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Le 3e dimanche après la Pentecôte                                                le 18 juin 2023

« Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes ; à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. » [Romain 5 :8-9]

 « Allez apprendre ce que signifie : “Je veux la bonté et non le sacrifice. » [Matthieu 13 :9-13(a)]

La première citation est tirée de notre lecture de cette semaine de l’épître de Paul aux Romains. La deuxième citation est tirée de l’Évangile de Matthieu que nous venons d’entendre. À première vue, il semble que ces lectures ne puissent pas appartenir à la même Bible. La première nous fait imaginer un Dieu courroucé qui exige des sacrifices pour apaiser sa colère. La deuxième lecture parle d’un Dieu plein de compassion et de miséricorde.

Je dois dire que je n’ai jamais aimé cette expression : « La colère de Dieu » (the wrath of God). Cette expression me rappelle un de mes amis qui est pasteur baptiste. Chaque fois qu’il m’invitait à prêcher devant sa congrégation, il laissait une note à mon intention dans la chaire. En grosses lettres, on pouvait y lire « Fais les pendre au-dessus de la fosse de l’enfer pour que leurs orteils sentent les flammes ! » Paul évoque l’image d’un Dieu frappeur, d’un Dieu qui imagine des châtiments pour les pécheurs, d’un Dieu qui ne daigne à être miséricordieux qu’une fois sa soif de sang satisfaite. C’est un thème que l’on retrouve dans les religions païennes qui recouraient aux sacrifices humains lorsqu’une épidémie ou une menace de guerre ne pouvait être apaisée par aucun autre moyen. Certains chrétiens continuent de penser à la mort de Jésus en des termes similaires. On retrouve cette façon de penser chez des auteurs comme Anselme de Canterbury, Calvin et les réformateurs suisses, ainsi que dans certaines sectes protestantes de notre époque, comme les Southern Baptist aux États-Unis d’Amérique. Dieu était en colère contre nous et la justice exigeait que nous soyons condamnés à mort pour notre désobéissance. Mais au lieu de nous frapper, Dieu a frappé Jésus, son Fils unique. Une rançon a été payée pour notre péché. Ce n’est que lorsque la justice a été satisfaite que la miséricorde a pu nous sourire.

Je ne veux pas déformer cette doctrine. Dans le meilleur des cas, elle nous offre un Dieu qui nous pardonne, quoi que nous fassions. Mais dans le pire des cas, cette doctrine est grotesque. Elle n’a aucun sens. Si la grâce de Dieu est si abondante, pourquoi la mort sur une croix est-elle nécessaire ? Pourquoi devons-nous être justifiés par le sang versé ? Jésus a dit que nous, pécheurs, devions pardonner notre prochain – pas seulement sept fois, mais soixante-dix fois sept fois. Alors pourquoi Dieu ne peut-il pas le faire aussi ? Quel genre de Dieu fait subir à son fils une mort atroce sur la croix ? Il est très difficile d’aimer un Dieu qui ne peut se résoudre à racheter le monde que par un sacrifice sanglant. Si nous croyons que Dieu a racheté le monde par une mort violente, nous pouvons tout aussi bien justifier toutes les guerres menées au nom de Dieu au cours des deux derniers millénaires. Nous pourrions facilement dire que si Dieu rachète par la violence, nous le pouvons aussi. Si Dieu est lié par les lois de la vengeance, nous le sommes aussi. Il ne suffit de mentionner que l’Irak pour se souvenir des tristes répercussions de la croyance en une idée aussi horrible.

Jésus nous donne l’image d’un Dieu qui est tout en miséricorde, indépendamment des sacrifices. Ce Dieu exige la même chose de nous. Il ne semble pas que ce Dieu insisterait sur la mort d’un seul être humain, et encore moins sur celle de son Fils, afin d’apaiser sa colère. Heureusement, cette théorie sur l’apaisement de Dieu n’est qu’une façon de considérer la Bonne Nouvelle du message de l’Évangile. L’horreur de la croix nous montre que la violence ne fait que perpétuer la violence, et que les premiers à s’en rendre compte sont généralement les victimes les plus innocentes. Pour Clément d’Alexandrie, la croix est un exemple de l’amour suprême de Dieu pour nous – un amour qui s’apparente à celui qu’une mère ressent pour son enfant. Pour Irénée, la mort du Christ est le prix que Dieu a payé à Satan pour nous libérer de l’esclavage de la mort. Pour Hippolyte, la croix était « l’arbre odorant », la croix cosmique primordiale qui nous nourrit tous et à l’ombre de laquelle nous pouvons planter nos tentes. La réponse appropriée à la mort du Christ sur la croix n’est pas un sentiment de soulagement rampant et une promesse larmoyante d’essayer de faire mieux la prochaine fois. La croix devrait faire ressortir ce qu’il y a de meilleur en nous : un profond sentiment de gratitude, une profonde effusion d’amour – la certitude que rien ne peut nous séparer du Dieu qui nous aime tant. La croix nous montre – tout comme l’histoire de Sarah dans l’Ancien Testament – que pour Dieu, rien n’est impossible, même de faire jaillir l’amour et la vie éternelle de ce qui était une mort apparemment futile et sans intérêt.

