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Le 3e dimanche de Pâques | dimanche des Huguenots                    le 23 avril 2023

Il y a quelques semaines à peine, notre évêque président était en France pour marquer le centième anniversaire de la fondation de la cathédrale américaine de Paris. À la fin de sa visite, il a reçu une peinture d’Elie Neau, inspirée de notre icône ici à St. Esprit. Elie Neau était membre du consistoire de St. Esprit. Au début des années 1700, il a fondé la première école pour esclaves à New-York. Elie Neau a eu une vie tumultueuse. Capturé par des pirates, il a été ramené en France et emprisonné pour raison de sa foi protestante au château d’If. À certains moments, il a été tenté de perdre espoir et a trouvé du réconfort non seulement dans sa correspondance avec les membres de la sacristie de Saint-Esprit, mais aussi dans l’écriture de poèmes et de prières. Son histoire nous inspire aujourd’hui, alors que nous célébrons l’anniversaire de la promulgation d’un édit de tolérance signé par le roi français Henri IV, accordant aux protestants français le droit de se réunir et de pratiquer leur culte en toute liberté. Malheureusement, cet édit n’a été révoqué que quelques années plus tard, et les persécutions et les guerres qui ont suivi ont été en partie responsables de l’arrivée de tant de protestants français aux Amériques. Nous commémorons aujourd’hui leurs luttes et nous nous engageons à nouveau à aider les réfugiés et les exilés qui sont toujours déracinés de leurs foyers à cause de l’oppression et de la persécution. Cette persécution et cette déception peuvent conduire à une perte d’espoir dans l’avenir, et il faut beaucoup de courage pour reconstruire sa vie dans un lieu inconnu et étranger.

Dans notre lecture de l’Évangile, nous entendons que deux hommes, Cléopas et un disciple de Jésus dont le nom n’est pas mentionné, s’éloignent de Jérusalem avec découragement, convaincus que toutes leurs espérances et leurs croyances en un avenir positif ont été anéanties. Celui qu’ils espéraient être le Messie a été mis à mort de manière ignominieuse et ils n’ont plus aucune raison de rester en ville. Ils sont un peu comme nous : des gens ordinaires qui luttent parfois pour garder l’espérance, qui font tout ce qu’il faut pour survivre. Tout comme nous, ils luttaient pour voir. Luc nous dit que ce n’était pas entièrement de leur faute. Le grec nous dit qu’ils ont été empêchés de reconnaître Jésus pendant un certain temps, avant que leurs yeux ne s’ouvrent. Quelque chose leur a été imposé de l’extérieur ; quelque chose est intervenu qui les a empêchés de voir et de raviver leurs espérances et leurs rêves, tout comme si ces espérances et ces rêves avaient été mis à mort, comme Jésus l’a été. Peut-être que beaucoup d’entre nous ne sont que trop conscients de cette situation difficile.

Mais voici une nouvelle réconfortante : Jésus marche avec nous, même dans ce désert où nos yeux sont voilés et où nous avons du mal à voir où il est, ou ce qu’il fait dans nos vies. L’Évangile nous dit aussi que Jésus disparaît au moment même où les deux hommes finissent par le reconnaître. Luc nous dit qu’une fois qu’ils l’ont reconnu, ils n’ont plus besoin de le voir physiquement. Leur désespoir de recevoir des explications, leur anxiété de comprendre pour trouver une raison de vivre – tout cela cesse lorsqu’ils finissent par reconnaître Jésus. Jésus se révèle là où il l’a promis : là où deux ou trois personnes se rencontrent, là où l’on reçoit l’hospitalité, là où l’on écoute ensemble sa voix dans l’adoration et la prière.

Il est bon de nous rappeler ce fait en ce jour où nous nous réunissons pour célébrer notre histoire huguenote. L’histoire des disciples sur la route d’Emmaüs est un modèle pour chaque rassemblement de l’Église. Nous marchons ensemble, nous parlons ensemble. Nous partageons ce qui s’est passé dans nos vies. Nos archives contiennent de nombreuses histoires de ceux qui ont connu la perte et l’exil. Et pourtant, nous sommes toujours assis autour de la même table. Nos yeux s’ouvrent encore et encore à la présence de Jésus, surtout là où on l’attendait le moins.

Quelles leçons pouvons-nous en tirer en ce jour spécial du calendrier de l’Église ? Tout d’abord, en tant que membres de l’Église, nous sommes appelés à rendre visible le Christ ressuscité en nous rassemblant au nom du Christ autour de sa table. C’est ce que fait la petite église française du Saint-Esprit depuis près de quatre cents ans, depuis notre premier office de communion le jour de Pâques en 1628. Deuxièmement, Jésus instruit les deux disciples alors qu’ils marchent ensemble sur la route d’Emmaüs. Nous rencontrons le Christ ressuscité par la proclamation et l’interprétation des Écritures et dans la prière : ici le dimanche et pendant la semaine. Troisièmement, notre propre témoignage continu au cours des quatre cents ans d’histoire de cette Église s’inscrit dans l’histoire de la rencontre du Christ ressuscité avec ses disciples, tout comme le témoignage de Cléopas et de son ami s’inscrit dans l’histoire de l’Église. Les histoires de ce que nous avons fait pendant la pandémie et de la manière dont nous avons fait face à notre récent incendie à travers la prière et le service fidèles seront racontées par ceux qui viendront après nous. Quatrièmement, Jésus ressuscité peut nous apparaître dans le visage de l’étranger – en particulier dans le visage de ceux qui, parmi nous, continuent à vivre dans le besoin et la souffrance. Enfin, nous rencontrons le Christ lorsque nous offrons l’hospitalité, à travers nos cours de français, nos réceptions, nos événements paroissiaux comme aujourd’hui, où nous accueillons tout spécialement les membres de la société huguenote d’Amérique. Mais surtout, nous rencontrons le Christ en offrant son hospitalité à tous ceux qui franchissent nos portes pour le rencontrer autour de sa table.

