée aux idoles. Certaines cultures croyaient que l’on prenait l’esprit de l’animal que l’on mangeait, ou l’esprit du dieu auquel il avait été sacrifié. D’autres croyaient que des esprits puissants ou même des divinités habitaient certains animaux, et qu’il était donc interdit de les tuer, et a fortiori de les manger.

Les juifs et les musulmans pratiquants ne mangent pas de viande à moins qu’elle n’ait été abattue rituellement selon les règles kasher ou halal. Ces règles s’inspirent de la croyance selon laquelle seul Dieu a le droit de revendiquer la vie d’une créature qu’il a créée. La vie de la créature est censée résider dans son sang, et c’est pourquoi elle doit être abattue au nom de Dieu. Le sang est donc offert à Dieu avant que l’on ne puisse manger la viande. Certains chrétiens avaient la même attitude vis-à-vis de la consommation de sang. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’elle a cessé d’être une source de division et de conflit dans certaines confessions protestantes d’Amérique du Nord. Le fait que les Témoins de Jéhovah refusent toujours d’accepter une transfusion sanguine est un écho de cette querelle. Le livre de la Genèse nous apprend que l’être humain a été créé végétarien (Genèse 1, 29-30). Ce n’est qu’après le déluge que Dieu autorise les êtres humains à manger de la viande. Le Coran déclare de manière touchante : « Nulle bête marchent sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. » (Sourate 6:38)

La parabole d’aujourd’hui porte sur le pardon. Comment pouvons-nous demander ou recevoir le pardon des créatures et de la planète que nous détruisons avec tant d’acharnement ? La parabole est difficile à comprendre parce qu’elle est introduite par la question de Pierre : « combien de fois pardonnerai-je à mon frère s’il fait ce qui est mal envers moi ? jusqu’à sept fois ? » Jésus répond en disant à Pierre qu’il doit pardonner soixante-dix fois sept fois, mais il poursuit en racontant la parabole d’un homme qui ne pardonne qu’une fois à quelqu’un avant de l’envoyer dans les flammes de l’enfer. De plus, la parabole racontée par Jésus semble avoir plus à voir avec la compassion qu’avec le pardon. Le serviteur impitoyable était censé avoir été tellement transformé par la compassion que le roi lui avait témoignée qu’il devait aller montrer une compassion similaire à d’autres. Celui qui a bénéficié de la miséricorde refuse de faire preuve de miséricorde. Celui à qui l’on a pardonné une somme astronomique refuse de pardonner la dette de quelqu’un qui lui doit une somme dérisoire. Comment celui qui a bénéficié d’une telle générosité peut-il agir avec une telle cruauté face à quelqu’un qui se trouve dans la même situation, le jour même où il a lui-même reçu un tel pardon ?

À travers les paroles de Jésus, Matthieu nous rappelle que chacun de nous a quelqu’un ou quelque chose à pardonner. Chacun de nous a besoin du pardon que les autres lui offrent. Cet état de fait est inévitable. Nous venons de familles et de communautés trop humaines dans lesquelles les querelles sont inévitables. Nous appartenons à des villes, des nations et des groupements tribaux ou raciaux dont les membres ne cessent de se nuire les uns aux autres et de nuire au monde dans lequel nous vivons. Même si nous vivions dans un glorieux isolement, nous finirions par nous demander si nous sommes capables de nous pardonner nous-mêmes. Jésus nous dit que la compassion de Dieu pour nous est au cœur du pardon que nous devons recevoir et pratiquer. Ce n’est qu’ainsi que des relations durables peuvent s’épanouir. Pardonnez comme vous espérez recevoir le pardon. Pardonner, c’est ressembler à Dieu et à son Fils, qui a pardonné même à ceux qui l’ont cloué sur la croix. Permettez-vous de ressentir de la gratitude pour le pardon que Dieu vous a accordé, et cette gratitude se traduira par une manière plus consciente de vivre avec les autres et de prendre soin de la planète sur laquelle nous vivons.

