sermons

8e dimanche après la Pentecôte
le 23 juillet 2023

De quoi avez-vous rêvé cette nuit ? Si quelqu’un vous pose cette question à l’improviste, neuf fois sur dix vous ne vous en souviendrez probablement pas – c’est du moins mon cas. Il arrive qu’un événement survenu dans la journée vienne faire germer le rêve et que je me souvienne soudain de certains détails. Certaines personnes se souviennent de leurs rêves plus souvent que d’autres. Si nous sommes créés à l’image de Dieu, il y a certainement quelque chose en nous qui reflète l’être mystérieux de Dieu, et peut-être que nos rêves inconscients en sont le reflet. Certains rêves ont conduit les rêveurs à agir de manière extraordinaire lors de leurs premières heures de réveil. Mille ans après la sculpture du sphynx, le pharaon Thoutmosis IV s’est endormi à son ombre et a rêvé que le dieu Râ lui ordonnait de le restaurer. Plus récemment, Paul McCartney a eu l’idée pour la chanson Yesterday dans un rêve, la machine à coudre doit son invention à un rêve, et même la théorie de la relativité d’Einstein est née d’un rêve où il descendait en luge le flanc d’une montagne enneigée et escarpée. Les rêves jouent un rôle important dans toutes les religions du monde, y compris le judaïsme et le christianisme. Dans les Écritures hébraïques, les rêves doivent être interprétés, alors que dans le Nouveau Testament, les instructions données par les rêves sont plus directes. Les rêves ont inspiré le voyage d’Abraham vers la terre promise, la promotion de Jospeh en Égypte, la sagesse de Salomon, le mariage de Joseph avec Marie, la mère de Jésus, et le voyage des Mages vers la Sainte Famille. Sans le rêve de Paul à Troas en Asie, l’Europe n’aurait peut-être jamais été christianisée.

Freud n’a pas été le premier à élaborer des théories sur les rêves ; en fait, ses théories sur l’inconscient semblent aujourd’hui plutôt simplistes par rapport à la manière dont les rêves ont été perçus tout au long de l’histoire. Les théologiens de l’Église primitive avaient beaucoup à dire sur les rêves.  Ils estimaient qu’un discernement minutieux était nécessaire pour déterminer si un rêve n’était qu’un simple amalgame d’absurdités, un rappel des événements de la journée écoulée, ou s’il était inspiré par des anges ou des démons. Ils savaient comment consoler les gens qui faisaient des rêves horribles et les guider pour qu’ils entendent la façon dont Dieu nous parle dans les rêves.

L’histoire de l’échelle de Jacob est l’un des rêves les plus connus de la Bible ; il n’est donc pas surprenant que les chrétiens l’aient interprétée de différentes manières. Certains disent qu’il s’agit d’une vision des anges déchus et des anges messagers de Dieu qui continuent d’intervenir pour protéger les enfants de Dieu dans notre monde déchu. Pour d’autres, l’échelle symbolise le voyage mystique que notre âme doit entreprendre pour être réunie à Dieu. Le premier échelon est l’humilité, puis le repentir, la prière et ainsi de suite jusqu’à l’unité mystique avec Dieu. Pour d’autres, l’échelle est un symbole de la Vierge Marie, dont le corp a porté le Christ lorsqu’il est descendu sur terre. C’est pourquoi Marie est parfois représentée dans les icônes avec une échelle quelque part dans l’image. Pour Luther, l’échelle est la Croix. Il disait que, contrairement à l’histoire de la Tour de Babel (dans laquelle les êtres humains essaient de construire une sorte d’échelle pour atteindre le ciel), l’échelle de Jacob nous montre que le seul moyen d’atteindre Dieu est que Dieu descende d’abord jusqu’à nous.

Dans l’histoire d’aujourd’hui, Jacob est désespéré. Surpris par la tombée de la nuit, il ne trouve qu’une pierre en guise d’oreiller. Pendant son sommeil, il fait un rêve. Le rêve est accompagné d’un message de Dieu. Lorsque Jacob se réveille, il s’exclame : « Vraiment le Seigneur est dans ce lieu-ci, mais je ne le savais pas ! »  Jacob a vu quelque chose qui était là depuis toujours, mais comme dans nos rêves, il a fallu un éclair d’inspiration pour qu’il s’en rende compte. Jacob fait cette expérience dans un endroit improbable. Il s’agit peut-être d’un endroit que nous avons tous connu. Nos oreillers peuvent être faits de peur. Il se peut que nous nous couchions pleins d’anxiété ou d’insécurité. Peut-être avons-nous passé une mauvaise journée et nous nous sentons coupables ou nous pensons que nous ne méritons pas mieux. Les oreillers sur lesquels nous posons parfois notre tête sont faits de colère, de solitude ou de frustration. Ils sont constitués des circonstances de notre travail, de nos relations avec nos familles, nos amis et nos conjoints.

