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Le 4e dimanche après la Pentecôte | Propre 7A                                   le 25 juin 2023

Je ne sais pas s’il y a des fans de séries de science-fiction ici aujourd’hui, et en particulier de séries sur l’exploration de l’espace. Je voudrais commencer par vous parler de celles qui sont réalistes et qui se passent dans le futur de notre univers. La plus connue de ce genre est Star Trek. La chose intéressante avec ce genre de séries, c’est qu’elles nous permettent de visualiser ce que pourrait être notre société dans 200, 400, ou 600 ans, et de la comparer avec notre société actuelle. Ce futur est généralement très facile à accepter – les auteurs de ces séries doivent créer un futur cohérent pour que l’audience y croit. En regardant ces séries, nous nous plaçons dans cette société utopique du futur, et de ce point de vue nous pouvons plus facilement voir les problèmes de notre société d’aujourd’hui. Bizarrement, il y a plusieurs points qui sont presque toujours présents. Quelques 100 ou 200 ans dans notre futur, l’humanité découvre un type de moteur qui nous permet d’explorer l’espace facilement et nous découvrons d’autres planètes et d’autres espèces (généralement humanoïdes). Nous nous entendons très bien avec certaines et nous créons une alliance globale, ou fédération, mais les conflits continuent parce que certaines espèces sont hostiles. Cependant les conflits n’existent plus sur terre. En effet, bien que l’humanité ne croie plus en Dieu, la vie sur terre ressemble généralement au paradis. Vous voyez, dans notre futur proche, selon ces séries, une invention va révolutionner notre façon de concevoir notre vie ensemble, et il s’agit du synthétiseur, ou réplicateur de nourriture et d’objets. Cet appareil peut recycler la matière sans fin et créer tout ce que vous voulez. La conséquence directe de cette invention est l’abandon complet du système monétaire – il n’y a plus besoin d’argent. La conséquence suivante est qu’il n’y a plus de pauvreté sur terre – tous les besoins de bases sont accessibles gratuitement et par tous ; ensuite, les conflits nationaux disparaissent tout comme les frontières – les rivalités n’ont plus de raison d’être et un gouvernement terrestre est créé pour tous. Dans ce futur, les gens ne travaillent plus pour survivre, mais parce qu’ils ont envie de faire quelque chose – généralement dans les arts, la recherche ou la science. Enfin, puisque l’éducation est gratuite et accessible à tous, les découvertes scientifiques et médicales fleurissent et les maladies sont éradiquées. J’imagine Rosemary assise sur un de nos bancs devant moi, notre trésorière qui nous a quitté le 16 juin dernier et nous manque tellement. Je pense que cette société utopique où l’argent n’existe plus la ferait rire…

Donc, retournons sur terre et à notre présent. Nous sommes malheureusement tous victimes du capitalisme… Nous avons tous déjà vu dans les magasins ou sur le marché des écriteaux qui disent : « deux pour le prix d’un !!! » ou « achetez-en 2 et le 3e sera gratuit !!! » Nous avons tous même parfois acheté plus que ce dont nous avions besoin parce que c’était : « une bonne affaire ! » Eh bien en fait, cette façon de faire du commerce n’est absolument pas une nouveauté ou une évolution. Aujourd’hui notre Évangile de Matthieu nous dit : « Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou ? » ; mais lorsque Luc nous parle de cette parabole il dit : « Ne vend-on pas cinq moineaux pour deux sous ? » Cette comparaison des deux évangiles nous permet de voir que même à l’époque de Jésus, si vous achetiez 4 moineaux, vous en obteniez un gratuit ! Quelle bonne affaire ! En sachant que 2 moineaux étaient utilisés dans le rite de la purification des lépreux, vous pouviez purifier 2 lépreux et demi avec 2 sous…

Mais plus sérieusement, quand Jésus parle du petit prix des moineaux, ce dont il parle est la conception humaine de la valeur de la création. Les moineaux sont créés par Dieu pour prendre leur envol, et seul Dieu peut décider de les mettre à terre. La valeur de la plus petite création n’est pas quantifiable sur une échelle monétaire, et il en est de même pour nous : « même les cheveux de votre tête sont tous comptés. » Jésus prépare les disciples à la persécution. Il les envoie dans un monde injuste avec un message de justice que les puissants de ce monde veulent faire taire quel qu’en soit le coût : « aucun disciple n’est supérieur à celui qui l’enseigne ; aucun serviteur n’est supérieur à son maître. Il suffit que le disciple devienne comme celui qui l’enseigne et que le serviteur devienne comme son maître. » Le mot ‘serviteur’ ici en Grec est δοῦλος – ceux qui auront vu la vidéo que nous avons filmée sur la traduction de la Bible avec Valérie Duval-Poujol sauront que ce mot pose un problème linguistique. δοῦλος signifie ‘esclave’, il n’y a aucun doute – mais nos traducteurs veulent éviter un anachronisme à cause de l’histoire récente, alors ils utilisent le mot ‘serviteur’ en français. Mais le mot ‘serviteur’ annule un point important de la relation maître – esclave de l’époque de Jésus : une personne appartient à une autre et une valeur monétaire lui est attribuée. Même si nous venons de nous souvenir de l’abolition de l’esclavage au Texas (il y a seulement 157 ans…) le 19 juin dernier, la valeur que nous attribuons aux autres existe toujours et sous d’autres formes, et elle doit disparaître. Malheureusement, ceux qui dans notre monde semblent ‘valoir plus’, ceux qui ont le plus de pouvoir, seront les derniers à accepter de rétablir une balance d’égalité, la balance de Dieu, celle que Jésus nous demande de prêcher dans le monde et qui divise. Mais gardez en tête que les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers…

