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7e dimanche après la Pentecôte | Fête nationale française                         le 16 juillet 2023

La France a la chance d’avoir l’une des devises nationales les plus mémorables au monde : Liberté, Égalité, Fraternité. Cette devise a été inventée dans le feu de la Révolution française, mais elle n’a été officiellement adoptée comme la devise nationale de la France que sous la Troisième République, dans les années 1870. Certaines nations n’ont pas autant de chance avec leur devise : le Luxembourg s’enorgueillit de « Nous voulons rester ce que nous sommes », tandis que la Serbie se contente de la simple devise : « Dieu est Serbe ». Ces devises sont souvent inscrites dans la constitution d’un pays ou imprimées sur son drapeau, ses armoiries ou sa monnaie. La devise de la France s’est même retrouvée sur les célèbres paquets de cigarettes Gauloises.

J’avais toujours pensé que la devise de l’Amérique était « Life, Liberty and the pursuit of happiness » (la vie, la liberté et la recherche du bonheur), mais apparemment c’est « In God we trust » (en Dieu, nous avons confiance). La devise de l’Allemagne est “Einigkeit und Recht und Freiheit” (Unité, Justice, Liberté) et (pour être juste et objectif aujourd’hui) chaque devise nationale joue sur une combinaison de mots à forte consonance : Dieu, Liberté, Justice, Liberté, Mort, Paix, Travail, Progrès, Vérité. Ces devises sont pensées à des moments de grande crise dans l’histoire d’une nation ou d’un peuple. Les invasions, les guerres et les révolutions ont besoin de slogans pour exprimer leurs plus grands espoirs pour l’avenir, un avenir qui est censé être meilleur que le passé qui l’a précédé. Ces slogans trouvent leur origine dans les meilleurs espoirs et rêves d’un peuple, et ceux qui les ont conçus étaient probablement animés des meilleures intentions du monde.

Mais comment ces nations se portent-elles lorsque nous les mesurons à l’aune de leurs propres devises ? La France d’aujourd’hui est-elle caractérisée par la liberté, l’égalité et la fraternité ? L’Amérique a-t-elle vraiment confiance en Dieu ou préfère-t-elle se fier aux armes et à l’argent ? Comment tous les discours sur la valeur de la liberté dans les devises nationales du monde résistent-ils aux invasions de la vie privée par les gouvernements que nous considérons aujourd’hui comme normales ? Si un pays n’est pas capable d’éduquer ses enfants, de nourrir ses pauvres, de soigner ses malades, de légiférer contre les préjugés et de protéger l’environnement, que pense-t-il faire exactement en affichant ses nobles intentions dans une devise bien conçue ? La devise elle-même devient une série de mots vides de sens. Qu’est-il advenu de ces nobles intentions ? Comment se sont-elles perdues en chemin ? Pourquoi les nations sont-elles incapables de concrétiser leurs rêves d’un monde meilleur ? Pourquoi, lorsqu’elles échouent inévitablement, ont-elles tant de mal à reconnaître leurs échecs ou à s’en excuser ?

La parabole du semeur de Jésus nous donne un indice. L’histoire est simple : l’agriculteur sème la graine. La semence est abondante – elle n’est pas rare, tout comme les mots nobles de toutes ces devises nationales. Une partie de cette semence tombe sur le sol dur du chemin, une autre sur un terrain rocailleux, une autre dans les mauvaises herbes et les ronces, et enfin, une partie de la semence tombe dans la bonne terre. Si nous appliquons cette parabole à nos histoires nationales, que constatons-nous ? Parfois, nos gouvernements et nos habitants ne parviennent pas à comprendre ce que signifient réellement la liberté, l’égalité et la fraternité. Les graines sont tombées sur le sol dur du chemin et ne germeront jamais correctement. Parfois, nos gouvernements et nos peuples sont coupables d’abandonner leurs nobles principes dès qu’ils se sentent menacés. En cas de guerre, d’attaque terroriste ou de spectre de « libéraux » ou de « communistes » envahissant le pays, ils abandonnent les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. C’est le signe que ces valeurs n’ont jamais vraiment pris racine dans leur société. Ce sont des mots nobles, mais ils ne coûtent pas cher et manquent de profondeur. La graine est tombée sur un sol rocailleux ; le soleil est apparu et a flétri la plante. Parfois, nos gouvernements ou nos citoyens finissent par faire passer le profit avant les principes. Ils partent avec les meilleures intentions. Ils veulent apporter au monde l’éducation, la démocratie ou la liberté, mais ils recherchent davantage le profit pour eux-mêmes qu’ils ne souhaitent concrétiser les mots grandiloquents de leur devise. La graine est tombée dans les ronces. Leurs grandes intentions ont été étouffées par l’argent et la « gloire », et elles ne portent pas de fruits.

