Le 2e dimanche de Pâques le 16 avril 2023
Comment étaient vraiment les disciples ? Quel était leur caractère ? Les récits des Évangiles, et même des Actes des Apôtres, ne nous en donnent pas vraiment une image tridimensionnelle. Je serais bien en peine de vous raconter l’histoire de « l’autre » Judas ou de Nathanaël/Barthélemy. Matthias, le disciple choisi pour remplacer Judas, n’est mentionné qu’une seule fois, à l’occasion de son élection dans les Actes 1:24-25. Même les disciples les plus connus, comme Simon le Zélote ou Philippe, semblent se mélanger dans nos mémoires. Les seuls qui se distinguent vraiment sont les disciples qui ont une histoire particulière associée à eux, ou qui ont reçu un surnom. Nous nous souvenons probablement de Thomas, « celui qui ne croit que ce qu’il voit ». Nous pouvons nous représenter le disciple Jean – « celui que Jésus aimait ». Et bien sûr, Judas, qui est probablement plus notoire que célèbre. Le seul disciple qui émerge des Évangiles avec un caractère très distinctif est Pierre. Nous le rencontrons pour la première fois au bord de la mer de Galilée, en train de trier ses filets de pêche. Nous entendons parler de sa maison et de sa mère. Il assiste à la transfiguration du Christ sur le mont Thabor. En redescendant de la montagne, il est réprimandé par Jésus parce qu’il ne veut pas que Jésus aille à Jérusalem et affronte une mort certaine. Il s’endort dans le jardin de Gethsémané pendant que Jésus prie, puis tente de défendre Jésus avec une épée lorsque des soldats viennent l’arrêter. Nous le voyons dans la cour de la maison du grand prêtre, reniant Jésus à trois reprises. Nous le voyons courir vers le tombeau pour voir s’il est vraiment vide. Nous le voyons à nouveau au bord de la mer de Galilée, pardonné et restauré par Jésus ressuscité. Il apparaît comme un personnage plutôt tumultueux – peut-être pas stable à cent pour cent. S’il vous demandait de rédiger une lettre de recommandation pour son travail, vous devriez peut-être réfléchir sérieusement à la manière de mettre l’accent sur ses points forts sans donner l’impression qu’il est difficile de travailler avec lui. Tout cela m’amène parfois à me demander si les disciples se seraient reconnus dans les portraits que les auteurs des Évangiles ont fait d’eux.
Mais ce n’est pas seulement dans les Évangiles que Pierre apparaît. Il est le personnage principal du début des Actes des Apôtres. Au chapitre 2, Pierre prononce le premier sermon de l’histoire chrétienne. Et quel sermon ! Il est prononcé devant plus de trois mille personnes de nationalités différentes, toutes rassemblées dans la ville de Jérusalem. C’est le même homme qui, un jour auparavant, s’était caché dans une pièce fermée à clé avec les autres disciples parce qu’ils craignaient la foule.
Il semble y avoir un monde de différences entre le disciple effrayé qui a renié Jésus trois fois, et le disciple audacieux qui sort dans la rue devant une foule immense pour proclamer le nom de Jésus et la bonne nouvelle de la résurrection. Mais comme nous tous, Pierre contenait en lui un monde de contradictions. Il était tantôt courageux, tantôt craintif. Il était tantôt sage, tantôt insensé. Tous ces traits de caractère étaient des aspects de la personnalité de Pierre, et chacun d’entre eux est touché et transformé par la puissance de la résurrection.
Lorsque le Christ vient, lorsque la puissance de la résurrection se manifeste dans nos cœurs, nous sommes appelés à rencontrer notre vrai moi – dans toutes ses contradictions. Une partie de cette rencontre impliquera de faire face à nos pires peurs. Il est peut-être vrai que Dieu, dans sa grâce, nous a rendus incapables de nous voir tels qu’il nous voit lui-même, qu’il s’agisse de nos bons ou de nos mauvais côtés. Si cette connaissance arrivait d’un seul coup, nous ne pourrions pas la supporter. C’est pourquoi Paul dit que ce n’est qu’au ciel que nous nous connaîtrons nous-mêmes comme Dieu nous connaît déjà. En attendant, la mort et la résurrection du Christ sont une sorte de vue sur cette connaissance. Nous devons passer par le pire et le meilleur de ce que le monde peut faire, par la maladie, la dépression ou le deuil, par l’amour, la passion ou la joie, et la passion du Christ nous aidera à affronter nos pires démons et permettra à la résurrection de se produire à l’endroit même où les ténèbres sont les plus profondes.