J’aimerais revenir à la science-fiction une seconde, parce que quelqu’un m’a dit cette semaine : « Le Royaume de Dieu ne semble jamais arriver… Le monde ne fait que s’empirer. ». Dans ces séries de science-fiction, il existe généralement une directive qui interdit aux humains de notre futur d’entrer en contact avec une espèce d’une autre planète qui n’a pas encore découvert le voyage interstellaire. La raison de cette directive est souvent expliquée par un exemple : lors des premiers voyages, des explorateurs humains ont offert de bonne grâce leur technologie à une société moins avancée qui avait atteint un niveau de développement similaire au notre aujourd’hui. Le résultat de cette ‘contamination’ a été que tous les gouvernements de cette planète encore en conflit se sont battus pour pouvoir contrôler ces technologies pensant que certains valaient mieux que d’autres. Enfin, ils se sont annihilés les uns les autres. Je pense que cette métaphore est importante. Il est facile de désespérer lorsque nous nous concentrons sur le présent et le passé. Certains attendent que Dieu impose sa volonté à ceux qu’ils considèrent ‘méchants’, ou ‘mauvais’ – ce sont généralement ceux qui adorent le livre de l’Apocalypse parce qu’ils espèrent un Jésus frappeur qui reviendra punir les méchants et offrira aux « bons chrétiens » une cité d’or. Mais Dieu est patient, et il est très arrogant de penser que nous sommes prêts aujourd’hui en tant que peuple et société – et même en tant que chrétiens. Jésus nous dit d’aimer notre ennemi. Ça ne veut pas dire de prier pour qu’il devienne comme nous, tout en se disant qu’il brulera en enfer s’il ne change pas. Oui, notre société d’aujourd’hui et d’hier est injuste, mais nous avançons vers un demain où nous serons tous ensemble prêts à recevoir le Royaume de Dieu. Jésus dit qu’il est venu apporter le combat, que nos ennemis seront les membres de notre propre famille. C’est une vérité encore aujourd’hui, parce que son message divisait à son époque, et ce message divise toujours aujourd’hui. Nous sommes cette planète qui n’est pas prête dont je parlais – pourtant nous avançons vers le jour où nous seront tous prêts. Dans notre condition actuelle, il vaut mieux être dans la division, mais dans la communication, que de se reclure dans nos communautés en attendant que les autres disparaissent. Prêchez et apportez la lumière du Christ dans le cœur d’une personne, ou de deux – peut-être que la troisième sera gratuite ! Souvenez-vous que la plus petite des personnes compte, tout comme la plus grande. Quoi que les riches et puissants, mais aussi vous et moi, puissent en dire aujourd’hui, personne ne vaut plus qu’un autre aux yeux de Dieu. Vous valez tous tout autant que moi, et je vaux tout autant que la pire des personnes de ce monde, et nous devons tous nous donner le temps pour que la lumière du Christ atteigne tous les cœurs. Soyons patients, et continuons de prêcher le message de Jésus avec espérance, et laissons ce message nous changer les uns les autres pour qu’enfin ce ne soit pas le plus petit qui cherche à devenir l’égal du plus grand, mais le plus grand qui accepte de laisser le plus petit devenir son égal. « Longue vie et prospérité ».

FS

 

Fourth Sunday after Pentecost
June 25, 2023 – Proper 7A
Genesis 21:8-21; Romans 6:1b-11; Matthew 10:24-39

I don’t know if there are any fans of science fiction series here today, and in particular series about space exploration. I’d like to start by talking about the realistic ones set in the future of our universe. The best-known is Star Trek. The interesting thing about this kind of series is that they allow us to visualize what our society might be like in 200, 400 or 600 years’ time, and to compare it with our current society. This future is generally very easy to accept – the authors of these series must create a coherent future for the audience to believe in. By watching these series, we can identify ourselves in this utopian society of the future, and from this vantage point we can more easily see the problems of our society today. Strangely enough, there are several points that are almost always present. Some 100 or 200 years in our future, humanity will discover a type of engine that will allow us to explore space easily, then we discover other planets and other species (usually humanoid). We get on very well with some of them and create a global alliance, or federation, but conflicts continue because some species are hostile. However, conflict no longer exists on Earth. In fact, although humanity no longer believes in God, life on earth generally resembles Heaven. You see, in our near future, according to these series, an invention is going to revolutionize the way we conceive of our life together, and it’s the synthesizer, or replicator of food and objects. This device can recycle matter endlessly and create anything you want. The direct consequence of this invention is the complete abandonment of the monetary system – there’s no longer any need for money. The next consequence is that there is no longer any poverty on earth – all basic needs are accessible to all, free of charge; then, national conflicts disappear, as do borders – rivalries no longer have any reason to exist, and an earthly government is created for all. In this future, people no longer work to survive, but because they want to do something – usually in the arts, research, or science. Finally, since education is free and accessible to all, scientific and medical discoveries flourish and diseases are eradicated. I imagine Rosemary sitting in one of our pews in front of me, our treasurer who left us this June 16 and who we miss so much. I think she would laugh at the idea of this utopian society where money no longer exists…