Ce qui vaut pour les nations vaut aussi pour nous, en particulier pour ceux d’entre nous qui sont habitués aux belles paroles de la foi chrétienne. Dans une autre parabole, Jésus dit : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : “Seigneur, Seigneur !”, qui entreront dans le royaume des cieux. » Notre caractère n’est pas jugé en fonction de l’habileté avec laquelle nous concevons une noble devise ou approuvons de glorieux principes. Jésus dit que nous serons jugés non pas sur ce que nous disons, mais sur ce que nous faisons. Alors, que choisiriez-vous comme devise dans la vie ? Paul nous offre une liste de mots : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Sur quel terrain ces mots sont-ils tombés dans votre propre vie ? Voyez-vous votre joie grandir, ou la paix et la patience s’enraciner et porter du fruit chez ceux qui vous entourent ? Aujourd’hui, nous rendons grâce pour les nations comme la France et l’Amérique qui ont essayé d’être un terrain fertile où les graines de la liberté, de l’égalité et de la fraternité peuvent porter leurs fruits. Nous pouvons apprendre de leurs erreurs. Mais nous sommes également appelés à faire plus que cela. Nous nous engageons à nouveau à essayer d’être les personnes qui transforment les grandes devises en réalité pour ceux pour qui la liberté, l’égalité et la fraternité sont encore des rêves inaccessibles.

NJM Ver. Fr. FS

PENTECOST VII / BASTILLE DAY
July 16, 2023
Genesis 25:19-34 Romans 8:1-11 Matthew 13:1-9, 18-23

France is fortunate in having one of the most memorable national mottos in the world: Liberté, Egalité, Fraternité (Freedom, equality and fraternity). It was invented in the white-heat of the French Revolution, but it wasn’t officially adopted as the national motto of France until the Third Republic in the 1870s. Some nations are not so fortunate in their mottos; Luxembourg prides itself on, “We wish to remain what we are”, and Serbia contents itself with the straightforward: “God is a Serb”. These mottos are often written into a country’s constitution or printed on its flag, its coat of arms or its currency. France’s motto even found its way onto the famous Gauloises cigarette packets.

I had always thought that America’s motto was “Life, Liberty and the pursuit of happiness”, but apparently it is “In God we trust”. Germany’s motto is “Einigkeit und Recht und Freiheit” Unity, Justice, Freedom, and (just to be fair and balanced today) every national motto plays on a combination of grand-sounding words: God, Freedom, Justice, Liberty, Death, Peace, Work, Progress, Truth. These mottos are devised at moments of great crisis in a nation or people’s history. Invasions, wars and revolutions need slogans to articulate their greatest hopes for the future; a future that is supposed to be better than the past that preceded it. They have their roots in a people’s best hopes and dreams, and the people who devised them were probably motivated by the very best of intentions.

But how do these nations fare when we measure them against the standards of their own beloved mottos? Is today’s France characterized by liberty, equality and fraternity? Does America really trust in God, or does it prefer to trust in guns and money? How does all the trumpeting of the value of liberty in the world’s national mottos stand up to government invasions of privacy that we now think of as normal? If a country can’t educate its children, feed its poor, heal those who are sick, legislate against prejudice and protect the environment, what exactly does it think it is doing by flaunting its noble intentions in a well- devised motto? The motto itself becomes a series of empty grand-sounding words. What happened to those grand intentions? How were they lost along the way? Why are nations incapable of turning their dreams for a better world into a reality? Why, when they inevitably fail, do they find it so hard to recognize their failures or to apologize for them?

Jesus’ parable of the Sower gives us a clue. It’s a simple story: the farmer sows the seed. There is plenty of it – it’s not in short supply, just like the noble-sounding words of all those national mottos. Some of this seed falls on the hard soil of the path, some falls on rocky ground, some in weeds and thorns, and finally, some of the seed falls into the good soil. If we apply the parable to our national histories, what do we see? Sometimes our governments and people fail to understand what liberty, equality and fraternity really mean. The seeds have fallen on the hard ground of the path, and will never properly germinate. Sometimes our governments and people are guilty of abandoning their noble principles as soon as they feel under threat. If there is war, a terrorist attack, or the specter of ‘liberals’ or ‘communists’ overrunning the country, they abandon the values of liberty, equality and fraternity. It is a sign that such values never really took root in their society. They were noble sounding words, but they came cheap and lacked real depth. The seed fell onto rocky ground; the sun came out and withered the plant. Sometimes our governments or people end up putting profit before principles. They set out with the best of intentions. They want to bring education or democracy or freedom to the world, but they desire profit for themselves more than they desire to make the grand sounding words of their mottos into a reality. The seed has fallen into the thorns. Their grand intentions have been choked by money and ‘glory’, and they bear no fruit.

What goes for nations also goes for us – especially those of us who are used to the grand-sounding words of the Christian faith. In another parable, Jesus says that ‘Not all those who call me Lord! Lord! Will enter the kingdom of heaven.’ Our character is not judged by how clever we are at devising a noble motto, or giving assent to glorious principles. Jesus says that we will be judged not by what we say, but by what we do. So, what would you choose for your own motto in life? Paul gives us a list to choose from: love, joy, peace, patience, kindness, goodness, faithfulness, gentleness and self-control. What sort of ground have these words fallen onto in your own life? Do you see your joy growing, or peace and patience taking root and bearing fruit in those who are around you? Today we give thanks for the nations like France and America who have tried to be fertile ground where the seeds of liberty, equality and fraternity can bear fruit. We can learn from their mistakes. But we are also called upon to do more than this. We commit ourselves anew to try to be the people who turn grand sounding mottos into a reality for those to whom freedom, equality and fraternity are still unattainable dreams.

NJM