Epiphany 6
February 13, 2022
Jeremiah 17:5-10 1 Corinthians 15:12-20 Luke 6:17-26
When I first came to America, I was quite surprised by the widespread celebration of St. Valentine’s Day. In England, it was a rather embarrassing event. School crushes usually resulted in anonymous cards put on your desk. For older people it was a private matter for couples in love. Here, people send messages or gifts of chocolate not only to their spouses or partners but also to members of their family, their friends or even their co-workers. Tomorrow is St. Valentine’s Day, and I can’t think of a worse reading from the Hebrew Scriptures to get us in the mood to celebrate love and friendship. “The heart is deceitful above all things, and desperately wicked; … the Lord is the judge who tries the human heart.” (Jeremiah 17:9) This seems to be a very strange verse to be read in church on this particular Sunday. It is hardly the sort of verse you would want to see quoted on the inside of a Valentine’s card. After all, isn’t the heart supposed to be the seat of love, and hence the organ through which we come closest to a God of Love?
For those who first heard these words of Jeremiah, the heart was not the seat of the emotions, but the seat of thought, or the place where the human mind resided. We might even say that for the ancient Near-Eastern peoples, the heart was the seat of what we might call the human ‘personality’. Wherever the word “heart” appears figuratively in Assyrian, Babylonian or Egyptian texts, we would be better off translating it as “mind” or “reason”. According to the Ancient Egyptian Book of the Dead, the heart of the deceased was weighed in a balance against a feather that symbolized not only emotions, but also truth and justice. The hieroglyph for the heart was intended to stand for the whole person, not just what we would call their ‘feelings’.
Our modern passion for the scientific has led us to make a sharp distinction between our emotions and logical thought. Contemporary politics and the effects of the pandemic have perhaps blurred this distinction, and people’s visceral reactions to what is happening in our world are often emotions in search of a logical argument, whether this comes from the Right or the Left. Looking back to the times of Jeremiah and Jesus, we see that our modern distinctions and oppositions between the ‘head’ and the ‘heart’ are false ones. Many of us have often been given the advice: “Follow your head and not your heart.” or sometimes reversed; “Follow your heart and not your head”. That sort of advice is often more confusing than it is helpful! Now we understand what Jeremiah means when he refers to the heart as a place of both thought and emotion, how does Jesus show us how to make sure that these two God-given gifts can be exercised together and in harmony? How can we be both logical and compassionate? Can the logic of justice and the law co-exist peacefully with heartfelt empathy and the exercise of mercy?
Luke’s Beatitudes, spoken by Jesus to the scattered crowds on a plain in northern Palestine gives us a clue on how to proceed. His beatitudes are part of a longer sermon that holds our head and our heart together through the way we behave towards others. The beatitudes are the start of this sermon, and they have a sort of shock value. They turn the world’s expectations upside down. The poor are rich, and the rich poor, the hungry are full and the full are hungry. When he has got their attention, Jesus goes on to tell the crowd to love their enemies and turn the other cheek when they are attacked. To treat others in the way that they would want to be treated. To refrain from judging others so that they will not be judged themselves. To remove the log in their own eyes before trying to remove the splinter in their neighbor’s eye. It is clear from this little sermon that Jesus knows that if we want to hold our head and our heart together in the way we treat others, we need to look deep within ourselves first. In the kingdom of love, there is no room for hypocrisy. There is no excuse for prioritizing logic when it comes to judging people we don’t like, or prioritizing our instinct for love when it comes to excusing the faults of our family, spouses or friends. Jesus was a complete person who used his whole being in God’s service. Such an artificial distinction between the ‘head’ and the ‘heart’ would have made no sense to him – just as it would have made little sense to most of the ancient world.
Our service and our devotion to God should be something that touches every part of our personalities. If our faith is completely cerebral, we will be cold and likely to end up as Pharisees. If our faith is completely emotional, we will be hot-headed and likely to end up as grotesque crusaders. If we are to be faithful to Jesus’ call to champion the poor, the hungry, the bereaved and the persecuted, we need to learn to integrate our whole personality into the tasks to which Jesus is calling us. Only then will we be able to live up to the greatest commandment of all:
“You shall love the Lord your God with all your heart, and with all your soul, and with all your mind. This is the great and first commandment. And the second is like it, You shall love your neighbor as yourself.” (Matthew 22:37-39)
NJM
Le 6e Dimanche de l’Épiphanie le 13 février 2022
Lorsque je suis arrivé aux États-Unis, j’ai été assez surpris par la célébration généralisée de la Saint-Valentin. En Angleterre, c’était un événement plutôt embarrassant. Les coups de cœur à l’école se traduisaient généralement par des cartes anonymes déposées sur votre table. Pour les personnes plus âgées, c’était une affaire privée réservée aux couples amoureux. Ici, les gens envoient des messages ou des boites de chocolats non seulement à leur conjoint ou partenaire, mais aussi aux membres de leur famille, à leurs amis ou même à leurs collègues de travail. Demain, c’est la Saint-Valentin, et je ne peux pas imaginer une meilleure lecture des Écritures hébraïques pour nous mettre dans l’ambiance de la célébration de l’amour et de l’amitié. « Rien n’est plus trompeur que le cœur humain. Impossible de le guérir … Moi, dit le Seigneur, je vois jusqu’au fond du cœur, je perce le secret des consciences » (Jérémie 17:9-10). Ces versets semblent bien étranges pour une lecture à l’église en ce dimanche particulier. Ce n’est pas le genre de versets que l’on voudrait voir cité à l’intérieur d’une carte de la Saint-Valentin. Après tout, le cœur n’est-il pas censé être le siège de l’amour, et donc l’organe par lequel nous nous rapprochons le plus d’un Dieu d’amour ?
