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Le 6e dimanche après la Pentecôte                                                              le 9 juillet 2023

Dieu a-t-il le sens de l’humour ? Si nous sommes faits à l’image de Dieu, la réponse à cette question devrait être « oui ». Pourtant, historiquement, les chrétiens ont été hésitants à trouver le sens de l’humour de Dieu dans la Bible. Les blagues sont très difficiles à traduire, surtout lorsqu’elles datent de plus de deux mille ans. Nous pouvons encore « comprendre » certaines des blagues de la Bible, comme le livre des Proverbes qui nous dit qu’il est aussi stupide de s’immiscer dans la discussion d’un autre que de tirer les oreilles d’un chien enragé. Ou encore Élie qui se moque des prophètes de Baal en leur demandant si leur dieu n’est pas là pour les aider parce qu’il est allé aux toilettes. Mais la plupart du temps, l’humour biblique dépend de l’exagération ou de la tournure inattendue des événements. Nous pouvons voir ce type d’humour à l’œuvre dans les histoires des patriarches, Abraham, Isaac, Jacob et Joseph. Le nom d’Isaac signifie littéralement « rire », et nous pouvons voir un peu de cela à l’œuvre dans la lecture d’aujourd’hui du livre de la Genèse.

Au moment où se déroule cette histoire, Isaac a 40 ans et n’est pas marié. Abraham, son père, ne veut pas qu’il épouse une Cananéenne. Mais il ne lui donne pas non plus la permission de partir loin de chez lui. Abraham envoie donc un serviteur chercher une femme pour Isaac à Aram, la ville d’origine d’Abraham dans le nord de la Mésopotamie. Le serviteur revient avec la belle Rebecca et, alors qu’elle s’approche de la maison d’Isaac, deux incidents étranges qui nous prennent un peu au dépourvu et peuvent même nous faire rire se produisent.

Lorsque Rebecca voit Isaac pour la première fois en regardant à travers les champs, l’hébreu nous dit qu’elle est littéralement « tombée de son chameau ». Notre traduction française d’aujourd’hui dit qu’elle en a « sauté à bas ». De nombreuses traductions anglaises disent qu’elle a ‘dismounted’. Mais l’hébreu est clair. Elle est tombée. De quoi s’agit-il ici ? A-t-elle perdu le contrôle parce qu’elle était épuisée après un long voyage ? A-t-elle été tellement éblouie par la beauté d’Isaac qu’elle a oublié comment monter un chameau ? Isaac faisait-il quelque chose de si étrange dans le champ qu’elle est tombée de son chameau sous le choc ? Personne ne peut le dire avec certitude. Certaines interprétations de ce passage y voient quelque chose de drôle pour détendre l’atmosphère. Le nom d’Isaac signifiant « rire », les premiers narrateurs de cette histoire auraient profité de cet incident pour témoigner de la justesse de son surnom.

Deuxièmement, que faisait exactement Isaac dans les champs ? Les différentes traductions de la Bible disent des choses différentes. Marchait-il simplement ? Ou bien priait-il ou méditait-il ? Le mot n’apparaît qu’une seule fois dans l’Ancien Testament, et il est difficile à traduire. Isaac a eu une vie assez traumatisante. La semaine dernière, nous avons appris qu’il avait échappé de peu à un sacrifice humain. Sa mère vient de mourir, et le texte nous dit qu’il revient tout juste de visiter le puits où son demi-frère Ismaël a été vu pour la dernière fois avant de disparaître dans le désert du Néguev. Il n’est donc pas surprenant qu’il erre dans les champs au crépuscule. Nous faisons parfois quelque chose de similaire, lorsque nous errons sans but dans les rues ou les parcs de New York pour nous « vider l’esprit », ou pour essayer de prendre du recul sur notre vie et la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Cette histoire est chargée d’émotion. D’un côté, il y a l’exil de Rebecca, qui voyage loin de sa famille et de sa maison, sans savoir ce qu’elle va trouver. D’autre part, nous avons le découragement d’Isaac, dont le nom signifie « rire », mais dont la vie, jusqu’à présent, n’a pas été à la hauteur de son nom. L’histoire de Rebecca nous montre qu’il faut parfois quitter son foyer pour se trouver chez soi, même si cette étape est difficile. Isaac nous montre que notre vie peut changer en un instant et que Dieu peut nous offrir des joies inattendues au moment où nous nous y attendons le moins. Leur rencontre nous montre que notre recherche du bonheur et notre recherche de Dieu ont l’habitude de se croiser très souvent. Isaac ne savait pas que Rebecca serait la réponse à ses prières. Tout comme on ne sait pas toujours que l’on est soi-même la réponse aux prières des autres. Les histoires d’amour se terminent rarement bien, mais cette histoire est une exception. Ils ont été si heureux en ménage que notre Livre de la Prière Commune fait référence à leur relation lors de la cérémonie du mariage, en priant pour que le couple qui se marie soit aussi heureux qu’ils l’ont été.

