Fifth Sunday after Epiphany

February 9,2020

Isaiah 58:I-12 I Corinthians 2:I-16 Matthew 5:13-20

In the early 1600’s, the Puritan colonists of New England thought very highly of themselves indeed. One of their leading lights was the preacher John Winthrop, who preached a sermon in 1630 entitled “A Model of Christian Charity.” He warned his congregation that the world would be watching them, because they would be like ‘a city upon a hill’. He drew on the imagery of salt and light taken from the Sermon on the Mount, which is today’s reading from Matthew’s Gospel.

“We must consider that we shall be as a city upon a hill. The eyes of all people are upon us. So that if we shall deal falsely with our God in this work we have undertaken, and so cause Him to withdraw His help from us, we shall be made a story and a byword through the world… We shall shame the faces of many of God’s worthy servants, and cause their prayers to be turned into curses upon us, till we will be consumed out of the good land whither we are going.”

John Winthrop reminded his hearers that they were nothing less than God’s last best hope to represent Him on earth; and that the American colonies were the place where this great demonstration of God’s righteousness and sovereignty would take place. He believed that the colony should survive and thrive economically and morally; and that if it didn’t it would bring shame on God himself.

The Puritan community didn’t always practice the love towards one another that Winthrop was trying to recommend. Those same Puritans are not usually remembered for being particularly charitable or tolerant towards those who believed differently than they did. Perhaps it is a good thing that we no longer live in a society that sees itself as a Christian utopia in the making; although there are still many Christians who long for it, or lobby the government in Washington to bring it back. And so the debate the Puritans started continues in our day. Does anyone have the right to establish a universal Christian society by passing laws that are imposed on other people? Should our so-called Christian morality be a legal mandate, or only a recommendation?

I think that is one of the questions that make this passage so hard to preach about. When we hear Jesus telling us that we are the salt and light of the world, we are tempted – just like Winthrop – to believe that he is calling us to become a sort of blueprint for a perfected humanity. Even more dangerously, people who read the passage in this way would maintain that we alone have the capacity or the right to be that blueprint, because Jesus has called us – and no one else – to do that job. After all, in the same passage he tells us that our righteousness should exceed the righteousness of the Pharisees (the religious and legal authority of the day); so we are in fact called to be better than anyone else.

Perhaps we end up reading the passage in this way because we read it independently and not as a part of the sayings that come before it. The Bible was not divided into verses until the early 1500’s, and one of the problems that results from this division is that we tend to see passages in isolation instead of part of a flow. Just before today’s reading, Jesus has been talking about persecution – not about moral triumphalism. When he formulates the beatitudes, he does not say; “Blessed are the morally pure.” He does not say, “Blessed are the financially successful”. He equates those who are the salt and light of the world with the humble and with people in mourning. He says that the salt of the earth are the people who thirst to do what is right. He describes those who are the light of the world as the people who are merciful and pure in heart; the people who seek after peace. He tells us that if we are the salt and light of the world, we will be persecuted: “Blessed are you when people insult you and persecute you, and falsely say all kinds of evil against you because of me. Rejoice and be glad, for your reward in heaven is great; for in the same way they persecuted the prophets who were before you.

Many people have seen Christians as interfering do-gooders, and perhaps our reputation is well deserved. But it is not what Jesus meant when he called us the salt and light of the world. We try to remain faithful to the light that Jesus has kindled in our hearts. That faithfulness occasionally means that we end up throwing light on good and evil in a world where both exist side by side. We sometimes have to bring out the flavor of goodness or evil in a world that contains both. Both of these sayings underline the fact that the church should not be in the business of judging the world. Jesus reminded us in the Sermon on the Mount that we are here not to judge the world but to serve it.

NJM

 

Cinquième dimanche après l’Épiphanie                                                                                  9 février 2020

Au début des années 1600, les colons Puritains de la Nouvelle Angleterre avaient plutôt une haute opinion d’eux-mêmes. Une de leurs figures phares était le prêcheur John Winthrop qui a prêché en 1630 un sermon intitulé « Un Modèle de Charité Chrétienne ». Il y avertissait sa congrégation que le monde aurait les yeux sur elle, car elle serait comme « une ville au sommet d’une colline ». Il s’est servi de l’image du sel et de la lumière que nous retrouvons aujourd’hui dans la lecture de l’Évangile de Matthieu, et qui est tirée du Sermon sur la Montagne.