NJM Ver. Fr. FS

Third Sunday after Pentecost
June 18, 2023
Genesis 18:1-15, Romans 5:1-8, Matthew 9:35-10:8

“God shows his love for us in that while we were yet sinners Christ died for us. Since therefore we are now justified by his blood, much more shall we be saved by him from the wrath of God.”
[Romans 5:8-9]

“Go and learn what this means:
I desire mercy and not sacrifice.”
[Matthew 9:13(a)]

 

The first quotation is taken from this week’s reading from Paul’s letter to the Romans. The second quotation is taken from today’s reading from the Gospel of Matthew. At first sight, it looks as if these readings can’t possibly belong to the same Bible. The first gives the impression of a wrathful God who demands sacrifice to appease his anger. The second reading talks of a God who is all compassion and mercy.

I have to say that I’ve never liked that expression: “The Wrath of God”. It reminds me of a Baptist minister who is a friend of mine. Every time he invited me to preach to his congregation, he left a note for me in the pulpit. In large letters, it read: “Dangle them over the pit! Let their toes feel the flames!” Paul evokes a picture of a God who smites, the God who dreams up punishments for sinners, the God who only condescends to be merciful once His blood lust has been satisfied. It is a theme in Pagan religions, which resorted to human sacrifice if a plague or the threat of war could not be appeased by any other means. Some Christians continue to think of Jesus’ death in similar terms. You can find a similar way of thinking in writers like Anselm of Canterbury, Calvin and the Swiss Reformers, and certain Protestant sects in our own day, like the Southern Baptists in the United States of America. God was angry with us, and justice demanded that we be condemned to death for our disobedience. But instead of smiting us, God smote Jesus, His only Son instead. A ransom paid the price for our sin. Only when justice had been satisfied could mercy smile on us.

I don’t want to misrepresent this doctrine. At its best, it offers us a God who forgives us, no matter what we do. But at its worst, this doctrine is grotesque. It makes no sense. If God’s grace is so abundant, then why is a death on a cross required? Why do we need to be justified by the spilling of blood? Jesus said that we sinners are supposed to forgive our neighbors – not just seven times, but seventy times seven times. So why can’t God do that too? What kind of God puts his son through an excruciating death on the cross? It is very hard to love a God who can only bring himself to redeem the world through a bloody sacrifice. Surely, if we believe that God redeemed the world by means of a violent death, then we can just as easily justify every war that has been carried out in God’s name over the last two millennia? We could easily say that if God redeems through violence, then so can we. If God is bound by the laws of vengeance, then so are we. We only need to mention Iraq to remember the sad repercussions of believing in such a horrible idea.

Jesus gives us a picture of a God who is all mercy, regardless of sacrifices. That God requires the same of us. It doesn’t seem like this God would insist on the death of a single human being, let alone his Son, in order to appease his wrath. Luckily, this appeasement theory about God is only one way of looking at the Good News of the gospel message. The horror of the cross shows us that violence only perpetuates violence, and usually the first to know this are its most innocent victims. For Clement of Alexandria, the cross was an example of God’s supreme love for us – a love that is akin to the love a mother feels for a child. For Irenaeus, Christ’s death was the price God paid to Satan in order to set us free from slavery to death. For Hippolytus, the cross was the “fragrant tree”, the primordial cosmic cross by which we are all fed, and in whose shadow we can pitch our tents. The proper response to Christ’s death on the cross is not a groveling sense of relief and a tearful promise to try to do better next time. The cross should bring out the best in us; a deep sense of gratitude, a profound outpouring of love – a knowledge that nothing can separate us from the God who loves us so much. The cross shows us – just as the story of Sarah showed us in the Old Testament reading – that for God, nothing is impossible; even bringing love and eternal life out of what was a seemingly futile and pointless death.

NJM