NJM Ver. Fr. FS

Pentecost XVI
September 17, 2023
Exodus 14:19-31 Romans 14:1-12 Matthew 18:21-35

Earlier this year, I received the gift of a cookbook published in support of the United Nations. It contains recipes emphasizing global sustainability. In recent years, we have become more and more aware of the fact that our desire to eat fruit and vegetables out of season means that they have been imported from thousands of miles away. In so-called developed countries, the consumption of beef, pork and lamb has increased exponentially. What we eat is no longer just a question of taste or health. Moral considerations have become more and more important as the threats to our planet increase. The belief that a predominantly local and vegetarian diet will help to save the planet from environmental destruction has gained ground. In fact, it takes ten pounds of grain to produce one pound of animal protein – grain that could be feeding people instead of cows for human consumption. Scientists have shown that you can dramatically reduce your carbon footprint if you convert to a vegetarian diet; to say nothing of the enormous acreage of single-use land that is necessary to raise livestock instead of crops.

These new reasons do not begin to scratch the surface of the complicated history of vegetarianism. We are now so used to buying shrink-wrapped cuts of meat that seem to bear little reference to the anatomy of the animal from which they came that we have lost the ancient respect that was involved in taking another creature’s life. Throughout history, meat eating has been invested with all sorts of religious and cultural overtones involving elaborate rites and taboos. We can see some of those overtones playing out in the dispute in the early church in Rome over whether or not Christians were allowed to eat meat sacrificed to idols. Some cultures believed that you take on the spirit of the animal that you eat, or the spirit of the god to whom it was sacrificed. Others believed that powerful spirits or even divinities dwelt in certain animals, and it is therefore forbidden to kill them, let alone to eat them.

Practicing Jews and Muslims will not eat meat unless it has been ritually slaughtered according to Kosher or Halal rules. Such rules are inspired by the belief that only God has the right to claim the life of a creature that He has created. The creature’s life is thought to reside in its blood, and therefore it must be slaughtered in the name of God. The blood is therefore offered to God before one can eat the meat. Some Christians used to feel similarly about the consumption of blood. Only in the eighteenth century did it cease to be a source of division and contention in the certain Protestant denominations in North America. There is an echo of this dispute in the fact that Jehovah’s Witnesses still refuse to accept a blood transfusion. The book of Genesis tells us that human beings were created as vegetarians (Gen 1:29-30). God only allows human beings to eat meat after the Flood. The Qura’an touchingly declares: “There is not an animal on earth, nor a bird that flies on its wings – but they are communities like you.” (Surah 6:38)

Today’s parable is all about forgiveness. How can we possibly go about asking for – or receiving forgiveness from – the creatures and the very planet that we are so wantonly destroying? The parable is hard to understand because it is introduced by Peter’s question, “How often should I forgive someone who has wronged me? As much as seven times?” Jesus replies by telling Peter that he should forgive seventy times seven times, but then goes on to tell a parable about a man forgiving someone only once before consigning him to the fires of hell. Not only that, the parable Jesus tells seems to have more to do with compassion than it does with forgiveness. The Unforgiving Servant was supposed to have been so transformed by the compassion that the king showed him that he would go out and show a similar compassion to others. The one who was shown mercy refuses to show mercy. The one who was forgiven an astronomical amount refuses to forgive the debt of someone who owes him a paltry sum. How can someone who has been the beneficiary of such generosity act with such cruelty when faced with someone in the same situation on the very same day that he himself was forgiven so much?

Through Jesus’ words, Matthew is reminding us that each one of us has someone or something to forgive. Each one of us is in need of forgiveness offered to us by others. This state of affairs is inevitable. We come from all too human families and communities in which quarrels are inevitable. We belong to cities, nations and tribal or racial groupings whose members are constantly damaging both each other and the world in which we live. Even if we were to live in glorious isolation, we would end up asking ourselves whether or not we were able to forgive ourselves. Jesus tells us that God’s compassion for us lies at the heart of the forgiveness we need to receive and practice too. It is only in this way that any relationships of lasting value can flourish. Forgive as you hope to receive forgiveness. To forgive is to be like God and God’s Son, who forgave even those who nailed him to the cross. Allow yourself to feel gratitude for God’s forgiveness of you, and that gratitude will flow out in a more conscious way of living with others and caring for the planet on which we live.

NJM