« Nous devons considérer que nous serons une ville au sommet d’une colline. Les yeux de tous seront sur nous. Et si, dans cette tâche que nous avons entreprise, nous ne faisons pas correctement notre part pour notre Dieu et qu’alors Il nous abandonne et nous ôte son appui, nous serons la risée et l’opprobre de tous dans le monde… Nous ferons honte à bien des dignes serviteurs de Dieu dont les prières se transformeront en malédictions contre nous, jusqu’à ce que nous soyons dépossédés de toute bonne terre là où nous nous rendons. »

John Winthrop a rappelé à son auditoire qu’ils n’étaient rien moins que le meilleur espoir pour Dieu de Le représenter sur cette terre et que les colonies américaines étaient l’endroit où seraient le mieux démontrées la droiture et la souveraineté de Dieu. Il était sûr que leur colonie allait survivre et prospérer économiquement et moralement ; et que, si par malheur ce n’était pas le cas, Dieu lui-même en serait couvert de honte.

La communauté puritaine ne montrait pas toujours cet amour pour les autres que Winthrop recommandait. On ne se souvient guère de ces Puritains comme étant particulièrement charitables et tolérants envers ceux qui avaient des croyances différentes des leurs. Peut-être est-il mieux que nous ne vivions pas dans une société qui se voit comme une utopie chrétienne en train de se créer. Quoique de nombreux chrétiens en ont encore la nostalgie et font pression sur le gouvernement à Washington pour la faire revenir. Ainsi le débat que les Puritains ont entamé à l’origine continue encore de nos jours. Qui a le droit d’établir une société chrétienne universelle en faisant passer des lois qui sont imposées à d’autres personnes ? Notre soi-disant moralité chrétienne doit-elle être un mandat légal ou simplement une recommandation ?

Voilà bien l’une des questions qui rend ce passage si difficile à prêcher. Quand nous entendons Jésus nous dire que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde, nous sommes tentés – tout comme Winthrop – de croire qu’il nous appelle à être une sorte de modèle pour une humanité accomplie. Et, ce qui serait encore plus dangereux, que ceux qui lisent ce passage pourraient alors dire que nous sommes les seuls à être capables ou à avoir le droit d’être ce modèle, parce que Jésus nous a appelés – et personne d’autre – pour faire cette tâche. Après tout, dans ce même passage, il nous dit que notre vertu devrait même dépasser celle des Pharisiens (l’autorité légale et religieuse de ce temps-là). D’où l’on peut estimer que nous valons mieux que n’importe qui d’autre.

Peut-être est-ce là la façon de comprendre ce passage quand on le lit de façon isolée et non pas comme une partie de ce qui précède. La Bible n’a pas été découpée en versets avant le début des années 1500 et l’un des problèmes qui en résulte est que nous avons tendance à lire des passages isolés au lieu de les prendre comme une suite ininterrompue. Juste avant la lecture d’aujourd’hui Jésus parlait de la persécution – et non pas d’un triomphalisme moral. Quand il évoque les Béatitudes, il ne dit pas : « Heureux ceux qui sont purs moralement » ou bien « Heureux ceux qui réussissent financièrement ». En fait ceux qui sont le sel et la lumière du monde sont ceux qui sont humbles et qui ont le cœur triste. Il dit que le sel de la terre c’est ceux qui sont avides de faire ce qui est juste. Il décrit ceux qui sont la lumière du monde comme des gens généreux et purs de cœur ; ceux qui recherchent la paix. Et il nous dit que si nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde, alors nous serons persécutés : « Heureux serez-vous quand les hommes vous insulteront et vous persécuteront, lorsqu’ils répandront toutes sortes de calomnies sur votre compte à cause de moi. Oui, réjouissez-vous alors et soyez heureux, car une magnifique récompense vous attend dans les cieux. Car vous serez ainsi comme les prophètes d’autrefois : eux aussi ont été persécutés avant vous de la même manière. »

Beaucoup voient les chrétiens comme des bien-pensants plutôt gênants et peut-être cette réputation est-elle méritée. Mais ce n’est pas ce que Jésus voulait dire lorsqu’il nous appelait le sel et la lumière du monde. Nous essayons de demeurer fidèles à la lumière que Jésus a allumée dans nos cœurs. Cette fidélité peut faire en sorte que parfois nous jetions la lumière à la fois sur le bien et sur le mal dans un monde où tous deux existent côte à côte. Nous devons parfois mettre en évidence la saveur de ce qui est bon ou mal dans un monde qui contient les deux. Ces deux affirmations ne font que souligner le fait que l’Église ne devrait pas se préoccuper de juger le monde. Jésus nous a rappelé dans le Sermon sur la Montagne que nous ne sommes pas ici pour juger le monde mais pour le servir.

NJM Ver. Fr. FS