Pentecost XVIII

October 9th, 2022

Jeremiah 29:1, 4 –7

II Timothy 2:8-15

Luke 17:11-19

 

Whenever I hear the story of the ten lepers in the Gospel of Luke, I am always intrigued by the nature of the healing or ‘cleansing’ they received at the hands of Jesus. I once worked for several weeks in a hospital in Nigeria which also served as a leper colony. The lepers in that hospital had contracted the disease at a time when it was still very difficult to control through medicine. As a result they had lost their fingers and toes. The disease had also affected their noses and ears. Their skin was frequently discoloured or covered in scabs. Leprosy causes the nerve endings in the extremities of the bodies to die, and as a result those who suffer from the disease cannot feel heat or cold, neither can they feel the pain resulting from cuts or grazes. What did Jesus do to the lepers in the parable? Did he simply cause the scabbing and discolouration to disappear, or was the healing of a more spectacular nature? Did their fingers and toes grow again? Were their noses and ears restored to their original shape?

 

Now, this may seem like a frivolous and even disrespectful way to approach the parable, were it not for the fact that the answer to the question has a direct bearing on how those cleansed lepers would have been received back into their communities. They would have been far more likely to have been welcomed by their families if all signs of leprosy had completely disappeared: if their limbs had been restored to their original appearance, than if their skin had simply reverted to its normal colour. Lepers were and are very often treated as the outcasts of society. There is a great fear of the disease and a terrible anxiety that it is acutely infectious. (Which is not incidentally the case). They are unable to earn money by using their hands, and have often been reduced to begging on the outskirts of cities, as we saw in the parable from the gospel of Luke. Medieval law required them to wear special bells which alerted citizens to their whereabouts. In Manhattan they were required to live on Roosevelt Island, isolated from the rest of society. In Africa, it is frequently the case that only missionaries are happy to look after them once they have been ejected from their own villages or towns. Associating with lepers in Biblical times was tantamount to social suicide.

 

What happened, then, when those ten cleansed lepers went returned to society to tell the good news to their families and neighbours? I think that it is a reasonable guess that they were still very much distrusted. Society’s taboos would not have disappeared miraculously overnight, despite the miraculous intervention of Jesus. We have only to think of the modern-day reaction of people to Ebola or monkey pox to be convinced of that. There are many other examples in the Bible of the distrust of communities when faced with a seeming miracle. To give but one example, we all probably remember how Paul was thrown off his horse by his vision of Christ when he was on the road to Damascus to kill more Christians. Ananaias, the Christian in Damascus who was asked to welcome Paul was initially very distrustful, “Lord, I have heard from many about this man, how much evil he has done to thy saints at Jerusalem.” (Acts 9:13)

 

Perhaps we are right to be distrustful at first of such seeming life-transforming events. How do we know that the lepers are really clean? It is so much harder to be convinced of a life changing event when there are no concrete external signs of it which can be used as proof. How could Ananias know that Paul had really repented? How do we know that politicians or religious leaders who have been caught out in bad behavior are truly sorry for what they have done and can be trusted again? Is the the regret and repentance expressed by those caught up in the scandalous abuses of children by ministers in several denominations over the past years genuine; or are those expressions just panic reactions in the face of public exposure? Things were so much more simple in the times of King Henry IV Le vert gallant who climbed the cliffs of Rocamadour on his knees to visit the Black Madonna in order to perform repentance and to convince the Pope that he really was not a Protestant after all.

 

Only Christ can penetrate the depths of such secrets. His words to the one solitary leper who returned to give thanks convinces us of that: “Your faith has made you well.” The rest were cleansed by Christ, but we hear no more of them. Perhaps they were received by their families, perhaps they were not. But the one grateful leper had something more to offer. He returned to give thanks for his miracle, and his life demonstrated the signs of his thankfulness. His gratitude is a model for us all. A thankful heart and a healed heart go together. By practicing gratitude, by taking nothing for granted but seeing the whole of life as a gift, we will find healing and peace for our souls. In the meantime, Jesus did not withdraw the miracle from the unthankful lepers – neither does he express regret at having healed them. If he does not judge, then neither should we.

 

 

 

 

NJM

 

Le XVIIIe dimanche après la Pentecôte                                                 dimanche 9 octobre 2022

 

Quand j’entends l’histoire des dix lépreux dans l’Évangile de Luc, je suis toujours intrigué par la nature de la guérison ou de la « purification » qu’ils ont reçue des mains de Jésus. J’ai travaillé une fois durant plusieurs semaines dans un hôpital au Nigeria qui servait aussi de léproserie. Les lépreux dans cet hôpital avaient contracté la maladie à une époque où il était encore très difficile de la contrôler avec des médicaments. De ce fait, ils avaient perdu leurs doigts et ceux de leurs pieds. La maladie avait aussi atteint leur nez et leurs oreilles. Leur peau était souvent décolorée, ou couverte de croutes. La lèpre tue les extrémités nerveuses du corps, et de ce fait, ceux qui en souffrent ne peuvent pas ressentir le froid ou le chaud. Ils ne peuvent pas non plus ressentir la douleur que provoque les coupures ou les égratignures. Qu’est ce que Jésus à fait pour les lépreux dans la parabole ? A-t’il simplement fait disparaitre leurs croutes et les décolorations de leur peau, ou bien les a-t-il guéris d’une façon plus spectaculaire ? Est-ce que les doigts de leurs mains et de leurs pieds ont repoussé ? Est-ce que leur nez et leurs oreilles sont retournés à leur état d’origine ?

