Le dimanche de la Trinité
Le 30 mai 2021
On ne sait pas grand-chose du personnage dans l’Évangile de Jean qui a provoqué Jésus et lui a fait prononcer non pas un, mais deux des versets les plus cités de la Bible : « Il vous faut tous naître de nouveau » (Jean 3:8) et « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que toute personne qui croit en lui ne périsse pas mais qu’elle ait la vie éternelle. » (Jean 3:16 comme le savent, j’en suis sûr, certains d’entre vous qui ont dû apprendre des versets de la Bible par cœur.) Le nom Nicodème signifie « Victoire du peuple » ; un nom peut-être curieux pour un Pharisien renommé, bien que ceux-ci aient été connus pour leur défense de ceux qui résistaient à l’interférence romaine dans la vie religieuse de Judée. Nicodème n’apparait qu’une fois dans l’Évangile de Jean, et il n’est jamais mentionné dans les autres évangiles. Jean mentionne Nicodème trois fois. Nous lisons la première de ces interventions dans notre Évangile. Nicodème rencontre Jésus la nuit pour discuter de son enseignement. Lors de la deuxième rencontre, Nicodème défend Jésus devant ses confrères de la cour du Sanhédrin, et leur rappelle qu’une personne doit être entendue avant d’être jugée. Enfin, Nicodème apparait dans le récit juste avant la crucifixion de Jésus. Il apporte des épices pour embaumer et il aide Joseph d’Arimathie à préparer le corps de Jésus pour son enterrement.
Avant de nous concentrer de plus près sur les raisons pour lesquelles cette histoire est assignée au dimanche de la Trinité, je voudrais me concentrer sur l’un des vers les plus connus auxquels j’ai fait référence. Si je porte mon col de prêtre dans les transports en commun, occasionnellement, une personne que je ne connais pas va m’approcher d’une façon bénévole et va me demander si je suis « né de nouveau ». Je crois que je sais ce que cette personne me demande ; si j’ai offert ou non ma vie à Jésus. Le problème que j’ai avec cette question n’est pas forcément que cette question est devenue une mise à l’épreuve par certains pour savoir si vous êtes ou non un ‘vrai chrétien’ – « a born-again Christian » vraiment ; et nous connaissons tous les implications de cette expression en anglais ! Mon hésitation vient de leur compréhension de ce que signifie d’être né de nouveau. (Entre-parenthèses, le grec peut aussi signifier ‘être né d’en haut’.) Je n’ai pas eu le choix dans ma première naissance. C’était le choix de mes parents, pas le miens. Être né d’en haut, ou né de nouveau, a quelque chose en commun avec la première naissance. Il ne s’agit pas de ce que je fais, mais de ce que Dieu fait. Être né d’en haut est l’initiative de Dieu à l’œuvre dans ma vie et il ne s’agit pas de mes efforts pour offrir ma vie à Jésus. Cela engage une sorte d’abandon de soi afin de rejoindre la vie dans la Trinité. Contrairement à la première naissance, il ne s’agit pas d’un évènement ponctuel. C’est une relation qui prend du temps. Et elle vient ‘d’en haut’, pas ‘d’en bas’.
Les évangiles de Matthieu et de Luc contiennent des histoires connues sur la naissance de Jésus. Celui de Jean contient une différente sorte d’histoire qui concerne la naissance d’un chrétien. À quoi ressemble ce type de naissance ? Comment pouvez-vous discerner si quelqu’un est né ‘d’en haut’ ? Comme pouvons-nous détecter la présence de l’Esprit dans la vie de quelqu’un ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre, et Jésus semble le souligner lorsqu’il parle du vent qui souffle où il le décide. On peut l’entendre, mais on ne sait pas d’où il vient ou où il va. Être né d’en haut est quelque chose qui peut seulement se discerner avec le temps.
Il est possible de voir cela se dérouler dans la vie de Nicodème. La première fois, il vient voir Jésus avec des questions. Sa première rencontre est pleine de mystère et de paradoxes. De façon significative, cela se déroule la nuit. Les réponses de Jésus ne sont pas aussi directes qu’il l’espérait. La deuxième fois qu’il apparait, il est en compagnie des prêtres et pharisiens en charge qui essaie de faire arrêter Jésus. Nicodème ne dit pas clairement qu’il croit que Jésus est innocent. Au lieu de cela, il défend Jésus en utilisant la loi hébraïque. Sa relation avec Jésus est passée de l’interrogation incrédule à un endroit plus ambigu. Enfin, Nicodème aide Joseph d’Arimathie à embaumer le corps de Jésus avant son enterrement. Quelque chose s’est déroulé en lui au fur et à mesure de ces rencontres avec Jésus. Il a prêté attention aux commentaires de Jésus sur l’Esprit, et les trois histoires nous disent que ce même Esprit l’a mené à une nouvelle naissance.