Mais voici la bonne nouvelle. Tout ce que nous avons à faire, c’est de nous allonger. Jacob n’a pas prié pour faire un bon rêve afin de se consoler de sa solitude. Il était fatigué et tout ce qu’il pouvait offrir à Dieu, c’était sa fatigue. Dieu a fait le reste. Dieu ne peut planter cette échelle que là où nous sommes, et non là où nous voudrions être. Et où que nous soyons, nous sommes tous capables de faire des rêves. Si nous avons de la chance, ces rêves nous montreront un moyen de sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons et ils nous libéreront de l’esclavage de la peur, de la colère, de la solitude, de la frustration et du désespoir. Nous nous réveillerons avec ce même cri : « Vraiment le Seigneur est dans ce lieu-ci, mais je ne le savais pas ! » Nous n’avons vraiment pas le choix. Nous sommes obligés de nous coucher là où nous nous trouvons. Mais l’échelle passe de la dimension de Dieu à la nôtre, sans les contraintes du temps et du lieu où nous nous trouvons. L’ange vit dans cette cinquième dimension, celle où Dieu se cache toujours, mais où il est toujours prêt à se faire connaître. Pour conclure, voici une petite prière pour le sommeil et les rêves, tirée du ministère des malades de notre Livre de la prières communes : « Père des cieux, tu donnes le sommeil à tes enfants pour qu’ils reposent leur âme et leur corps: Je t’en prie, accorde-moi ce don, conserve-moi dans la paix parfaite que tu promets à ceux qui ont l’esprit fixé sur toi, et donne-moi de sentir ta présence, pour qu’aux heures de silence j’aie la joie d’éprouver l’assurance de ton amour. Par Jésus le Christ, notre Sauveur. Amen. »

NJM Ver. Fr. FS

 

Pentecost VIII
July 23, 2023
Genesis 28:10-19a  Romans 8:12-25 Matthew 13:24-30, 36-43

What did you dream of last night? If someone asks you that question out of the blue, nine times out of ten you will probably not remember – at least that is the case for me. Occasionally an event during the day will ‘break’ the dream for me, and I will suddenly recall some detail of it. Some people remember their dreams more frequently than others. If we are made in the image of God, there is surely something about our very selves that reflects God’s mysterious being, and perhaps our unconscious dreams reflect this. Some dreams have led the dreamers to act in extraordinary ways in their waking hours. One thousand years after the sphynx was carved, the Pharaoh Thutmose IV fell asleep in its shadow, and dreamt that the god Ra commanded him to restore it. In more modern times, Paul McCartney came up with the song Yesterday in a dream, the sewing machine owes its invention to a dream, and even Einstein’s theory of relativity flowed from a dream he had about sledding down a snowy and steep mountainside. Dreams play an important part in all the world’s religions, Judaism and Christianity included. In the Hebrew Scriptures, dreams have to be interpreted, whereas in the New Testament, the instructions the dreams give are more direct. Dreams inspired Abraham’s journey to the promised land, Jospeh’s promotion in Egypt, Solomon’s wisdom, Joseph’s marriage to Mary the mother of Jesus, and the visit of the Magi to the Holy Family. If it wasn’t for Paul’s dream in Troas in Asia, Europe may never have become Christianized.

Freud was not the first person to come up with theories about dreams; in fact his theories about the unconscious now look rather simplistic in comparison to the way in which dreams have been viewed throughout history. The early Church theologians had a lot to say about dreams.  They believed that careful discernment was necessary to find out if a dream was just simply jumbled nonsense; a recall of the events of the past day; or if it was inspired by angels or by demons. They knew how to console people who have horrific dreams, and guide people to hear the way God speaks to us in dreams.

The story of Jacob’s Ladder is one of the best-known dream stories in the Bible; perhaps it is not surprising that Christians have interpreted it in many different ways. Some say that it is a vision of the fallen angels and the angels who are the messengers of God who continue to intervene to protect God’s children in our fallen world. For others, the ladder is a symbol of the mystical journey that our soul has to undertake in order to be re-united with God. The first rung is humility, then repentance, then prayer and so on up the ladder until mystical unity with God is achieved. For others the ladder is a symbol of the Virgin Mary, through whose body Christ descended to earth. For this reason, Mary is sometimes depicted in icons with a ladder somewhere in the picture. Luther thought of the ladder as the Cross. He said that in contrast with the story of the Tower of Babel, (in which human beings try to build a sort of ladder to reach heaven), Jacob’s ladder shows us that the only way we can reach God is by God first reaching down to us.

In our story today, Jacob is in despair. Being surprised by nightfall, all he can find is a stone for a pillow. While he is sleeping, he dreams. The dream is accompanied by a message from God. When Jacob wakes up, he exclaims: “Surely the Lord is in this place, and I did not know it!”  Jacob has seen something that was there all the time, but just as in our dreams, it took a flash of inspiration for him to realize it. Jacob has this experience in an unlikely place. Perhaps this stands for a place all of us have known. Our pillows can be made out of fear. We may go to bed full of anxiety or insecurity. Perhaps we have had a bad day and feel guilty or think that we don’t deserve any better. The pillows we sometimes lay our head on are made of anger, loneliness or frustration. They are made up of the circumstances of our jobs, our relationships with our families, our friends and our spouses.

But here is the good news. All we need to do is to lie down. Jacob didn’t pray that he would have a good dream to console himself in his lonely condition. He was weary, and all he could offer to God was his tiredness. God did the rest. God can only plant that ladder where we are; not where we would like to be. And wherever we are, we are all capable of having dreams. If we are lucky, those dreams will show us a way out of the impasse in which we find ourselves, and set us free from our bondage to fear, anger, loneliness, frustration and despair. We will wake up with the same cry: “Surely the Lord is in this place, and I did not know it!”  We really have no choice. We are forced to lie down where we find ourselves. But the ladder comes from God’s dimension to ours, free from the constrictions of the time and place in which we find ourselves. The angel lives in that fifth dimension, the dimension in which God is always hiding, and yet is always ready to make himself known. In conclusion, here is a little prayer for sleep and dreams that is taken from the ministry to the sick in our Book of Common Prayer: O heavenly Father, you give your children sleep for the refreshing of soul and body: Grant me this gift, I pray; keep me in that perfect peace which you have promised to those whose minds are fixed on you; and give me such a sense of your presence, that in the hours of silence I may enjoy the blessed assurance of your love; through Jesus Christ our Lord. Amen.

NJM