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Le dimanche de la Pentecôte                                                   le 28 mai 2023

Quel est le point commun entre le jour de la Pentecôte et le jour de Noël ? À première vue, cette question semble étrange. Les traditions qui entourent ces deux fêtes sont très différentes. L’une d’elles marque le moment où Jésus est arrivé sur terre pour naître comme l’un d’entre nous à Bethléem. L’autre commémore le moment où il nous a quittés pour monter au ciel et envoyer l’Esprit saint sur ses disciples. La Vierge Marie est une figure centrale de la période de Noël, mais nous nous souvenons rarement de sa présence avec les disciples le jour de la Pentecôte. À Noël, nous pensons beaucoup aux anges – l’ange Gabriel et les anges qui ont annoncé la bonne nouvelle de la naissance de Jésus. À la Pentecôte, ce sont les disciples qui annoncent la bonne nouvelle aux personnes rassemblées à Jérusalem. La réponse la plus évidente à la question de savoir ce qu’ils ont en commun est qu’au moment de Noël, nous pensons à une personne célèbre parce qu’elle porte du rouge (le Père Noël), et que nous sommes nombreux à porter du rouge le jour de la Pentecôte.

Mais il existe en fait un lien beaucoup plus profond que nous pourrions l’imaginer à première vue entre ces deux fêtes de l’Église. Vous souvenez-vous de l’annonciation faite par l’ange Gabriel à Marie dans l’évangile de Luc ? « L’Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira comme d’une ombre. C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera saint, on l’appellera Fils de Dieu. » La puissance de l’Esprit saint est au cœur de ces deux fêtes. Sans cette puissance, il n’y aurait ni Noël, ni Pentecôte. L’Esprit de Dieu planait à la surface des eaux lors de la création de l’univers dans le livre de la Genèse. L’Esprit de Dieu est descendu sur Marie lors de la conception de Jésus afin que son ministère sur terre puisse nous recréer à l’image de Dieu et nous libérer. Et l’Esprit de Dieu est descendu sur les disciples pour créer l’Église le jour de la Pentecôte. Dans chaque cas, des paroles solennelles sont prononcées, par l’Esprit de Dieu lui-même (Que la lumière paraisse !), par l’ange Gabriel (tu seras enceinte, et tu mettras au monde un fils !) et par Pierre et les disciples (Vous, Juifs, et vous tous qui vivez à Jérusalem, écoutez attentivement mes paroles et comprenez bien ce qui se passe.)

Partout où l’Esprit agit, il y a création. Et là où cette création a lieu, une proclamation solennelle est faite. Pour l’Église, cela ne se produit pas seulement le jour de la Pentecôte. Dans notre groupe d’étude biblique du mercredi soir, nous avons découvert que le moment central de la plus ancienne prière eucharistique en usage constant – l’anaphore d’Addai et Mari utilisée par l’Église syrienne orthodoxe – n’est pas la parole du Christ « Prenez, mangez, ceci est mon corps », mais l’appel de l’Esprit saint sur le pain et le vin. Nous l’avons également dans notre liturgie : « Nous t’offrons ces dons qui viennent de Toi. Sanctifie-les par ton Esprit Saint, qu’ils deviennent pour ton peuple, le corps et le sang de ton Fils, nourriture et boisson saintes de la vie nouvelle en lui. Sanctifie-nous aussi, pour que nous puissions recevoir avec foi ce saint sacrement, et te servir dans l’unité, la fidélité et la paix. Et au dernier jour, conduis-nous avec tous les saints dans la joie de ton royaume éternel. » C’est le moment solennel de l’eucharistie où nous nous rappelons que, par la puissance de l’Esprit, le Christ nous a permis d’être recréés. C’est le moment qui précède notre propre proclamation solennelle, lorsque nous proclamons le mystère de la foi : « Christ est mort ! Christ est ressuscité ! Christ reviendra ! »

Le Nouveau Testament nous parle d’une nouvelle création par la puissance de l’Esprit : il nous parle de Dieu incarné en Christ, mourant une fois sur la croix pour tous, priant dans ses dernières heures sur terre « pour que tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi. Qu’ils soient un pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé. » (Jean 17, 21-22) Les personnes sont nombreuses, mais nous sommes tous un dans le même Esprit.

La lecture de la première lettre de Paul aux Corinthiens nous montre à quel point cette unité était importante pour les premiers chrétiens. « Il y a diverses sortes de dons spirituels, mais c’est le même Esprit qui les accorde. Il y a diverses façons de servir, mais c’est le même Seigneur que l’on sert. Il y a diverses façons d’agir, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. » (I Cor. 12:4-6) Il les exhorte à se réjouir de leurs différences et à s’unir les uns aux autres dans l’inspiration et la raison d’être.