NJM Ver. Fr. FS

Easter III | Huguenot Sunday
April 23, 2023
Acts 2:14a 36 – 41 I Peter 1:17-23 Luke 24:13-35

Just a few short weeks ago, our Presiding Bishop was in France to mark the hundredth anniversary of the founding of the American Cathedral in Paris. At the conclusion of his visit, he was presented with a painting of Elie Neau, inspired by our icon here at St. Esprit. Elie Neau was a member of the vestry of St. Esprit. In the early 1700’s, he founded the first school for slaves in New York City. Elie Neau had a tumultuous life. Captured by pirates, he was taken back to France and imprisoned for his protestant faith in the Chateau d’If. There were times when he was tempted to lose hope, and drew comfort not only from his correspondence with the vestrymembers of St. Esprit but also from writing poetry and prayers. His story inspires us today, as we celebrate the anniversary of the promulgation of an edict of tolerance signed by the French king Henry IV, granting French protestants the right to meet and worship together freely. Sadly, that edict was revoked only a few years later, and the persecutions and wars that followed were partially responsible for bringing so many French protestants to the Americas. We commemorate their struggles today, and recommit ourselves to helping the refugees and exiles that are still uprooted from their homes because of oppression and persecution. Such persecution and disappointment can lead to a loss of hope in the future, and it takes a great deal of courage to build one’s life anew in an unfamiliar and foreign place.

In our Gospel reading we hear of two men, Cleopas and an unnamed disciple of Jesus, disconsolately walking away from Jerusalem believing that all their hopes and beliefs in a positive future have been dashed. The person they hoped would be the Messiah has been put to an ignominious death, and there is no more reason to stay in town. They are a bit like us: ordinary people struggling sometimes to keep hope alive; doing whatever it takes to survive. Just like us, they were struggling to see. Luke tells us that it wasn’t entirely their fault. The Greek tells us that they were in fact prevented from recognizing Jesus for a time, before their eyes were opened. Something has been imposed from the outside; something intervenes which walled off their ability to see and to rekindle their hopes and dreams, just as if those hopes and dreams had been put to death, as Jesus was. Perhaps many of us are all too aware of this predicament.

But here is the comforting news: Jesus walks with us even in that wasteland where our eyes are veiled and we find it hard to see where he is, or what he is doing in our lives. The Gospel also tells us that Jesus disappears at the very moment when the two men eventually recognize him. Luke tells us that once they recognize him, they no longer need to be able to see him physically. Their desperation to receive explanations, their anxiety to understand in order to find a reason for living – all of this ceases when they eventually recognize Jesus. Jesus reveals himself where he promised he would: where two or three people meet, where hospitality is enjoyed, where we listen together for his voice in worship and prayer.

It is worth reminding ourselves of this fact on this day when we come together to celebrate our Huguenot history. The story of the disciples on the road to Emmaus is a template for every gathering of the church. We walk together, we talk together. We share the things that have happened in our lives. Our archives contain many stories of those who experienced loss and exile. And yet we still sit around the same table. Our eyes are opened again and again to the presence of Jesus, above all in the places where he was least expected.

What lessons can we draw from this on this special day in the Church’s calendar? Firstly, as members of the church, we are called to make the risen Christ visible by our gathering together in Christ’s name around his table. The little French Church of St. Esprit has done that for almost four hundred years, since our first communion service on Easter Day, 1628. Second, Jesus teaches the two disciples as they walk the road to Emmaus together. We meet the resurrected Christ through the proclamation and interpretation of the scriptures and in prayer: both here on Sunday, and during the week. Thirdly, our own continuing witness over four hundred years of this church’s history becomes part of the story of the risen Christ’s meeting with his disciples: just as the witness of Cleopas and his friend have become a part of the Church’s story. The stories of what we did during the pandemic, and how we coped with our recent fire through prayer and faithful service will be told by those who come after us. Fourthly, the risen Jesus may appear to us in the face of the stranger – especially in the faces of those amongst us who continue to live in need and suffering. Finally, we meet Christ when we extend hospitality; through our French lessons, through our receptions, through parish events like today, when we extend a special welcome to the members of the Huguenot Society of America. But most of all, we encounter Christ, by extending his hospitality to all of those who come through our doors to meet with him around his table.

NJM