Nous sommes tentés de croire que la résurrection n’a rien à voir avec le côté sombre de nous-mêmes ; il s’agit plutôt d’accentuer le positif et de « voir le bon côté des choses ». Mais la puissance de la résurrection réside précisément dans le fait qu’elle transforme chaque partie de notre personnalité, comme elle l’a fait pour Pierre. La résurrection transforme les expériences les plus terribles de notre vie en des lieux où l’amour peut régner en maître. C’est ce qui rend le temps de Pâques si spécial. Ce n’est pas seulement la joie du matin de Pâques. C’est la saison de cinquante jours, au cours de laquelle nous apprenons à vivre dans la lumière qui jaillit du tombeau vide.
NJM Ver. Fr. FS
EASTER II
April 16, 2023
Acts 2 :14-32 I Peter 1 :3-9 John 20 :19-31
What were the disciples really like? What sort of characters did they have? We don’t get much of a three-dimensional picture of them in the Gospel narratives, or even in the Book of the Acts of the Apostles. I’d be hard pressed to tell you any story associated with the ‘other’ Judas or Nathaniel/Bartholomew. Matthias, the disciple that was chosen to replace Judas, is only mentioned once, on the occasion of his election in Acts 1:24-25. Even the more well-known disciples like Simon the Zealot or Philip all seem to blend together in our memories. The only ones who truly stand out are the disciples who have a distinctive story associated with them, or who have been given a nickname. We can probably remember ‘doubting’ Thomas. We can picture to ourselves the disciple John – “the one whom Jesus loved”. And of course, Judas, who is probably more notorious than famous. The one disciple who emerges from the Gospels with a very distinctive character is Peter. We meet him for the first time by the Sea of Galilee, sorting out his fishing nets. We hear a little bit about his house and his mother. He witnesses Christ’s Transfiguration on Mount Tabor. On the way back down from the mountain, he is rebuked by Jesus because he doesn’t want Jesus to go to Jerusalem and face certain death. He falls asleep in the garden of Gethsemane while Jesus is praying; and then tries to defend Jesus with a sword when soldiers come to arrest him. We see him in the courtyard of the High Priest’s house, denying Jesus three times. We see him running to the tomb to see if it is really empty. We see him once again by the Sea of Galilee, forgiven and restored by the risen Jesus. He emerges as rather a tempestuous character – perhaps not one hundred percent stable. If he asked you to write a job reference for him, you might find it necessary to think hard about how you would focus on his strong points without making him sound rather difficult to work with. All of this sometimes makes me wonder if the disciples would have recognized themselves from the portraits drawn of them by the Gospel writers.
But it is not only in the Gospels that Peter makes his appearance. He is the main character at the beginning of the Acts of the Apostles. In chapter two, Peter delivers the first recorded sermon in Christian history. And what a sermon! It is delivered before more than three thousand people of many different nationalities, all gathered together in the City of Jerusalem. This is the same man who – just one day before – had been hiding in a locked room with the other disciples because they were afraid of the crowds.
There seems to be a world of difference between the scared disciple who denied Jesus three times, and the bold disciple who goes out into the streets in front of a huge crowd to proclaim Jesus’ name and the good news of the resurrection. But just like the rest of us, Peter contained within himself a world of contradictions. Sometimes he was brave, and sometimes fearful. Sometimes he was wise, and sometimes he was foolish. All of these character traits were aspects of Peter’s personality, and each one of them is touched and transformed by the power of the resurrection.
When Christ comes, when the power of the resurrection dawns in our hearts, we are called to meet our true selves – in all their contradictions. Part of that meeting will involve facing up to our worst fears. Perhaps it’s true that God in his grace has made us incapable of seeing ourselves as He Himself sees us – whether such an insight might be into our good or our bad sides. If such knowledge came all at once, it would be too much for us to bear. That is why Paul says that it will be only in heaven that we shall know ourselves as God already knows us. In the meantime, the death and resurrection of Christ are a sort of window into that realization. We have to pass through the worst and the best that the world can do; through illness or depression or bereavement; though love or passion or joy, and the passion of Christ will help us to face our worst demons, and allow the resurrection to happen in the very place where the darkness is at its most profound.
We are tempted to believe that the resurrection has nothing to do with the darker side of ourselves; it is all about accentuating the positive and ‘looking on the bright side’. But the power of the resurrection resides precisely in the fact that it transforms every part of our personalities – just as it did for Peter. The resurrection makes the most terrible experiences of our lives into places where love is able to reign supreme. That is what makes the Easter season so special. It isn’t just the joy of Easter morning. It is the season of fifty days, when we learn to live in the light that streamed from the empty tomb.
NJM