So, let’s get back down to earth and to the present. Unfortunately, we’re all victims of capitalism… We’ve all seen signs in stores or markets that say: “two for the price of one!!!” or “buy 2 get 1 free!!!” We’ve all even sometimes bought more than we needed because it was: “a good deal!” Well, actually, this way of doing business is by no means a novelty or an evolution. Today, our Gospel from Matthew tells us, “Don’t we sell two sparrows for a penny?”; but when Luke tells us about this parable he says, “Don’t we sell five sparrows for two pennies?” This comparison of the two gospels allows us to see that even in Jesus’ day, if you bought 4 sparrows, you got one free! What a bargain! Knowing that 2 sparrows were used in the rite of purification of the lepers, you could purify 2 and a half lepers with 2 pennies…

But more seriously, when Jesus talks about the low price of sparrows, what he’s talking about is the human conception of the value of creation. Sparrows are created by God to take flight, and only God can put them down. The value of the smallest creation is not quantifiable on a monetary scale, and the same is true for us: “even the hairs of your head are all numbered.” Jesus prepares the disciples for persecution. He sends them into an unjust world with a message of justice that the powerful people of this world want to silence, whatever the cost: “no disciple is superior to his teacher; no servant is superior to his master. It is enough for the disciple to become like his teacher, and the servant like his master.” The word ‘servant’ here in Greek is δοῦλος – those who will have seen the video we filmed on Bible translation with Valérie Duval-Poujol will know that this word poses a linguistic problem. δοῦλος means ‘slave’, there’s no doubt about it – but our translators want to avoid an anachronism because of recent history, so they use the word ‘servant’ in some translations. But the word ‘servant’ negates an important point in the master-slave relationship of Jesus’ day: one person belongs to another, and a monetary value is assigned to them. Even though we have just remembered the abolition of slavery in Texas (only 157 years ago…) this June 19th, the value we see in others still exists and, in many forms, – and we must do away with it. Unfortunately, those in our world who seem to be ‘worth more’, those with the most power, will be the last to agree to re-establish a balance of equality, God’s balance, the one Jesus asks us to preach in this divided world. But keep in mind that the first will be last, and the last will be first…

I’d like to go back to science fiction for a second, because someone said to me this week, “The Kingdom of God never seems to arrive… The world only gets worse.” In these sci-fi series, there’s usually a directive that forbids humans in our future from making first contact with a species on another planet that hasn’t yet discovered interstellar travel. The reason for this directive is often explained with an example: during the first voyages, human explorers willingly offered their technology to a less advanced society that had reached a level of development similar to ours today. The result of this ‘contamination’ was that all the planet’s governments, still in conflict, fought for control of these technologies, believing that some were better fitted for control than others. In the end, they annihilated each other. I think this is an important metaphor. It’s easy to despair when we focus on the present and the past. Some people wait for God to impose his will on those they consider ‘wicked’, or ‘evil’ – these are usually the people who love the book of Revelation because they hope for a smiting Jesus who will return to punish the wicked and offer ‘good Christians’ a city of gold. But God is patient, and it’s very arrogant to think that we’re ready today as a people and a society – and even as Christians. Jesus tells us to love our enemy. That doesn’t mean praying that they’ll become like us, while telling ourselves that they’ll burn in hell if they don’t change. Yes, our society of today and yesterday is unjust, but we’re moving towards a tomorrow where we’ll all be ready to receive the Kingdom of God together. Jesus says he came to bring the sword, that our enemies will be our own family members. That’s true even today, because his message was divisive in his day, and it is still divisive today. We are that planet I just talked about, that planet that’s not ready – yet we are moving towards the day when we will all be ready. In our current condition, it’s better to be divided, but in communication, than to retreat into our communities and wait for others to disappear. Preach and bring the light of Christ into the heart of one person, or two – maybe the third one will be free! Remember that the smallest person counts, just as much as the biggest. Whatever the rich and powerful, but also you and I may think today, no one is worth more than another in God’s eyes. You’re all worth just as much as I am, and I’m worth just as much as the worst person in this world, and we must all give ourselves time for the light of Christ to reach every heart. Let us be patient and continue to preach the message of Jesus with hope, and let that message change us all, so that in the end it is not the lesser who seeks to become the equal of the greater, but the greater who agrees to let the lesser become his equal. “Live long and prosper.”

 FS