sermons

3e dimanche de Pâques                                                                                            le 14 avril 2024

On entend souvent dire dans les évangiles que les disciples ne comprenaient pas ce que Jésus leur enseignait parce que leurs pensées étaient les pensées de ce monde. Aujourd’hui, on nous dit qu’ils étaient tellement étonnés qu’ils n’arrivaient pas à croire. Ensuite, Jésus doit encore leur « ouvrir l’intelligence pour qu’ils comprennent les Écritures ». J’aime bien imaginer Jésus au téléphone dans un service d’assistance technique. Je l’imagine en train d’expliquer quelque chose qui me semble facile à quelqu’un qui ne comprend pas et ça m’aide à tenter d’émuler la patience dont il a dû faire preuve. Je l’imagine par exemple en train de tenter d’expliquer à quelqu’un au téléphone sur quels boutons cliquer pour pouvoir convertir un fichier Word en PDF. Vous avez surement déjà entendu la blague où une personne appelle l’assistance technique parce que son ordinateur ne démarre pas pour qu’enfin la personne au téléphone se rende compte que son ordinateur n’était pas branché. Comme ces assistants techniques au téléphone qui doivent expliquer des choses qui leur paraissent simples mais qui sont compliqués pour la personne qui pense que son ordinateur a rendu l’âme, Jésus fait deux choses. Premièrement il fait toujours preuve d’une patience phénoménale, il n’hésite pas à répéter plusieurs fois la même chose et à continuer d’accompagner les disciples jusqu’à ce qu’ils soient prêts. Deuxièmement, il prend le temps de faire des choses pour s’assurer qu’ils sont dans un état d’esprit qui leur permette de croire et de comprendre. Aujourd’hui encore, nous avons un exemple de pourquoi nous appelons Jésus « le grand enseignant ».

La patience de Jésus est très claire déjà parce qu’il revient une deuxième fois après sa résurrection pour leur redire la même chose. Juste avant dans notre Évangile, Jésus était apparu sur le chemin d’Emmaüs à deux des disciples. Ces deux disciples, qui ne reconnaissent pas Jésus, lui disent qu’ils étaient déçus parce qu’ils pensaient que Jésus serait « celui qui devait relever Israël ». Jésus – j’imagine un peu choqué de voir à quel point ils n’ont rien compris alors qu’il leur avait déjà expliqué ce qui devait arriver avant d’être crucifié – leur explique donc encore : « ‘Gens sans intelligence, que vous êtes lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffre ainsi avant d’entrer dans sa gloire ?’ Puis il leur expliqua ce qui était dit à son sujet dans l’ensemble des Écritures, en commençant par les livres de Moïse et en continuant par tous les livres des Prophètes. » (Luc 24 :25-27) Juste après ça, Jésus partage du pain et leur donne. D’un coup, à ce moment-là, ils le reconnaissent et repensent à ce qu’il leur avait dit sur les Écritures juste avant.

