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Le 7e dimanche de Pâques                                                         le 21 mai 2023

Je crois que beaucoup d’entre-nous ce matin ont quitté leur pays ou leur ville d’origine en laissant derrière eux des membres de leur famille ou des amis. Beaucoup d’entre nous sont expatriés, et ce pour des raisons diverses. Certains ont fui leur pays à cause de persécutions politiques ou religieuses. D’autres cherchaient simplement à améliorer leur vie ou celle de leur famille. D’autres encore peut-être se sont juste retrouvés à New-York sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi ; peut-être que ces derniers ont suivi un chemin mis devant eux par Dieu sans qu’ils s’en rendent compte… Même si vous avez toujours vécu à New-York, peut-être que vous vous souviendrez d’un autre type de séparation physique avec des amis ou des membres de votre famille que vous voyiez souvent et à qui vous ne parlez plus (ou rarement) maintenant ; ou même un petit-ami ou une petite-amie qui occupait toutes vos journées et qui maintenant n’apparait peut-être que de temps en temps sur les invitations de vos réseaux sociaux « vous connaissez peut-être cette personne… »

J’aimerais que l’on fasse un petit exercice mental ensemble. Souvenons-nous de cette vie ‘avant’, lorsque nous étions physiquement avec ces autres personnes. Prenez une journée type. Où est-ce que vous vous réveilliez ? À qui parliez-vous le matin ? Où passiez-vous vos journées ? Avec qui est-ce que vous mangiez ? En famille, entre amis ? Personnellement, je me souviens de ma vie à Paris, de mes amis que je voyais tous les jours, de ma famille avec qui je mangeais tous les dimanches. Aujourd’hui, est-ce que vous vous sentez coupés de ces personnes dans votre cœur ?  Il y a une séparation physique, mais le lien existe toujours, que vous les voyiez ou non. Certains d’entre-nous communiquent toujours avec ces personnes, mais même dans la pire des situations, où peut-être les personnes auxquelles vous pensez ne sont plus avec nous, est-ce que pouvez annuler vos expériences ? – ce que vous avez vécu ensemble et appris ensemble lorsque vous étiez proches physiquement ? Ces expériences font parties de qui vous êtes, et vous ne pouvez pas les effacer de votre cœur.

Aujourd’hui nos lectures pour le 7e dimanche de Pâques ouvrent nos cœurs en ces endroits qui sont souvent obscurcis par notre vie quotidienne. Ce dimanche, juste après le jeudi de l’Ascension et une semaine avant la Pentecôte, Luc nous raconte dans ses Actes l’Ascension de Jésus. Pierre, dans son épître, nous dit de souffrir comme le Christ dans la foi et de nous rappeler de nos frères et sœurs dans le monde qui souffrent de la même manière, ici, avec nous. Et enfin, dans l’Évangile de Jean, Jésus finit son long monologue avant d’être livré aux autorités juives, et il prie pour ses disciples ; pour qu’ils continuent son œuvre sur terre après son retour auprès du Père. Jésus prie pour que ses disciples soient un avec le Père comme Lui et le Père sont un.

Un point sur lequel j’aimerais attirer votre attention est une simple phrase des Actes des apôtres. Juste après que Jésus est élevé au ciel, alors que les disciples le regardent partir et qu’ils sont probablement aveuglés par la brillance du ciel et de Jésus, des nuages couvrent Jésus, leur permettant de continuer à regarder vers le ciel. Je ne sais pas si vous avez déjà accompagné un proche à l’aéroport, mais généralement, une fois que l’avion est dans le ciel, on retourne à sa vie. On ne continue pas à regarder le ciel en se demandant ce qu’ils sont en train de faire dans l’avion. Si cette personne pouvait vous voir de l’avion en train de regarder vers le ciel, je pense qu’elle vous demanderait ce que vous attendez qu’il se passe…. Et dans notre Évangile c’est exactement ce que l’on entend. Deux hommes en blanc interpellent les disciples et leur disent : « Gens de la Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Ce Jésus, qui vous a été enlevé pour aller au ciel, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller. »

Une semaine avant la Pentecôte, je pense que l’on peut se préparer, et écouter ensemble ce que l’Esprit saint nous communique à travers ces lectures. Jésus était physiquement avec les disciples pendant 2 ou 3 ans. C’est une période très courte lorsque vous la comparez à votre propre vie. Une fois ressuscité, Jésus revient physiquement et continue à leur enseigner, mais il ne peut pas rester avec eux physiquement pour toujours. À un moment, il faut que les disciples effectuent le travail pour lequel ils ont été (trans)formés. Si vous appreniez à faire quelque chose sous la direction d’une personne, et si cette personne ne vous laissait jamais seul.e, comment pourriez-vous vraiment effectuer ce travail de vous-même ?