Pour ceux qui ont entendu pour la première fois ces paroles de Jérémie, le cœur n’était pas le siège des émotions, mais le siège de la pensée, ou l’endroit où résidait l’esprit humain. Nous pourrions même dire que pour les peuples antiques du Proche-Orient, le cœur était le siège de ce que nous pourrions appeler la « personnalité » humaine. Partout où le mot « cœur » apparaît au sens figuré dans les textes assyriens, babyloniens ou égyptiens, nous ferions mieux de le traduire par « esprit » ou « raison ». Selon le Livre des morts de l’Égypte ancienne, le cœur du défunt était pesé dans une balance contre une plume qui symbolisait non seulement les émotions, mais aussi la vérité et la justice. Le hiéroglyphe du cœur était destiné à représenter la personne dans son ensemble, et pas seulement ce que nous appellerions ses « sentiments ».
Notre passion moderne pour la science nous a amenés à faire une distinction nette entre nos émotions et la pensée logique. La politique contemporaine et les effets de la pandémie ont peut-être embrouillé cette distinction, et les réactions viscérales des gens à ce qui se passe dans notre monde sont souvent des émotions à la recherche d’un argument logique, que celui-ci vienne de la droite ou de la gauche. En nous reportant à l’époque de Jérémie et de Jésus, nous constatons que nos distinctions et oppositions modernes entre la « tête » et le « cœur » sont fausses. Beaucoup d’entre nous ont souvent reçu le conseil suivant : « fais ce que te dit ta tête et non ton cœur » ou parfois inversé ; « fais ce que tu dit ton cœur et non ta tête ». Ce genre de conseil est souvent plus déroutant qu’utile ! Maintenant que nous comprenons ce que Jérémie veut dire lorsqu’il parle du cœur, c’est-à-dire un lieu de réflexion et d’émotion, comment Jésus nous montre-t-il la façon de faire en sorte que ces deux dons de Dieu puissent être exercés ensemble et en harmonie ? Comment pouvons-nous être à la fois logiques et compatissants ? La logique de la justice et de la loi peut-elle coexister pacifiquement avec l’empathie du cœur et l’exercice de la miséricorde ?
Les Béatitudes de Luc, adressées par Jésus à des foules dispersées dans une plaine du nord de la Palestine, nous donnent un indice sur la manière de procéder. Ses béatitudes font partie d’un sermon plus long qui réunit notre tête et notre cœur par la manière dont nous nous comportons envers les autres. Les béatitudes sont le point de départ de ce sermon, et elles ont une sorte de valeur de choc. Elles renversent les attentes du monde. Les pauvres sont riches et les riches sont pauvres, les affamés sont rassasiés et les rassasiés ont faim. Après avoir attiré l’attention des membres de la foule, Jésus leur dit d’aimer leurs ennemis et de tendre l’autre joue lorsqu’ils sont attaqués. De traiter les autres de la manière dont ils voudraient être traités. De s’abstenir de juger les autres afin de ne pas être jugés eux-mêmes. D’enlever la poutre qui est dans leurs propres yeux avant d’essayer d’enlever la paille dans l’œil de leur voisin. Il ressort clairement de ce petit sermon que Jésus sait que si nous voulons faire coïncider notre tête et notre cœur dans notre façon de traiter les autres, nous devons d’abord regarder au plus profond de nous-mêmes. Dans le royaume de l’amour, il n’y a pas de place pour l’hypocrisie. Il n’y a aucune excuse pour privilégier la logique lorsqu’il s’agit de juger des personnes que nous n’aimons pas, ou pour privilégier notre instinct d’amour lorsqu’il s’agit d’excuser les fautes de notre famille, de nos conjoints ou de nos amis. Jésus était une personne complète qui a mis tout son être au service de Dieu. Une distinction aussi artificielle entre la « tête » et le « cœur » n’aurait eu aucun sens pour lui – tout comme elle n’en aurait eu aucun pour la plupart des habitants du monde antique.
Notre service et notre dévotion à Dieu doivent toucher toutes les parties de notre personnalité. Si notre foi est entièrement cérébrale, nous serons insensiblement froids et nous risquons de finir comme des pharisiens. Si notre foi est entièrement émotionnelle, nous serons sanguins et nous risquons de devenir des militants grotesques. Si nous voulons être fidèles à l’appel de Jésus à défendre les pauvres, les affamés, les endeuillés et les persécutés, nous devons apprendre à intégrer toute notre personnalité dans les tâches auxquelles Jésus nous appelle. Ce n’est qu’alors que nous serons en mesure de respecter le plus grand commandement de tous :
« ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ta pensée.’ C’est là le commandement le plus grand et le plus important. Et voici le second commandement, qui est d’une importance semblable : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” » (Matthieu 22:37-39)
NJM Ver. Fr. FS