sermons

Le 4e dimanche de Pâques
le 30 avril 2023

L’une des choses les plus déchirantes et pourtant les plus émouvantes que j’ai faites en tant que recteur de notre petite église a été d’accompagner des réfugiés ou des demandeurs d’asile politique lors d’audiences avec le service d’immigration et de naturalisation des États-Unis d’Amérique, et de traduire leur histoire du français vers l’anglais. Entendre ce qu’il a dû se passer pour qu’ils soient chassés de chez eux, et les tortures qu’ils ont parfois endurées, m’a plus d’une fois ému aux larmes. Il y a plusieurs années, à la suite des attaques terroristes aux États-Unis et des guerres en Afghanistan et en Irak, nous avons commencé à entendre parler de techniques de torture similaires utilisées sur des prisonniers politiques dans les prisons américaines à l’étranger. Des hommes politiques et leurs conseillers ont fait des déclarations en faveur de « méthodes extrêmes d’interrogation » qui auraient été impensables quelques années auparavant. Nous avons découvert que la torture était devenue une science raffinée. Des études ont été menées pour déterminer les méthodes les plus efficaces pour briser l’esprit d’un prisonnier. Les résultats ont révélé que la plupart des gens ne s’effondrent pas aussi rapidement à la suite d’une privation physique ou d’une blessure physique qu’à la suite d’une mise en isolation ou de la création d’un environnement psychologiquement instable. Monter un prisonnier contre un autre est extrêmement efficace, tout comme l’humiliation. Pour la plupart, les personnes torturées de cette manière ne sont pas soutenues principalement par la foi en leur pays ou par la justesse de la cause pour laquelle elles se battent. Elles tirent leur plus grande force des liens étroits qu’elles ont tissés avec les groupes auxquels elles appartiennent.

Il va sans dire que je suis opposé à la torture sous toutes ses formes. Il est indigne d’un chrétien de l’envisager et tous les chrétiens devraient s’unir pour se repentir des occasions où nous avons eu recours à la torture sur d’autres personnes dans le passé. Les adeptes d’une religion née de la torture et de l’exécution brutale de son fondateur devraient savoir qu’il ne faut pas torturer et exécuter d’autres personnes. Si j’évoque la torture, c’est pour mettre en contraste cette pratique odieuse et inhumaine avec son opposé total : la manière dont les êtres humains se sont rassemblés pour créer des communautés de personnes unies dans l’amour et la loyauté, non seulement les unes envers les autres, mais aussi envers le monde en dehors de leurs propres cercles.

Luc dépeint un tel groupe lorsqu’il parle de l’Église primitive dans le livre des Actes des Apôtres. Au lieu d’y voir une communauté divisée contre elle-même par la torture psychologique ou physique, ou par le désir d’humilier l’étranger ou l’ennemi, nous lisons le passage suivant : « Tous s’appliquaient fidèlement à écouter l’enseignement que donnaient les apôtres, à vivre dans la communion fraternelle, à partager ensemble le pain et à participer aux prières. Chacun reconnaissait l’autorité de Dieu car il accomplissait beaucoup de prodiges et de signes extraordinaires par l’intermédiaire des apôtres. Tous les croyants étaient unis et partageaient entre eux tout ce qu’ils possédaient. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et ils répartissaient l’argent ainsi obtenu entre tous, en tenant compte des besoins de chacun. Chaque jour, d’un commun accord, ils se réunissaient dans le temple, ils partageaient ensemble le pain dans chaque maison et prenaient leur nourriture avec joie et sincérité de cœur. Ils louaient Dieu et ils étaient estimés par tout le monde. » (Actes 2:42-47a)

Nous avons ici un aperçu de la première communauté de croyants. Luc ne décrit pas leur ordre de culte, ni les rituels qu’ils auraient pu utiliser. Il décrit la première Église en écrivant ce que les croyants ont fait lorsqu’ils se sont réunis pour la première fois. L’objectif de ces croyants n’était pas un super-apôtre ou une figure de proue charismatique. Ils ne sont pas rassemblés par une grande déclaration doctrinale. C’est le message des apôtres qui les a rapprochés les uns avec les autres. Lorsque Pierre s’est levé et a proclamé qu’ils pouvaient être libérés et jouir de l’amour et de la faveur de Dieu, ils ont eu soif d’en savoir plus. Ils voulaient entendre parler de ce Jésus de Nazareth et faire l’expérience de la communauté que ses disciples fondaient, enracinée dans celui que les apôtres appelaient le Premier-né de la nouvelle création. Ils étaient désormais frères et sœurs dans cette nouvelle création, et il leur incombait de vivre une vie qui reflète l’amour que Dieu porte à tous ses enfants, et l’amour que ces enfants devraient avoir les uns pour les autres.