De la même façon que nous portons en nous le vécu partagé avec les personnes que nous avons quittées avant pour être ici maintenant, les disciples portaient en eux l’enseignement de Jésus. Cette rupture physique leur a permis d’avancer vers de nouvelles terres, de forger leurs propres ministères, d’étendre l’enseignement de Jésus douze fois plus loin sous l’inspiration de l’Esprit saint dont il a annoncé la descente. En retournant vers le Père, Jésus nous montre à tous que c’est à nous de continuer ici, sur terre, et maintenant, à appliquer son enseignement. La façon dont vous aimiez vos proches quand vous étiez physiquement avec eux vous permet aujourd’hui d’aimer vos frères et sœurs ici à Saint-Esprit. La façon dont quelqu’un à Saint-Esprit a pu transporter cet amour au-delà de toute frontières et le partager avec vous ici, vous permettra de le partager avec une autre personne au-delà de nos portes. L’amour du Père, l’amour de Jésus, est un virus qu’aucun masque ne peut contenir, et c’est parce qu’il ne se propage pas de nos bouches, mais de nos cœurs. Alors gardez à l’esprit que lorsque le cœur vers lequel vous regardiez avant est couvert par les nuages de la distance, il ne faut pas hésiter à ouvrir votre propre cœur maintenant pour que quelqu’un d’autre puisse en être ébloui à son tour.

FS

 

EASTER VII
May 21, 2023
Acts 1:6-14, 1 Peter 4:12-14; 5:6-11, John 17:1-11

I believe that many of us this morning have left our home countries or cities, leaving behind family members or friends. Many of us are expatriates, for various reasons. Some have fled their country because of political or religious persecutions. Others were simply looking for a better life for themselves or their families. Still others may have just found themselves in New York without really being able to explain why; perhaps they followed a path set before them by God without realizing it… Even if you have always lived in New York, perhaps you will remember another kind of physical separation with friends or family members you used to see often and now rarely speak to; or even a boyfriend or girlfriend who used to occupy all your days and now perhaps rarely appears on any of your social network’s prompts as: “You may know this person”.

I’d like us to do a little mental exercise together. Let’s remember that life ‘before’ when we were physically with these other people. Take a typical day. Where did you wake up? Who did you talk to in the morning? Where did you spend your day? Who did you eat with? With family, with friends? Personally, I remember my life in Paris, my friends I saw every day, my family, with whom I ate every Sunday. Today, do you feel cut off from these people in your heart?  There is a physical disconnection, but the bond still exists, whether you see them or not. Some of us still communicate with these people, but even in the worst of situations, where perhaps the people you are thinking of are no longer with us, can you undo your experiences? what you went through together and learned together when you were physically close? These experiences are part of who you are, and you cannot erase them from your heart.

Today, our readings for the 7th Sunday of Easter open our hearts to those places that are often shadowed by our daily routines. This Sunday, just after Ascension Thursday and one week before Pentecost, in Acts, Luke tells us about the Ascension of Jesus. Peter, in his epistle, tells us to suffer like Christ in faith and to remember our brothers and sisters in the world who suffer in the same way, here with us. And finally, in John’s Gospel, Jesus finishes his long monologue before he is handed over to the Jewish authorities, and he prays for his disciples; that they will continue his work on earth after he returns to the Father. Jesus prays that his disciples will be one with the Father as he and the Father are one.

One point I would like to draw to your attention is a simple phrase from Acts. Just after Jesus is lifted up into heaven, as the disciples watch him go and are probably blinded by the brilliance of Jesus and the sky, clouds cover Jesus, allowing them to continue to look up towards the sky. I don’t know if you’ve ever accompanied a loved one to the airport, but usually once the plane is in the sky, you go back to your life. You don’t keep looking up at the sky wondering what they are doing on the plane. If that person could see you from the plane looking up at the sky, I think they would ask you what you’re expecting to happen…. And in our Gospel, this is exactly what we hear. Two men in white call out to the disciples and say, “Men of Galilee, why do you stand looking up toward heaven? This Jesus, who has been taken up from you into heaven, will come in the same way as you saw him go into heaven.”

A week before Pentecost, we can prepare ourselves, by listening together to what the Holy Spirit communicates to us through these readings. Jesus was physically with the disciples for two or three years. That’s a very short time when you compare it to your own life. Once he is risen, Jesus returns physically and continues to teach them, but he can’t stay with them physically forever. At some point, the disciples must do the work they have been (trans)formed to do. If you were learning to do something under someone, and that person never left you by yourself, how could you really do that work on your own?

In the same way that we carry with us the shared experiences of the people we left before to be here now, the disciples carried with them the teaching of Jesus. This physical break allowed them to move into new lands, to forge their own ministries, to extend Jesus’ teaching twelvefold under the inspiration of the Holy Spirit he announced would come down upon them. In returning to the Father, Jesus shows all of us that it is up to us to continue here on earth, and to apply his teaching now. The way you loved your loved ones when you were physically with them now enables you to love your brothers and sisters here in Saint-Esprit. The way that someone at Saint-Esprit was able to carry that love across all borders and share it with you here, will enable you to share it with another person beyond our doors. The love of the Father, the love of Jesus, is a virus that no mask can contain, and that is because it does not spread from our mouths, but from our hearts. So, bear in mind that when the heart you were looking at before is covered by the clouds of distance, don’t hesitate to open your own heart now so that someone else can be dazzled by it too.

FS