L’Église française du Saint-Esprit porte bien son nom. Nous venons d’horizons différents et nous avons peut-être des langues maternelles différentes, mais nous nous rassemblons pour ne faire qu’un. C’est l’Esprit qui rend cela possible, et le moment où cela est le plus clairement visible est celui où nous nous réunissons autour de la table et appelons l’Esprit à descendre sur les dons déposés sur l’autel, et sur chacun d’entre nous ici présent. Le jour de la Pentecôte nous rappelle peut-être que, dans une société, la diversité est la chose avec laquelle il est le plus difficile de vivre, mais que cette diversité est aussi la chose sans laquelle il lui serait le plus dangereux de vivre. La seule façon de nous réjouir de nos différences au lieu d’en faire une occasion de tomber dans les préjugés et la haine est de laisser l’Esprit agir dans nos cœurs à travers ses dons de bravoure, d’honnêteté et de désintéressement, et d’aller à notre tour proclamer cette bonne nouvelle à un monde qui en a tant besoin.

NJM Ver. Fr. FS

The Day of Pentecost
May 28, 2023
Acts 2: 1-21 I Corinthians 12: 3b-13 John 7: 37-39

What does the Day of Pentecost have in common with Christmas Day? On the surface of it, this seems like a strange question. The traditions around the two festivals are very different. One of them marks the moment that Jesus arrived on earth to be born as one of us in Bethlehem. The other commemorates the time after he left us in order to ascend into heaven and send down the Holy Spirit on his disciples. The Virgin Mary is a central figure at Christmas time, but we rarely remember her presence with the disciples on the day of Pentecost. At Christmastime we think a lot about angels – the angel Gabriel and the angels that announced the good news of Jesus’ birth. At Pentecost, it is the disciples who are doing the announcing to the people gathered in Jerusalem. The most obvious answer to what they have in common is that at Christmas time we think of a person who is famous for wearing red (Santa Claus), and many of us wear red on the day of Pentecost.

But there is actually a much deeper connection between these two festivals of the church than we might at first recognize. Remember the announcement of the angel Gabriel to Mary in Luke’s gospel? “The Holy Spirit will come upon you, and the power of the Most High will overshadow you; therefore the child to be born will be holy; he will be called Son of God.” The power of the Holy Spirit is central to both of these festivals. Without that power, there would be no Christmas, and no Pentecost. The Spirit of God moved over the waters at the creation of the universe in the book of Genesis. The Spirit of God came down on Mary at the conception of Jesus in order that his ministry on earth could re-create us in God’s image and set us free. And the Spirit of God came down on the disciples to create the Church on the Day of Pentecost. In each case, solemn words are spoken, by the Spirit of God himself (Let there be light!) By the angel Gabriel (you shall conceive and bear a son!) and by Peter and the disciples (Men of Judea and all who live in Jerusalem, let this be known to you, and listen to what I say!)

Wherever the Spirit moves, creation happens. And where that creation happens, a solemn proclamation is made. For the Church, this doesn’t just happen on the Day of Pentecost. In our study group on Wednesday evenings, we have discovered that the central moment of oldest eucharistic prayer in constant use – the liturgy of Addai and Mari used by the Syrian Orthodox Church – is not Christ’s words, ‘Take, eat, this is my body’, but the calling down of the Holy Spirit on the bread and the wine. We have it in our liturgy too: “We offer you these gifts. Sanctify them by your Holy Spirit to be for your people the Body and blood of your Son, the holy food and drink of new and unending life in him. Sanctify us also that we may faithfully receive this holy Sacrament, and serve you in unity, constancy, and peace; and at the last day bring us with all your saints into the joy of your eternal kingdom.” This is the solemn moment in the eucharist when we remember that through the power of the Spirit, Christ has enabled us to be re-created. It is the moment just before we make a solemn proclamation ourselves when we proclaim the mystery of faith, “Christ has died! Christ is risen! Christ will come again!”

The New Testament tells of a new creation through the power of the Spirit: it tells us of God incarnate in Christ, dying once for all upon the cross, praying in his last hours on earth “that they may all be one; even as you, Father are in me, and I in you, that they may be in us, so that the world may believe that you have sent me.” (John 17:21-22) The people are many, but we are all one in the same Spirit.

The reading from the first letter of Paul to the Corinthians shows us how important this unity was to the first Christians. “Now there are varieties of gifts, but the same Spirit, and there are varieties of service, but the same lord, and there are varieties of working, but it is the same God who inspires them all in every one.” (I Cor. 12:4-6) He exhorts them to rejoice in their differences, and to unite themselves with each other in inspiration and purpose.

The Église française du St. Esprit is appropriately named. We come from different backgrounds and we may have many different mother-tongues, and yet we come together as one. It is the Spirit that makes this possible, and the moment when that is most clearly visible is the moment when we gather around the table and call upon that Spirit to come down on the gifts on the altar, and upon every one of us here. Perhaps the Day of Pentecost reminds us that diversity is the hardest thing for a society to live with, but it is also the most dangerous thing for a society to live without. The only way we can rejoice in our differences instead of turning them into an occasion for prejudice and hatred is to let the Spirit work in our hearts through its gifts of bravery, honesty and unselfishness, and go out in our turn to proclaim that good news to a world that so badly needs it.

NJM