Luc a écrit les Actes des Apôtres à une époque où les chrétiens commençaient à être persécutés, chassés de leurs communautés et même torturés. Les choses allaient empirer pour ces chrétiens dans les années à venir. C’est en partie pour cette raison que Luc met l’accent sur la force de la communion qui existait entre les premiers croyants. Aucune persécution, aucune torture ne pouvait les faire céder, précisément parce qu’ils étaient capables de s’accrocher à l’amour que Dieu avait pour eux et à l’amour qu’ils avaient les uns pour les autres.

Il n’y avait pas d’étrangers ou d’initiés. Ils étaient simplement en Christ. Ils venaient de nations différentes, parlaient des langues différentes, mais Jésus-Christ avait brisé toutes ces distinctions superficielles. Ils n’avaient pas de nom officiel, de livre de croyances ou d’organisation. Ils étaient simplement des croyants qui avaient reçu le message du salut et qui exprimaient leur unité avec le Christ et les uns avec les autres en rompant le pain. À Saint-Esprit, nous sommes appelés à en faire de même, à vivre en communion les uns avec les autres afin que le Christ ressuscité soit révélé au monde dans un écho aujourd’hui de cette première communauté de croyants à Jérusalem.

NJM Ver. Fr. FS

 

Easter IV
April 30, 2023
Acts 2:41-47 1 Peter 2:19-25 John 10:1-10

One of the most heartbreaking and yet moving things I have done as the rector of our little church has been to accompany refugees or political asylees to hearings with the Immigration and Naturalization Service of the United States of America, and to translate their stories from French into English. Hearing what has happened to drive them from their homes, and the torture that they have sometimes endured has more than once moved me to tears. Several years ago, during the fallout from the terrorist attacks in the United States and the wars in Afghanistan and Iraq, we began to hear of similar torture techniques being used on political prisoners in American jails abroad. Politicians and their advisors made statements in support of ‘extreme interrogation methods’ that would have been unthinkable only few years before. We found out that torture had been turned into a refined science. Studies were conducted to determine what methods are most effective in breaking a prisoner’s spirit. The findings revealed that most people do not break down from physical deprivation or physical harm as quickly as they do from solitary confinement or from the creation of a psychologically unstable environment. Setting one prisoner against another is extremely effective, as is humiliation. For the most part, people who are tortured in this way are not sustained primarily by faith in their country or by the rightness of the cause for which they fight. They draw their greatest strength from close attachments they form in the groups to which they belong.

Now, it goes without saying that I am against torture in any form. It is beneath the dignity of a Christian to contemplate it; and it all Christians should join together to repent for those occasions on which we have employed torture on other people in the past. The adherents of a religion that was born out of the brutal torture and execution of its founder should know better than to torture and execute others. The reason I bring up torture is to contrast this abhorrent and inhuman practice with its complete opposite: the way in which human beings have joined together to create communities of people united in love and loyalty to not only to each other, but also in service to the world outside their own circles.

Luke paints a picture of such a group when he speaks of the Early Church in the book of Acts. Instead of a community that is divided against itself by psychological or physical torture, or a desire to humiliate the outsider or the enemy, we read the following passage: “They devoted themselves to the apostles’ teaching and to fellowship, to the breaking of bread and to prayer. Everyone was filled with awe, and the apostles did many wonders and miraculous signs. All the believers were together and had everything in common. Selling their possessions and goods, they gave to anyone, as he had need. Every day they continued to meet together in the temple. They broke bread in their homes and ate together with glad and sincere hearts, praising God and enjoying the favor of all the people.” (Acts 2:42-47a)

Here we catch a glimpse of the first fellowship of believers. Luke does not describe their order of worship, or the rituals they might have used. He describes the first church by writing about what the believers did when they came together for the first time. The focus of those believers was not some super-apostle or a charismatic figurehead. They are not drawn together by some great Doctrinal Statement. It was the message of the Apostles that brought them into fellowship with each other. When Peter stood up and proclaimed that they could be freed and enjoy the love and favor of God, they had a thirst to hear more. They wanted to hear about this Jesus of Nazareth and to experience the community that his followers were founding, rooted in the one that the apostles called the Firstborn of the New Creation. They were now brothers and sisters in that New Creation, and it was incumbent upon them to live lives that reflected the love that God bears for all his children, and the love that those children should have for each other.

Luke wrote the Acts of the Apostles at a time when Christians were beginning to be persecuted, thrown out of their communities and even tortured. Things would get much worse for those Christians in the years ahead. It is partly for this reason that Luke focuses on the strength of the fellowship that existed between the first believers. No persecution, no torture could make them yield; precisely because they were able to hold fast to the love God had for them, and the love that they had for each other.

There were no outsiders or insiders. They were simply in Christ. They were from different nations, spoke different languages, but Jesus Christ had broken down all such superficial distinctions. They had no official name, no creed book, or organization. They were simply believers who received the message of salvation, and expressed their one-ness with Christ and with each other through the breaking of the bread. We at St. Esprit are called to do the same; to live in communion with each other so that the risen Christ will be revealed to the world in an echo today of that first community of believers in Jerusalem.

NJM