Là est la raison pour laquelle cet Évangile est parfait pour le dimanche de la Trinité. Ce jour est parfois surnommé le jour de célébration d’une idée. Au lieu de célébrer ou de commenter un événement dans la vie de Jésus, nous commémorons ce qui peut parfois sembler être un jeu de formulations de doctrines compliquées. J’ai parfois entendu des sermons bien-intentionnés qui ont essayé vaillamment d’expliquer la doctrine de la Trinité en dix minutes – et j’ai été parfois coupable de cela ! Mais cet évangile nous invite à rencontrer la Trinité à travers ce que la Trinité fait, pas à travers ce que la Trinité est. Les trois personnes de la Trinité sont à l’œuvre dans la renaissance de Nicodème. L’Esprit ; le Père engendrant l’Esprit et le Fils, et le Fils témoignant du Père et de l’Esprit. Dieu aime toute la création ; l’intégralité du cosmos. De ce désire de relation, motivé par l’amour, Il envoie son Fils dans le monde pour permettre une nouvelle naissance rédemptrice. La relation vers laquelle la Trinité nous attire est une relation d’amour : le même amour que nous nous portons les uns les autres dans cette petite communauté de Saint-Esprit. On ne nous demande pas de consentir à une formule, ou « d’offrir notre vie à Jésus ». Nous avons été attirés vers cette belle danse d’amour dans une relation qui évolue constamment vers des modèles nouveaux et toujours plus beaux dont les débuts et les fins viennent ‘d’en haut’. Peut-être que la prochaine fois que l’on me pose cette question, je répondrai ; ou plutôt je vais vous demander « Qu’est-ce que vous répondriez ? »
NJM Ver. Fr. FS
Trinity Sunday
May 30, 2021
Isaiah 6 :1-8 Romans 8 :12-17 John 3 :1-17
We don’t know very much about the character in John’s gospel who provoked Jesus into uttering not one but two of the most quoted verses in the Bible; “You must be born again…” (John 3:3) and “For God so loved the world that he gave his only Son, so that everyone who believes in him may not perish but have everlasting life.” (John 3:16, as I’m sure those of you who had to learn Bible verses by heart will know!) The name Nicodemus means “Victory of the people”; perhaps a curious name for a prestigious Pharisee, even though they were known be champions of those who resisted Roman interference in the religious life of Judea. Nicodemus appears only in the gospel of John, and he’s never mentioned in the other gospels at all. John mentions Nicodemus three times. We read the first of those accounts in our gospel. Nicodemus visits Jesus at night to discuss Jesus’ teachings. On the second occasion, Nicodemus defends Jesus before his fellow members of the Sanhedrin court, and reminds them that a person has to be heard before they are judged. Finally, Nicodemus appears in the story just after Jesus’ crucifixion. He brings embalming spices and helps Joseph of Arimathea to prepare Jesus’ body for burial.
Before we look more closely at why this particular story is assigned to Trinity Sunday, I want to look at one of those famous verses I referred to earlier. If I wear my collar on public transport, some well-meaning stranger occasionally approaches me and asks me if I have been ‘born again’. I think I know what they’re asking; whether or not I’ve given my life to Jesus. My problem with this question doesn’t necessarily come from the fact that this verse has become a litmus test for some people to discover whether or not you are a ‘real Christian’ – “A born-again Christian” in fact; and we all know the implications of that expression in English! My hesitation comes from their understanding of what being born again means. (Incidentally the Greek can also mean ‘to be born from above’). I had no choice but to be born the first time around. It was my parents’ choice, not mine. Being born from above, or born again has something in common with this first birth. It’s not about what I do. It’s about what God does. Being born from above is God’s initiative at work in my life and it isn’t to do with my efforts to give my life to Jesus. It involves a sort of abandonment of oneself in order to join in the life of the Trinity. Unlike being born for the first time, it isn’t a one-off event. It is a relationship that takes time. And it comes ‘from above’, not from below.
The gospels of Matthew and Luke have famous stories about Jesus’ birth. John has a different sort of birth story that concerns the birth of a Christian. What does such a birth look like? How can you tell if someone has been born ‘from above’? How do we detect the presence of the spirit in someone’s life? It’s a hard question to answer, and Jesus seems to acknowledge this when he talks about the wind blowing where it chooses. We hear the sound of it, but we don’t know where it comes from or where it’s going. Being born from above is something that can only be discerned over time.
We can see this playing out in the life of Nicodemus. On this first occasion he comes to Jesus with questions. His first encounter is full of mystery and paradox. Significantly, it happens at night. Jesus’ answers to his questions are not as straightforward as he expected. The next time he appears, he is with the chief priests and Pharisees who are trying to get Jesus arrested. Nicodemus doesn’t state unambiguously that he believes Jesus to be innocent. Instead, he defends Jesus by using the Jewish Law. His relationship with Jesus has moved from incredulous questioning to a more ambiguous place. Finally, Nicodemus helps Joseph of Arimathea to embalm Jesus’ body prior to burial. Something has happened to him in the course of these encounters with Jesus. He paid attention to Jesus’ comments about the Spirit, and the three stories tell us how that very same Spirit has led him to a new birth.
That is why this gospel is perfect for Trinity Sunday. This day is sometimes nicknamed the Feast Day of an Idea. Instead of celebrating or commemorating an event in the life of Jesus, we are commemorating what can sometimes seem like a complicated set of doctrinal formulations. I’ve sometimes heard well-intentioned sermons that have tried valiantly to explain the doctrine of the Trinity in ten minutes – and I’ve sometimes been guilty of doing the same thing! But this Gospel invites us to encounter the Trinity through what the Trinity does, not what the Trinity is. All three persons of the Trinity are active in Nicodemus’ rebirth. The Spirit; the Father begetting the Spirit and the Son, and the Son bearing witness to the Father and the Spirit. God loves all creation; the whole cosmos. Out of this desire for relationship, motivated by love, He sends his Son into the world to enable redemptive new birth to take place. The relationships that the Trinity draws us into are relationships of love: the same love that the members of the Trinity bear for each other; the same love we bear for each other in this little community at St. Esprit. We are not asked to give our consent to a formula, or to ‘give our lives to Jesus’. We have been drawn into that beautiful dance of love in a relationship that constantly evolves into new and ever-more beautiful patterns whose beginnings and endings all come ‘from above’. Perhaps next time I’m asked that question, I’ll say; or rather I’m going to ask you “What would you say?”
NJM