Dans notre passage de l’Évangile, Jésus revient pour leur enseigner encore une fois la signification de sa mort et de sa résurrection, mais cette fois il change un peu l’ordre des choses. J’aime bien imaginer Jésus qui s’apprêtait à être enlevé au ciel après avoir passé son message aux deux disciples et puis il s’est dit « bon, je vois qu’ils n’ont pas compris et qu’ils ne croient pas encore, je vais y retourner et tenter d’expliquer ça différemment… » Imaginez-vous maintenant à la place des disciples. Vous êtes déçus et en deuil de quelqu’un que vous aimez profondément et tout à coup cette personne apparaît au milieu de vous et elle dit d’une voix douce « la paix soit avec vous ». Évidemment, les disciples ont peur, ils croient que c’est un fantôme, ils réagissent très humainement. Jésus n’a pas d’autre solution pour qu’ils comprennent que de remettre son enseignement à plus tard et de faire des choses qui puissent calmer leurs instincts humains pour qu’ils soient prêt à l’entendre et à le comprendre. Il les rassure en leur prouvant qu’il n’est pas un fantôme. Personnellement, je ne sais pas si ça me ferait moins peur de voir une personne que j’aime qui vient de mourir en chair et en os, plutôt qu’un fantôme, mais là n’est pas le problème. Jésus devait leur montrer qu’il était bien là en chair et en os pour qu’ils puissent témoigner qu’il ne s’agissait pas d’une simple apparition. Jésus sait à quelles accusations ils feront face dans leur témoignage et il agit en conséquence. Cette fois, encore une fois pour les rassurer, mais aussi pour leur donner le temps de se préparer à comprendre et à croire, il leur demande à manger et il mange un peu du poisson qu’ils partageaient déjà. Tout comme la fraction du pain, il fait là quelque chose qu’ils avaient fait de nombreuses fois ensemble. Il y a énormément d’interprétations sur la signification de cet acte, et Nigel a fait une vidéo très approfondie à ce sujet sur notre chaine YouTube, mais personnellement, je pense que cet acte permet aussi aux disciples de se remettre dans cet état d’esprit de communauté, cette situation dans laquelle ils avaient été ensemble énormément de fois, parce qu’en communauté nos sentiments individuels s’effacent.

Parfois, nous sommes submergés par nos sentiments humains : la peur, l’incompréhension, le doute. Ce sont des sentiments qui sont impossible à éviter dans notre monde et qui parfois semblent vivre et se multiplier en nous comme un virus. Mais lorsque nous nous retrouvons et que nous partageons un repas ensemble, en famille, un acte simple et social, ces sentiments sont abattus par notre sentiment d’unité, de communauté. Lorsque nous venons à la table et que nous prenons la communion ensemble, nous devons laisser derrière nous nos peurs, notre incompréhension, nos doutes, et les remettre à Dieu. Et ce n’est qu’à ce moment que nos cœurs sont prêts à recevoir le message de Jésus.

Alors qu’est-ce que Jésus essaie de nous enseigner aujourd’hui alors que nous appelons l’assistance technique parce que nous avons rendu l’âme ? Peut-être que dans nos vies d’adultes dans ce monde, nous nous avons été bombardés de mots et d’actes qui nous ont contaminés. Comme des virus, ces actes et ces mots ont tendance à se répliquer et à se transmettre aux autres à travers nos propres actions et nos réactions humaines. Ces virus nous empêchent de croire, de comprendre. Jésus nous dit que par sa résurrection, nous sommes appelés à changer de vie et à recevoir le pardon des péchés. Lui-même a brisé la chaine de la haine en pardonnant plutôt qu’en répliquant dans sa souffrance, sa mort, et sa résurrection. N’oubliez pas que la patience de Jésus est infinie, c’est la patience divine, celle à laquelle nous sommes appelés à prendre part. Jésus a remis nos âmes à zéro, il a éradiqué nos virus. En tant qu’enfants de Dieu, nous avons toujours du mal à comprendre, mais nos cerveaux et nos cœurs sont comme des éponges qui peuvent apprendre très vite et très profondément. N’hésitez pas à vous imbiber de l’amour de Dieu, de la patience de Jésus, et du feu du Saint-Esprit, et à les laisser se répliquer chez les autres dans notre monde tous les jours.

FS

Easter III
April 14th 2024
Acts 3:12-19, 1 John 3:1-7, Luke 24:36b-48

We often hear in the Gospels that the disciples didn’t understand what Jesus was teaching them because their thoughts were the thoughts of this world. Today, we’re told that they were so astonished that they couldn’t believe. Then Jesus still had to “open their minds to understand the Scriptures”. I sometimes enjoy imagining Jesus at a tech support call center. I imagine him explaining something that seems easy to me to someone who doesn’t understand, and it helps me in trying to emulate the patience he must have shown. For example, I imagine him trying to explain which buttons they need to click to convert a Word file into a PDF to someone over the phone. You’ve probably heard the joke where someone calls tech support because their computer won’t start, only for the person on the phone to realize that their computer wasn’t plugged in. Like those technical assistants on the phone who must explain things that seem simple to them but are complicated to the person who thinks their computer has given up the ghost, Jesus does two things. Firstly, he is always phenomenally patient, never hesitating to repeat the same thing repeatedly, continuing to accompany the disciples until they are ready. Secondly, he takes the time to do things to make sure they’re in the right frame of mind to believe and understand. Today again, we have an example of why we call Jesus “the great teacher”.