Où que vous en soyez dans votre propre voyage en amour ou en exil, souvenez-vous que, quoi qu’il arrive, vous trouverez la paix en écoutant la voix de Dieu. La chute de Rebecca de son chameau est un moment de soulagement dans l’histoire qui se déroule, et c’est peut-être le moment où Isaac lui-même a ri pour la première fois. L’histoire nous enseigne que la voix de Dieu peut souvent être entendue à travers l’humour ; des moments de rire qui ouvrent nos cœurs et nos esprits pour voir les choses à travers les yeux de Jésus et pas seulement à travers les nôtres. Le rire est l’un de ces dons de Dieu que certaines personnes dans la vie peuvent nous offrir, et dont nous avons besoin non seulement dans les moments difficiles, mais aussi dans nos routines quotidiennes. Le message que Jésus nous adresse dans notre évangile ne pourrait être plus réconfortant, et il n’est pas dépourvu d’humour. Il nous compare à des bœufs qu’il s’apprête à atteler. Il se compare lui-même au conducteur qui nous pousse – les bœufs – vers l’avant pour accomplir ensemble une tâche commune. Mais prenons courage. Ailleurs, il nous dit qu’il sera avec nous, quelle que soit la difficulté des tâches auxquelles nous sommes confrontés : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos […] Le joug que je vous invite à prendre est bienfaisant et le fardeau que je vous propose est léger. »

NJM Ver. Fr. FS

Sixth Sunday after Pentecost
July 9, 2023
Genesis 24:34-67 Romans 7:15-25 Matthew 11:16-30

Does God have a sense of humor? Well, if we are made in the image of God, the answer to that question should surely be ‘yes’. And yet historically, Christians have been hesitant to find God’s sense of humor in the Bible. Jokes are very hard to translate; and that is especially true for jokes that are over two thousand years old. We can still ‘get’ some of the Bible’s jokes – like the Book of Proverbs telling us that interfering in someone else’s argument is as foolish as pulling on a mad dog’s ears. Or Elijah taunting the prophets of Baal by asking them if their god isn’t around to help because he’s gone to the toilet. But most of the time, Biblical humor is dependent on exaggeration, or unexpected turns of events. We can see this sort of humor at work in the stories of the patriarchs, Abraham, Isaac, Jacob and Joseph. Isaac’s name literally means ‘laughter’, and we can see a little bit of this at work in today’s reading from the book of Genesis.

At the time this story takes place, Isaac is 40 years old and unmarried. Abraham his father doesn’t want him to marry a Canaanite woman. But he doesn’t give him permission to travel away from home either. So Abraham sends a servant to look for a wife for Isaac back in Aram – Abraham’s original home town in northern Mesopotamia. The servant returns with the beautiful Rebecca, and as she approaches Isaac’s home, two strange incidents take place which take us a bit by surprise, and can even make us laugh.

When Rebecca sees Isaac for the first time as she looks across the fields, the Hebrew tells us that she literally ‘fell off her camel’. Our French translation today says jumped. Many English translations say “dismounted”. But the Hebrew is clear. She fell off. What is the point here? Did she lose control because she was exhausted after a long journey? Was she so smitten by Isaac’s beauty that she forgot how to ride a camel? Was Isaac actually doing something so odd in the field that she fell off her camel in shock? Nobody can tell for sure. Some interpreters of the passage see it as a moment of comic relief. Because Isaac’s name means ‘laughter’, the early tellers of this story would have made the most of this incident to testify to the aptness of his nickname.

Secondly, what exactly was Isaac doing in the field? Different translations of the Bible say different things. Was he just walking? Or was he praying or meditating? The word occurs only once in the Old Testament, and it is hard to translate. Isaac has had quite a traumatic life. Last week, we heard that he narrowly escaped being the victim of human sacrifice. His mother had recently died, and the text tells us that he had just returned from visiting the well where his half-brother Ishmael was last seen before disappearing into the Negev desert. It is hardly surprising that he is wandering in the fields at dusk. We sometimes do the same, as we wander aimlessly through the streets or parks of New York to ‘clear our minds’, or to try to gain perspective on our lives and the situation in which we find ourselves.

This is a story charged with emotion. On the one side we have the Rebecca’s exile – travelling far from her family and her home, not knowing what she is going to find. On the other hand, we have the disconsolate Isaac, whose name means ‘laughter’, but whose life up to now has not lived up to his name. Rebecca’s story shows us that we may have to leave home to find a home – however difficult that step may be. Isaac shows us that our lives can change in a moment, and God can gift us with unexpected joys when we least expect them. Their meeting shows us that our search for happiness and our search for God have a habit of very often intersecting with each other. Isaac didn’t know that Rebecca would be the answer to his prayers. Just as you don’t know very often that you yourself are the answer to the prayers of others. Lovers’ tales seldom have a happy ending, but this story is an exception. They were so happily married that the Book of Common Prayer refers to their relationship in the marriage ceremony, praying that the couple being married will be as happy as they were.

Wherever you are in your own journey in love or in exile, remember that whatever happens, you will find peace by listening for God’s voice. Rebecca falling off her camel comes as a moment of light relief in the story that unfolds, and perhaps it was the moment that Isaac himself laughed for the first time. The story teaches us that God’s voice can often be heard through humor; moments of laughter that open our hearts and minds to see things through Jesus’ eyes and not just through our own. Laughter is one of those gifts from God that some people in life can give to us, and one that we are in need of not just in difficult times, but in our daily routines too. Jesus’ message to us in our gospel could not be more comforting; and it isn’t without humor. He compares us to oxen that he is about to yoke together. He compares himself to the driver who pushes us – the oxen – forward to accomplish a common task together. But be of good cheer. Elsewhere he tells us that he will be with us, however hard the tasks we face, “Come to me all you who labor and are heavy laden, and I will give you rest. For my yoke is easy and my burden light.”

NJM