 

Maintenant, cela peut paraître une façon frivole et même irrespectueuse d’approcher la parabole, si ce n’est que la réponse à cette question a vraiment un rapport direct avec la façon dont ces lépreux guéris auraient été reçus lors du retour dans leurs communautés. Ils auraient eu bien plus de chances d’être accueillis par leurs familles si tous les symptômes visibles de la lèpre avaient complètement disparu : c’est-à-dire si les membres de leur corps avaient repoussé plutôt que s’ils avaient simplement retrouvé de la couleur sur leur peau. Les lépreux étaient souvent traités comme des proscrits de la société. Cette maladie entraine de grandes peurs et de grandes anxiétés quant à sa grave contagiosité (alors que ce n’est pas le cas). Ils ne peuvent pas gagner d’argent de leurs mains, et ils ont souvent été réduits à mendier à la périphérie des villes, comme nous l’avons vu dans la parabole de l’Évangile de Luc. Les lois médiévales les obligeaient à porter des clochettes afin d’alerter les citoyens de leur emplacement. À Manhattan ils étaient obligés de vivre sur Roosevelt Island, isolés du reste de la société. En Afrique, il est fréquent que seuls les missionnaires acceptent volontairement de s’occuper d’eux après leur expulsion de leur village ou de leur ville. S’associer avec un lépreux au temps de la Bible était équivalent à un suicide social.

 

Que s’est-il passé alors, quand ces dix lépreux sont retournés à la société pour apporter la bonne nouvelle à leur famille et leurs voisins ? Je pense qu’il est raisonnable de penser qu’ils ont quand même fait face à beaucoup de méfiance. Les tabous de la société n’auraient pas disparu par miracle du jour au lendemain, malgré la miraculeuse intervention de Jésus. Il n’y a qu’à penser aux réactions récentes face à l’Ébola ou à la variole du singe pour en être convaincus. Il y a de nombreux exemples dans la Bible de la méfiance des communautés face à un miracle apparent. Pour ne donner qu’un exemple, nous nous souvenons tous de la façon dont Paul a été renversé de son cheval par la vue du Christ alors qu’il était en route vers Damas pour tuer encore d’autres Chrétiens. Ananie, le chrétien de Damas à qui il avait été demandé d’accueillir Paul, était au départ très méfiant, « Seigneur, de nombreuses personnes m’ont parlé de cet homme et elles m’ont dit tout le mal qu’il a fait à ceux qui t’appartiennent à Jérusalem. » (Actes 9:13)

 

Peut-être avons-nous raison de nous méfier au premier abord des événements aux airs bouleversants. Comment savons-nous que les lépreux sont réellement purifiés ? Il est bien plus dur d’être convaincus par un évènement bouleversant lorsqu’il n’y a pas de signes externes concrets que l’on peut assimiler comme des preuves. Comment est-ce qu’Ananie de Damas sait que Paul s’est réellement repenti ? Comment savons-nous que les politiciens ou les chefs religieux qui ont été pris en flagrant délit de mauvais comportement sont vraiment désolés de ce qu’ils ont fait et qu’on peut à nouveau leur faire confiance ? Les regrets et la repentance exprimés par les personnes impliquées dans les abus scandaleux commis sur des enfants par des ministres de plusieurs confessions au cours des dernières années sont-ils sincères ou s’agit-il simplement de réactions de panique face à l’exposition publique ?  Les choses étaient tellement plus simples au temps d’Henri IV, Le vert gallant. Pour se repentir et convaincre le Pape qu’il n’était vraiment pas protestant, il avait grimpé la falaise du Rocamadour à genoux pour rendre visite à la Vierge noire.

 

Seul le Christ peut pénétrer les profondeurs de ce type de secrets. Ses mots adressés à ce lépreux revenu seul afin de le remercier nous en convainquent : « ta foi t’a sauvé. » Les autres ont été purifiés par le Christ, mais nous n’entendons plus parler d’eux. Peut-être ont-ils été accueillis par leurs familles, peut-être que non. Mais le lépreux reconnaissant avait quelque chose de plus à offrir. Il est revenu remercier le Christ pour son miracle, et sa vie est l’expression des signes de sa reconnaissance. Sa gratitude est un modèle pour nous tous. Un cœur reconnaissant et un cœur purifié vont de pair. En s’exerçant à la gratitude, en ne considérant rien comme acquis, mais en voyant la totalité de la vie comme un don, nous trouverons la purification et la paix de nos âmes. En attendant, Jésus n’a pas annulé le miracle des lépreux qui n’ont pas exprimé leur gratitude – de même, il n’a pas exprimé de remord quant à leur guérison. Alors, s’il ne juge pas, nous non plus, ne devrions pas juger.

 

NJM Ver. FR : FS