Jesus’ patience is already very clear because he returns a second time after his resurrection to tell them the same thing. Earlier in our Gospel, Jesus had appeared on the road to Emmaus to two of his disciples. These two disciples, who didn’t recognize Jesus, told him they were disappointed because they thought Jesus would be “the one to redeem Israel”. Jesus – I imagine a little shocked at how little they understood even though he had already explained to them what was to happen before he was crucified – explains to them: “Oh, how foolish you are and how slow of heart to believe all that the prophets have declared! Was it not necessary that the Messiah should suffer these things and then enter into his glory?’ Then beginning with Moses and all the prophets, he interpreted to them the things about himself in all the scriptures.” (Luke 24:25-27) Right after that, Jesus breaks some bread and gives it to them and suddenly, at that moment, they recognize him and think back to what he had told them about the Scriptures just before.

In our Gospel passage, Jesus returns to teach them once again about the meaning of his death and resurrection, but this time he switches up the order of what he does. I like to imagine that Jesus was about to be carried up to heaven after having taught his message to the two disciples, and then he said to himself, “Well, I see that they haven’t understood and still don’t believe, so I’ll go back and try to explain it differently…”. Now imagine yourself in the disciples’ shoes. You’re disappointed and mourning the loss of someone you deeply love, and suddenly this person appears in your midst and says in a gentle voice, “Peace be with you”. Obviously, the disciples are frightened, they think it’s a ghost, they react very humanly. Jesus has no other way of making them understand than to postpone his teaching and do things to calm their human instincts, so that they are ready to hear and understand him. He reassures them that he’s not a ghost. Personally, I don’t know if it would scare me less to see someone whom I love and has just died in the flesh, rather than a ghost, but that’s not the point. Jesus had to show them that he was there in the flesh, so that they could testify that this was no mere apparition. Jesus knows what accusations they will face in their testimony and acts accordingly. This time, once again to reassure them, but also to give them time to be prepared to understand and believe, he asks them for something to eat, and he eats some of the fish they were already sharing. Like the breaking of the bread, this is something they had done many times together. There are many interpretations of the meaning of this act, and Nigel has made a very in-depth video about it on our YouTube channel, but personally, I think this act also allows the disciples to get back into that community frame of mind, that situation in which they had been together so many times, because in community our individual feelings fade away.

Sometimes we are overwhelmed by our human feelings: fear, incomprehension, doubt. These are feelings that are impossible to avoid in our world, and sometimes they seem to live and multiply within us like a virus. But when we come together and share a meal together as a family, a simple, social act, these feelings are overwhelmed by our sense of unity, of community. When we come to the table and we take communion together, we must leave behind our fears, our incomprehension, our doubts, and hand them over to God. And only then are our hearts ready to receive Jesus’ message.

So, what is Jesus trying to teach us today as we call tech support because we’ve given up the ghost? Perhaps in our adult lives in this world, we’ve been bombarded with words and actions that have infected us. Like viruses, these words and actions tend to replicate and transmit themselves to others through our own human actions and reactions. These viruses prevent us from believing and understanding. Jesus tells us that through his resurrection, we are called to repentance and to receive forgiveness for our sins. He himself broke the chain of hatred by forgiving rather than replicating through his suffering, death, and resurrection. Don’t forget that Jesus’ patience is infinite. It’s divine patience, and we’re called to share in it. Jesus has reset our souls, eradicated our viruses. As children of God, we still find it hard to understand, but our brains and hearts are like sponges that can learn very quickly and very deeply. Don’t hesitate to soak up the love of God, the patience of Jesus, and the fire of the Holy Spirit, and let them replicate in others in our world every day.

FS